Le CDPSF en déficit

Par Christine Bouthillier | 1 juin 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Son conflit avec la Chambre de la sécurité financière a beau être enfin terminé, le Conseil des professionnels en services financiers (CDPSF) ne semble pas au bout de ses peines. Ses plus récents états financiers montrent un déficit et il sera privé l’an prochain d’une importante source de revenus.

Les plus récents états financiers du Conseil (au 31 mars 2017) indiquent en effet un manque à gagner de 221 160 $, selon un avis réalisé par Deloitte, qu’on peut consulter ici. L’ensemble des revenus totalisent 488 083 $, contre 709 243 $ en dépenses, montre le document déposé jeudi le 1er juin lors de l’assemblée générale de l’organisation, tenue en Beauce.

Le CDPSF se retrouvera bientôt privé d’une source capitale de revenus : les contributions que devait lui verser la Chambre de la sécurité financière (CSF) jusqu’en 2017. Rappelons que le Conseil est le produit du regroupement des anciennes sections régionales de la CSF. Selon le protocole qui liait les deux parties, la Chambre devait fournir un soutien financier au CDPSF de 1,8 M$ sur trois ans.

Ce protocole a pris fin en décembre dernier après plus d’un an de conflit entre les deux parties. On peut constater dans les états financiers 2017 que la Chambre a remis 203 825 $ au CDPSF, montant qui inclut tant sa contribution déjà prévue (101 860 $) qu’un montant forfaitaire versé lors de la résiliation de l’entente (101 965 $). Il s’agit d’une baisse importante en comparaison avec 2016, où cette contribution s’élevait à 750 948 $, pour des revenus totaux de 1 039 256 $ pour le Conseil et des dépenses de 846 634 $.

En octobre, son PDG Mario Grégoire affirmait à Conseiller que la Chambre devait toujours 218 035 $ à son organisation. Le montant finalement versé est donc légèrement en-deçà de cette somme. Lors de la résiliation de l’entente, M. Grégoire assurait que le règlement permettrait au CDPSF d’assurer sa pérennité. En est-il satisfait?

« Les détails de l’entente finale conclue entre le Conseil et la CSF ne nous permettent pas de commenter », indique-t-il dans un courriel.

Outre la contribution de la CSF, la formation est le nerf de la guerre pour le Conseil, apportant 217 034 $ dans la colonne des revenus en 2017. De leur côté, les principaux postes de dépenses sont les frais généraux, ce qui inclut les dépenses juridiques engagées lors du conflit avec la Chambre (168 872 $), les salaires et charges sociales (155 501 $) et la formation (148 404 $).

ASSURER L’AVENIR

Placé devant ce déficit, comment le CDPSF entend-il poursuivre ses activités sans l’apport de la Chambre?

« Le Conseil assurera sa pérennité par l’entremise de son membership et de son offre de formation. Il est tout à fait aligné sur son plan de match », affirme M. Grégoire.

Au chapitre du nombre de membres, le CDPSF en compte tout près de 11 000, contre 4 414 en octobre dernier. Il s’agit d’une nette progression en quelques mois. Comment réussir à atteindre les 32 000 membres de la CSF?

« Compte tenu des lois applicables en matière de protection des renseignements personnels, nous n’avons pas accès [à leurs] coordonnées », expliquait cet automne Mario Grégoire.

Ne s’attendant pas à recevoir la liste de la CSF, le Conseil compte plutôt se positionner « comme association sectorielle forte, en proposant un éventail de formations solides et alignées sur les besoins de ses membres ».

« Nous sommes convaincus que le rapport qualité/prix de notre offre de service représente notre meilleur argument », ajoute-t-il.

Le CDPSF a en effet mis sur pied cette année un programme de formation complet pour toutes les catégories d’inscription et lancé le Conseil en direct, qui propose des web diffusions. Quatre formations ont justement été présentées jeudi, dans le cadre de la toute première Journée de la Santé financière du Conseil, tenue en marge de son assemblée générale.

L’organisation a également conclu en octobre une entente avec Desjardins pour offrir de la formation à ses conseillers. Difficile toutefois de savoir où en est ce projet.

« Le Conseil ne peut dévoiler ce genre d’information. Cela appartient à nos membres. Cependant, l’annonce du mois d’octobre n’a ni été improvisée ni prise à la légère », souligne M. Grégoire.

UN PLAN STRATÉGIQUE EN CINQ POINTS

Pour assurer son avenir, le conseil d’administration du CDPSF a également adopté au début de l’année son plan d’affaires, qui se poursuit jusqu’en 2020 et s’attaque à cinq grands axes :

  • Gouvernance
  • Gestion de l’offre
  • Gestion des finances
  • Développement technologique
  • Gestion des membres

L’objectif est notamment de gérer une base de données détaillée sur les membres afin de segmenter les services et de développer des activités qui répondent aux besoins de chaque type de clientèle. Un programme de mentorat et de relève, un programme de référencement, ainsi que le développement d’outils d’accompagnement tels que l’Indice de santé financière, une application d’autodiagnostic financier, sont notamment au menu.

Une attention particulière sera portée à la profitabilité, notamment par le développement d’objectifs et d’indicateurs financiers par segment de marché.

CHANGEMENTS À LA GOUVERNANCE

L’assemblée de jeudi a aussi été l’occasion pour les membres du CDPSF d’adopter de nouveaux règlements généraux, notamment en matière de gouvernance.

Le fait que le directeur général Mario Grégoire était aussi président du conseil d’administration a souvent été critiqué. Les deux rôles ont finalement été scindés en janvier, lorsque Gilles Pellerin a accédé à la présidence du CA, alors que M. Grégoire est devenu PDG.

Cette séparation des titres a été officialisée dans les nouveaux règlements, où la phrase « Un administrateur peut également être dirigeant du CDPSF » a été rayée. Les dirigeants demeurent élus par le CA, à l’exception du PDG, qui lui est nommé par le conseil d’administration pour une période de trois ans. Il assiste aux réunions du CA, mais n’y a pas le droit de vote.

« Pour des considérations de gouvernance, le conseil d’administration a jugé opportun de se concentrer sur les orientations et d’affecter la direction générale aux opérations », explique Mario Grégoire.

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Christine Bouthillier

Titulaire d’un baccalauréat en science politique et d’une maîtrise en communication de l’Université du Québec à Montréal, Christine Bouthillier est journaliste depuis 2007. Elle a débuté sa carrière dans différents hebdomadaires de la Montérégie comme journaliste, puis comme rédactrice en chef. Elle a ensuite fait le saut du côté des quotidiens. Elle a ainsi été journaliste au Journal de Montréal et directrice adjointe à l’information du journal 24 Heures. Elle travaille à Conseiller depuis 2014. Elle y est entrée comme rédactrice en chef adjointe au web, puis est devenue directrice principale de contenu de la marque (web et papier) en 2017, poste qu’elle occupe encore aujourd’hui.