Le licenciement de Jérôme Kerviel ne passe pas

Par La rédaction | 8 juin 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Un tribunal français a condamné la Société générale à verser 455 000 euros (plus de 660 000 $) à l’ex-courtier Jérome Kerviel pour le dédommager d’un licenciement fait « sans cause réelle et sérieuse » et dans des conditions « vexatoires », peut-on lire dans Les Échos.

Jérôme Kerviel remporte donc une manche dans cet affrontement avec son ancien employeur, mais la partie se poursuivra. La Société générale compte en appeler de ce jugement, qualifié de scandaleux par son avocat.

La Société générale a licencié Jérôme Kerviel au cœur de la crise financière de 2008, lui reprochant d’avoir pris, dans le plus grand secret, des positions qui exposaient beaucoup trop la banque. Afin de corriger le tir, celle-ci avait rapidement vendu ces positions, en pleine chute des cours boursiers, enregistrant une perte de 4,9 milliards d’euros (7,2 G$).

Son ancien employé a été condamné en 2010 à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, et au paiement de 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts à la banque. Cette dernière partie de la condamnation a toutefois été annulée en 2014 par la Cour de cassation.

ÉTONNANT REVIREMENT

Mais dans ce plus récent jugement, le tribunal soutient que la Société générale savait que Jérôme Kerviel dépassait les limites imposées aux opérations de marché « bien avant » de le licencier.

Elle accorde donc à l’ex-courtier le paiement d’un boni de 300 000 euros pour l’année 2007, plus des indemnités, des congés payés, ainsi que des dommages et intérêts, pour un total de 455 000 euros, dont 80 000 euros (plus de 115 000 $) payables immédiatement.

Pour l’avocat de Jérôme Kerviel, Me David Koubbi, cette décision « fait voler en éclats la fable qui a été servie par la Société générale depuis le début » et qui tient son ancien employé pour seul responsable de la perte de 4,9 milliards d’euros.

En plus de l’appel de cette décision, les deux parties se retrouveront dans une autre bataille à partir du 15 juin, puisqu’un autre procès au civil s’ouvrira. La Société générale compte démontrer la responsabilité de Jérôme Kerviel dans la perte des 4,9 milliards d’euros.

La banque pourrait aussi le poursuivre pour diffamation après qu’il l’ait accusée d’être une multirécidiviste des infractions et de mentir sur les paradis fiscaux, dans la foulée des révélations des Panama Papers.

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