Le club TIGER 21 s’amène à Montréal, nouvelle menace pour les conseillers ?

5 août 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Un club américain réservé aux investisseurs qui désirent échanger sur leurs stratégies et expériences d’investissement débutera ses activités à Montréal au début de 2011. Doit-on voir là une menace qui risque d’inciter des investisseurs à court-circuiter leur conseiller financier et tenter de se lancer seul dans l’aventure boursière?

Probablement pas.

Parce que ce que nous avons oublié de vous dire, c’est que ce club est réservé aux investisseurs de haut niveau, qui ont au moins 10 millions de dollars de placés ici et là.

Le club TIGER 21, un acronyme de The Investment Group for Enhanced Results in the 21st Century est né à New York en 1999, et a depuis étendu ses activités à San Francisco, Los Angeles, Miami et San Diego. Il fera son apparition au Canada à Vancouver, Calgary, Toronto et Montréal au début de 2011.

La communauté des conseillers financiers refuse d’y voir une menace à leurs activités, rapporte le magazine Advisor. Mais il subsiste quelques suspicions.

La prémisse de base du club est d’aider ses membres à bâtir des habiletés qui en feront plus que des entrepreneurs, mais des gestionnaires de fonds responsables. Pour y arriver, on organise notamment des réunions mensuelles au cours desquelles les membres sont appelés à partager leurs expériences, expertises et stratégies.

Si ces rencontres entres investisseurs peuvent générer de nouvelles idées, elles peuvent aussi semer le doute entre ces fortunés sur les compétences de leurs conseillers. Voilà le nœud de l’affaire. Ce club pourrait-il avoir des impacts négatifs sur les affaires des conseillers?

«TIGER 21 est pour le moment trop petit, trop dispendieux, et pas assez éprouvé pour être considéré comme un risque pour les conseillers», croit Mike Macdonald, vice-président chez Weigh House Investor Services.

Le club privilégie selon lui le réseautage entre investisseurs qui ont les mêmes préoccupations que les stratégies d’investissement.

«Plusieurs de nos membres voient leur appartenance à TIGER 21 comme l’une des expériences d’apprentissage les plus enrichissantes et productives de leur vie adulte», a expliqué à Advisor le président de TIGER 21, Jonathan Kemper.

Il rejette les craintes de compétitions entre son club et les conseillers, disant que les deux partagent une relation étroite aux États-Unis.

«Les conseillers en valeurs les plus compétents ont vu leurs affaires croître substantiellement grâce à leurs clients membres de TIGER 21 qui les recommandent aux autres», ajoute M. Kemper.

«Un conseiller qui est référé dans ce club en profitera. Un bon conseiller pour les clients de haut niveau travaille toujours par référencement de toutes façons», abonde dans le même sens Richard Knowles de R. Knowles & Associates à Vancouver.

«On va supporter n’importe quel groupe qui a pour mission l’éducation des investisseurs», renchérit Mike Macdonald, qui rappelle que personne ne peut donner de conseil en matière de sécurité financière sans détenir de certificat le lui permettant.

Il se fait toutefois plus pessimiste à l’égard des plus petits conseillers qui peinent déjà à se tailler une place dans un marché très compétitif.

«TIGER 21 est une menace pour les conseillers qui ne prennent pas le temps de comprendre les besoins et inquiétudes de leur clientèle», dit M. Macdonald.

Il considère cependant que le risque serait plus grand si se formaient plusieurs clubs du même type regroupant toutefois des investisseurs plus conventionnels.

Qui peut donc faire partie de TIGER 21?

De très gros investisseurs, qui en plus d’avoir 10 millions investis, sont prêts à payer des frais d’adhésion annuels de 30 000 $…

Aux États-Unis, ils ne sont que 140 membres, qui totalisent des placements de 10 milliards.

TIGER 21 précise qu’au Canada, il y a de la place pour le club, puisqu’il y a chez nous 30 000 canadiens qui ont des placements valant plus de 10 millions de dollars.

«Vancouver, Calgary, Montréal et Toronto sont aussi sophistiquées, financièrement et sur les autres plans que n’importe quelle ville américaine. En étendant nos activités au Canada, nous sommes confiants de pouvoir aider les membres canadiens à obtenir les mêmes apprentissages et opportunités que leurs vis-à-vis américains», affirme Jonathan Kemper, qui croit que les frais d’adhésions astronomiques valent amplement les retombées de ce membership au club.

Ce qui laisse Mike Macdonald perplexe.

«Les investisseurs peuvent obtenir des services de gestion de portefeuille pour bien moins cher, et en compagnie de personnes beaucoup plus professionnelles. Le type d’investisseur potentiellement attiré par TIGER 21 a déjà plusieurs gestionnaires à son service et a une bonne idée de la valeur des conseils qu’ils reçoit», opine-t-il.

Car les conseillers le savent bien, le moindre coût d’opération demeure toujours un point sensible même pour les investisseurs de ce calibre.

«Je suis ouvert et transparent à propos des frais et je dis à mes clients comment fonctionne ma structure de rémunération en fonction des options à leur disposition. Je ne manque jamais une opportunité de parler à mes clients de la valeur de mes services. Il n’y a rien de mal à ce qu’un conseiller soit payé pour son travail et son expertise, en autant que le client sache ce pourquoi il paye et puisse en apprécier la valeur», explique Curt Hanselmann, un conseiller de Calgary.

«Mais la majorité des investisseurs de haut niveau ne sont pas démesurément inquiets de tels détails tant et aussi longtemps que les résultats sont bons. La différence minime entre les coûts facturés par une firme par rapport à une autre sont négligeables si un conseiller a une relation de confiance avec ses clients, des résultats constants et de bons conseils en matière d’impôts, légale, en assurance et autres sujets importants», avance Richard Knowles.