Le cru 2017 s’annonce bon pour les investisseurs

Par La rédaction | 27 juin 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Si le premier semestre 2017 a été mouvementé sur le plan politique, notamment aux États-Unis, en France et en Grande–Bretagne à la suite d’élections, les grandes catégories d’actifs ont pour leur part affiché de solides performances, selon une récente note de synthèse de Desjardins.

Son auteur, Mathieu D’Anjou, relève que les Bourses étrangères ont « particulièrement bien fait, profitant, entre autres, d’un affaiblissement du billet vert », et que la forte progression des profits a également été « encourageante » en ce qui concerne les perspectives boursières.

L’économiste principal du Mouvement ajoute que la Bourse canadienne a « sous-performé au cours des derniers mois, mais un certain rattrapage paraît maintenant probable », tandis que le marché obligataire « a encore impressionné par sa résilience », même si les prochains mois « pourraient être plus difficiles pour cette catégorie d’actifs ».

LES RENDEMENTS SONT AU RENDEZ-VOUS

Malgré les tensions géopolitiques au Moyen-Orient et en Corée, de même que l’affaiblissement du gouvernement britannique à la suite d’élections qu’il a remportées de justesse, ce qui risque de compliquer davantage les négociations sur le Brexit, plusieurs catégories affichent une très bonne performance à l’approche de la mi-année, souligne Mathieu D’Anjou.

En particulier, les Bourses d’outre-mer ont bondi alors que l’indice MSCI EAFE a rapporté un rendement total de près de 15 % depuis le commencement de 2017. La Bourse américaine a aussi continué de faire mentir les pessimistes, ce qui a incité la Réserve fédérale à poursuivre son resserrement monétaire. Si l’analyste dit ne pas être surpris de ces bons résultats, il admet néanmoins que l’ampleur des gains des indices étrangers a dépassé ses attentes.

Les mouvements de la Bourse américaine depuis l’automne dernier ont été fortement influencés par l’élection de Donald Trump et par les difficultés de son administration, rappelle-t-il, soulignant que, « au-delà des questions politiques, il faut surtout noter la performance spectaculaire des entreprises composant le S&P 500 au cours du premier trimestre ». En effet, leurs profits comptables et leurs bénéfices d’exploitation affichent des hausses respectives de 26 % et 20 % par rapport à la même période l’an dernier.

DES GAINS PLUS LIMITÉS AU DEUXIÈME SEMESTRE?

Cette performance remarquable s’explique en partie par un retour à la profitabilité du secteur de l’énergie, puisque le bénéfice comptable dans ce secteur est passé d’une perte de 4,98 $US par action à un surplus de 4,25 $US entre l’hiver 2016 et l’hiver 2017, explique l’économiste.

Par ailleurs, note-t-il, les autres domaines d’activité affichent eux aussi d’excellents résultats, avec une hausse moyenne de leurs bénéfices de 14 % grâce, entre autres, à des bonds de plus de 25 % dans les secteurs des matériaux, de la finance et des technologies de l’information. La forte augmentation des bénéfices au cours de l’année écoulée s’est également appuyée sur une hausse de près de 7 % des ventes et sur une remontée des marges bénéficiaires, en plus d’avoir profité du maintien de taux d’intérêt très bas et de la croissance limitée des salaires.

Toutefois, prévient Mathieu D’Anjou, « après un premier semestre remarquable, il faut s’attendre à des gains plus limités des Bourses étrangères d’ici la fin de 2017 alors que nous anticipons un rebond du dollar américain ». Cela dit, ajoute-t-il, « il y a peu de raisons de prévoir une baisse durable des Bourses tant que des signes clairs d’une fin du cycle d’expansion ne deviendront pas apparents ».

LA BOURSE CANADIENNE À LA TRAÎNE

Si la plupart des catégories d’actifs ont dépassé les attentes de l’économiste depuis le début de l’année, la performance de la Bourse canadienne « a été beaucoup moins spectaculaire », observe-t-il. Au milieu du mois de juin, l’indice S&P/TSX n’affichait ainsi qu’un rendement total de 0,4 %, un résultat « bien inférieur à celui de la plupart des autres indices ». Selon lui, ces difficultés sont essentiellement attribuables « au recul des importants secteurs liés aux matières premières, en particulier l’énergie, et à celui des services financiers », puisque « la plupart des autres secteurs affichent des gains importants ».

Du côté de l’énergie, rappelle-t-il, « l’année 2016 avait été marquée par un rebond spectaculaire des titres dans ce secteur alors que la chute des prix du pétrole avait fait place à une remontée à partir du printemps ». Résultat, la composante énergie du S&P/TSX a grimpé de 31 % l’an dernier, ce qui a contribué à l’excellente performance de cet indice. Et, depuis janvier, « nous assistons au contrecoup de cette poussée alors que des prises de profits et certaines inquiétudes concernant l’évolution future des prix du pétrole ont fait reculer cette composante d’environ 15 % ».

En ce qui concerne le secteur financier, la situation est similaire, juge Mathieu D’Anjou. Celui-ci note qu’« une poussée d’optimisme à la fin de 2016 l’a fait bondir en Amérique du Nord », mais que les derniers mois « ont été plus difficiles alors que les difficultés de l’administration Trump font craindre que les réformes et la déréglementation promises ne se réalisent pas ». De plus, « le retour d’une tendance baissière sur les taux obligataires a aussi désavantagé le secteur ». Résultat, après un bon début d’année, le segment financier du S&P 500 est redescendu en juin très près de son niveau de la fin de 2016. Quant au secteur financier canadien, il a encore fait moins bien avec un recul d’environ 3 %. La raison? « Les difficultés de Home Capital et de nouveaux signes d’excès sur le marché immobilier, qui ont amené Moody’s à abaisser la cote de crédit de plusieurs banques, ont attisé les inquiétudes », détaille l’économiste principal.

DU CÔTÉ DU MARCHÉ OBLIGATAIRE

Si l’évolution des Bourses est « assez conforme dans l’ensemble » à sa « vision positive à moyen terme pour cette catégorie d’actifs », Mathieu D’Anjou juge en revanche « surprenant » le gain de plus de 3 % du marché obligataire canadien enregistré depuis le début de l’année, « surtout dans un contexte où la Fed a accéléré le rythme de son resserrement monétaire en haussant ses taux directeurs pour un troisième trimestre consécutif en juin ». L’ensemble des titres obligataires canadiens a profité d’une tendance baissière des taux, mais les titres provinciaux se sont démarqués avec un rendement de 4,5 %, indique-t-il.

« Le maintien de taux obligataires de 10 ans près de 2 % est toutefois incompatible avec la poursuite du resserrement monétaire aux États-Unis. Si la Fed continuait de remonter ses taux directeurs de 0,25 % par trimestre, son taux directeur pourrait dépasser le niveau actuel du taux de 10 ans dans à peine un an », met en garde l’économiste principal. Celui-ci estime que la Réserve fédérale continuera de remonter graduellement ses taux au cours des prochains trimestres, ce qui fait que « les taux obligataires devraient bientôt reprendre une tendance haussière qui limitera le rendement des marchés obligataires ». Sa conclusion? « Le marché obligataire canadien paraît particulièrement vulnérable alors que nous prévoyons maintenant que la Banque du Canada amorcera son resserrement monétaire en octobre 2017. »

La rédaction