Le coffre à outils d’une bonne planification fiscale de la retraite

Par Denis Méthot | 7 octobre 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Simon Beauchemin est formateur en planification de la retraite au Centre québécois de formation en fiscalité. Photo : Denis Méthot

Au Québec, des dizaines de milliers de baby-boomers sont déjà à la retraite et des centaines de milliers d’autres iront les rejoindre au cours des prochaines années. Sur quels revenus pourront-ils compter? Quelles sont les bases d’une bonne planification fiscale?

Simon Beauchemin, formateur en planification de la retraite au Centre québécois de formation en fiscalité (CQFF), a livré ses conseils et les plus récentes mises à jour sur ces questions lors de la conférence finale du colloque Question Retraite 2014 jeudi.

Selon cet expert, une planification efficace repose sur trois actions : DÉDUIRE en maximisant les déductions et crédits d’impôt; DIFFÉRER en étalant ses revenus dans le temps; DIVISER en fractionnant les revenus avec les membres de la famille.

Il voit six facteurs à considérer dans la planification fiscale : les objectifs d’épargne, la capacité de prendre certains risques, la nature des liens familiaux, l’importance accordée aux héritiers, la situation financière personnelle, ainsi que les revenus et besoins futurs de la personne.

Les « deux B »

« La première chose que doit faire votre client, et vous pouvez peut-être l’aider à le faire, c’est de procéder aux devoirs fondamentaux que forment les deux B : le bilan et le budget, dit ce spécialiste. Le bilan va lui permettre de bien connaître sa situation financière et, s’il est en couple, ce que détient chaque conjoint, l’ensemble des actifs qu’ils possèdent, l’état de leurs dettes et élaborer un scénario pour les rembourser. »

« On a aussi l’obligation de faire un budget quand notre situation financière est modifiée de façon importante, comme c’est le cas lors du passage à la retraite, ajoute-t-il. La fin de carrière va probablement signifier une baisse importante des revenus, mais également une baisse marquée des dépenses, comme les frais de déplacement au travail, l’habillement, les repas, ainsi qu’une diminution des retenues à la source, telles que le régime de retraite, l’assurance-emploi, les cotisations syndicales, les assurances collectives, etc. »

Maximiser l’encaissement du RRQ

Plus on retarde l’encaissement du Régime de rentes du Québec et plus il se fait généreux. Si le retraité s’en prévaut à 60 ans, il va toucher au maximum 727 $ par mois (70 %) s’il est né avant 1954, mais 708 $ (68,2 %) s’il a vu le jour après 1953. Mais s’il attend l’âge de 65 ans, il recevra un chèque de 1038 $ et s’il patiente jusqu’à 70 ans, 1474,43 $ par mois (142 %).

Qu’il choisisse la première ou la deuxième option, le montant qu’il aura encaissé à l’âge de 76 ans sera le même. Dans ces conditions, pourquoi ne pas le réclamer dès l’âge de 60 ans?

« Pour une raison très simple, répond Simon Beauchemin. Si vous avez attendu 65 ans, vous recevrez 1038 $ indexés le reste de vos jours, alors que si vous l’avez pris à 60 ans, vous ne recevrez jamais plus que 708 $, plus l’indexation. Comme l’espérance de vie des Québécois et Québécoises frôle ou atteint les 85 ans, c’est un aspect important à considérer. »

Tirer le meilleur de la pension

La pension de sécurité de la vieillesse (PSV) fédérale accorde actuellement 559 $ par mois à compter de 65 ans, mais les gens nés après 1987 devront patienter jusqu’à 67 ans pour y avoir droit. Cette mesure entrera graduellement en vigueur entre 2023 et 2029.

Les contribuables dont le revenu annuel dépasse 71 592 $ peuvent s’attendre à rembourser une partie de leur pension fédérale et en totalité si leur revenu dépasse 116 312 $.

Nouveauté cette année, le citoyen qui attend après 65 ans pour encaisser sa pension fédérale verra son chèque bonifié de 7,2 % par mois pour chaque année reportée, ce qui n’existait pas dans le passé, rappelle Simon Beauchemin. Si elle est demandée à 70 ans, le retraité recevra 136 % de sa valeur de base. Les montants encaissés à 65 ans ou des années plus tard s’équivalent à 84 ans, ce qui correspond à l’espérance de vie au Canada.

Revenus de sources privées et personnelles

Les revenus privés de retraite peuvent provenir de plusieurs sources : fonds de pension de l’employeur, régime volontaire d’épargne-retraite (RVER), compte de retraite immobilisé (CRI), allocation de retraite.

Pour leur part, les revenus de sources personnelles proviendront des REER/FERR et CELI, ainsi que des revenus de placement non enregistrés tels que les intérêts, les dividendes et le gain en capital.

Les avantages du CELI

Comme d’autres experts en planification, Simon Beauchemin a un faible pour le CELI. Contrairement au REER, la cotisation n’est pas déductible d’impôt, mais le produit offre beaucoup d’avantages. Depuis 2013, la cotisation maximale annuelle s’établit à 5 500 $, ce qui permet de mettre au total 31 000 $ à l’abri du fisc. Les droits inutilisés de cotisation sont reportables aux années suivantes. Toutefois, les cotisations excédentaires sont assujetties à un impôt de 1 % par mois, donc 12 % par année. Il faut donc éviter de cotiser plus qu’il n’est permis.

Tout transfert de placements personnels dans un CELI doit se faire à la juste valeur marchande avec les conséquences fiscales. Les retraits en capital et rendement sont autorisés en tout temps, sans justification et sans incidence fiscale. Les montants soustraits s’ajoutent aux droits inutilisés pour un montant équivalent, mais il faut attendre l’année suivante pour les déposer, sinon on s’expose au risque d’être pénalisé. Si les revenus de placement dans un CELI ne sont jamais imposables, en revanche, les pertes en capital ne sont jamais déductibles.

Au décès, les placements détenus dans un CELI pourront être transférés au CELI du conjoint même si le défunt avait cotisé au maximum et que le survivant en avait fait autant de son côté.

GAIN EN CAPITAL
Imposition Exemption pour résidence principale
Excédent du prix de vente d’un bien sur son prix de base rajusté (PBR) Vise la maison, le chalet, le condo en Floride, sauf si l’immeuble génère du revenu locatif
Portion qui doit faire partie du revenu imposable : 50% Désignation dans l’année de la disposition : une résidence par couple, par année de possession
PERTE EN CAPITAL
Déduction
À l’encontre du gain en capital imposable de l’année courante
Reportable contre le gain en capital imposable des trois années précédentes, le reste contre le gain en capital imposable des années futures
Contre tout revenu dans l’année du décès ou dans l’année précédente

Conseiller au colloque Question Retraite :

Denis Méthot