Le FMI craint une nouvelle crise financière

Par La rédaction | 18 octobre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Dix ans après le début de la crise financière, l’économie mondiale a renoué avec la croissance, ce qui n’exclut pas le risque d’une nouvelle rechute, notamment en raison de l’endettement croissant des ménages.

Se basant sur les conclusions du Rapport sur la stabilité financière publié au début du mois d’octobre par le Fonds monétaire international (FMI), le magazine économique suisse Bilan écrit qu’« une réévaluation des risques pourrait entraîner une flambée du coût du crédit, une chute du prix des actifs et un retrait des marchés émergents ».

Si un tel scénario se concrétisait, ajoute-t-il, le FMI prévoit que « les répercussions économiques seraient considérables (environ le tiers de l’intensité de la dernière crise financière mondiale) et plus généralisées (la production mondiale baisserait de 1,7 %) ».

GARE AU SURENDETTEMENT DES MÉNAGES

Bilan souligne que le premier danger, « qui découle de la politique monétaire accommodante des banques centrales », est lié aux excès des marchés financiers enregistrés depuis une dizaine d’années. Cette analyse repose encore une fois sur le diagnostic du FMI selon lequel « il y a trop d’argent en quête de trop peu d’éléments d’actifs rentables ». Résultat : « moins de 5 % du volume mondial d’actifs à revenus fixes ayant valeur d’investissement génère aujourd’hui un rendement supérieur à 4 %, contre 80 % avant la crise ».

Pour Bilan, le deuxième danger provient de « la hausse de l’endettement des principales économies de la planète ». Ainsi, « la dette des ménages par rapport au produit intérieur brut (PIB) s’est envolée dans les pays avancés », passant de 35 % en 1980 à 65 % en 2016, tandis que dans les pays émergents elle a atteint 20 % l’an dernier, comparativement à 5 % en 1995.

De son côté, le FMI relève que si, « à court terme, une hausse du ratio dette des ménages/PIB est généralement liée à une accélération de la croissance et à une diminution du chômage, les effets sont inverses au bout de trois à cinq ans ». En outre, ajoute l’institution internationale, « un endettement accru des ménages va de pair avec une plus grande probabilité de crise bancaire ». « Lorsque la dette des particuliers est plus élevée, ces effets négatifs sont plus marqués, et ce, encore plus dans les pays avancés que dans les pays émergents, où la dette des ménages et la participation au marché du crédit sont plus faibles », constate-t-elle.

« RISQUES POTENTIELS À PLUS LONG TERME »

Enfin, le troisième danger est dû à la politique actuelle de la Chine, explique Bilan, qui cite de nouveau le rapport du FMI. En effet, si l’on en croit les analystes du Fonds, « l’ampleur, la complexité et le rythme de croissance du système financier chinois laissent entrevoir des risques élevés pour la stabilité financière ». La raison? Les éléments d’actifs du secteur bancaire [y] ont progressé de 240 % du PIB à la fin de 2012 à 310 % aujourd’hui. De plus, « le recours accru aux financements de gros à court terme ainsi qu’au “ crédit parallèle ” pour les sociétés a accru la vulnérabilité des institutions financières ».

« À l’heure actuelle, le faible niveau des coûts de financement et la volatilité des marchés financiers permettent de se montrer optimistes quant aux risques qui pèsent sur l’économie mondiale à court terme », indique le FMI, qui nuance toutefois cette note positive en rappelant que « l’augmentation de l’endettement est annonciatrice de risques potentiels à plus long terme ».

Conclusion de l’institution : « L’hypothèse d’une décompression rapide des écarts de risque et d’une volatilité accrue des marchés financiers pourrait dégrader considérablement les perspectives de la croissance mondiale. Cela montre combien il est important de surveiller de près les risques (…) lorsque la conjoncture financière est favorable et qu’elle pourrait être propice à l’accumulation de vulnérabilités financières. »

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