Le malheur des uns fait le bonheur des autres

Par William-André Nadeau | 25 janvier 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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L’histoire ne ment pas. C’est durant les crises ou les fortes corrections que se réalisent les meilleurs investissements

J’ai commencé ma carrière dans l’industrie des fonds communs. Mes premiers achats s’effectuaient dans un fonds dont la philosophie de gestion de style « valeur » était d’investir dans les actions de pays considérés comme sous-évalués.

Le légendaire fonds Templeton a obtenu pendant 48 ans (de 1954 à 2002) un rendement composé de 13,5 %.

La philosophie de ce fonds était d’investir dans les titres solides, mais affaiblis par le marché. Ce célèbre gestionnaire investissait dans les titres japonais alors que les autres investisseurs les boudaient au point d’être absents de ce pays, même si la capitalisation boursière était à un sommet en 1989.

C’est pendant les crises que l’on trouve les meilleures aubaines. Historiquement, il y a un rebond quand la crise se dissipe, ce qui explique, par exemple, pourquoi l’indice MSCI Finance Europe a grimpé depuis six mois de 49 % (au 22 janvier), comparativement à 10 % pour le S&P 500, tel qu’illustré dans ce lien à consulter.

Comment expliquer cette réalité? La réponse se trouve dans la finance comportementale. Le cerveau est programmé pour accorder une importance exagérée aux événements et expériences vécus à court terme, et néglige l’importance du long terme. Quand un marché est morose et déprimé, la réaction moutonnière des investisseurs, minés par la frustration et la peur, est de sortir du marché, même si des données fondamentales s’améliorent. L’investisseur de type « valeur » sait reconnaître la vraie valeur d’une occasion, et il se montrera patient et combatif jusqu’au moment où le titre qu’il détient grimpe à nouveau.

Comme philosophie de gestion, je préfère sélectionner un titre ou un indice de pays sous-évalué (style valeur), mais qui connait depuis un certain temps une progression substantielle du titre, comme l’a démontré le MSCI Finance Europe. Ainsi je peux jumeler la valeur à un engouement récent. La recherche scientifique[1] a clairement démontré que l’investisseur qui adhère à cette philosophie de gestion est récompensé à long terme, du point de vue rendement/risque.


William-André Nadeau est chroniqueur financier. Il publie aux deux semaines un billet traitant des marchés, de placements et de gestion.


[1] Clifford S. Asness, Tobias J. Moskowitz, et James O, Shaughnessy

Troupeau de moutons.

William-André Nadeau

William-André Nadeau est gestionnaire de portefeuille à Tactex gestion d’actifs. Il a accumulé 35 ans d’expérience dans le domaine des services financiers à titre de courtier, d’analyste et de gestionnaire de portefeuille. Sa spécialité : adapter ses connaissances des sciences humaines et de la finance comportementale à la gestion traditionnelle de portefeuille. Durant les années 1990, M. Nadeau a cofondé deux importantes firmes de gestion en épargne collective et une famille de fonds communs dont les gestionnaires étaient tous basés au Québec. Il a animé des conférences et des séminaires auprès de milliers de personnes au cours de sa carrière, en plus d’avoir coécrit des livres sur les finances personnelles, devenus best-sellers au début des années 1990. William-André Nadeau partage avec les investisseurs son expérience acquise sur les marchés financiers et ses observations sur leurs tendances en collaborant avec des journalistes financiers, des blogueurs et des animateurs de balados.