Le mandat de Monique F. Leroux devrait être prolongé de 6 mois

Par Pierre-Alexandre Maltais | 12 mars 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La présidente du Mouvement Desjardins, Monique F. Leroux.

En poste depuis 2008, la présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Monique F. Leroux, devrait terminer son deuxième et dernier mandat en mars 2016.

Mais comme le rapportait Le Soleil mercredi, il semble de plus en plus probable que Mme Leroux sera reconduite dans ses fonctions pour une période de 6 mois supplémentaires afin de faciliter la transition avec son ou sa successeur(e).

Le CA de Desjardins présentera une proposition entérinée à l’unanimité aux membres lors de l’assemblée générale annuelle les 27 et 28 mars prochains, afin d’instaurer officiellement une période transitoire de six mois entre le départ d’un président/chef de la direction et l’entrée en fonction d’un nouveau.

« Nous n’avons jamais structuré la procédure de continuité auparavant. Au printemps 2014, le Conseil s’est penché sur la question et a enclenché une réflexion sur le processus de transition », indique la secrétaire générale du Mouvement et membre du conseil Pauline D’Amboise, qui assure que Mme Leroux a exercé son devoir de réserve.

Pendant la période transitoire, Monique F. Leroux conservera le leadership afin « d’assurer la continuité des dossiers en cours », mais ne s’engagera pas dans de « grands chantiers » . « C’est un rôle qui reviendra à son successeur », confirme Mme D’Amboise.

Des critères plus stricts

Le « resserrement des règles » découlant de la désignation de Desjardins en tant « qu’institution financière d’importance systémique » pour le Québec par l’AMF en 2013 a poussé le conseil à établir des critères plus stricts afin de déterminer le profil type d’un éventuel successeur.

Il n’y a actuellement pas de dauphin clairement identifié comme favori pour chausser les escarpins de Monique F. Leroux, même si plusieurs cadres haut placés pourraient être considérés. « À la différence d’une institution financière privée, le poste de président et chef de la direction est un poste électif chez Desjardins. C’est impossible de prévoir qui sera élu avant le vote », précise le porte-parole de l’institution, André Chapleau.

Interrogée sur le sujet, Mme D’Amboise n’a pas écarté l’idée qu’un candidat provenant de l’externe puisse prendre les rênes de la coopérative. « Oui c’est possible », a-t-elle dit. Si tel était le cas, ce serait une première dans l’histoire de Desjardins.

D’ailleurs, la transition de 6 mois devrait permettre au nouveau chef de parcourir les différentes régions où Desjardins est active afin de se familiariser avec l’entreprise. « Il y aura beaucoup de relationnel pendant cette période », mentionne la secrétaire générale.

3 critères à respecter

Que le prochain dirigeant du Mouvement provienne ou non de l’externe, il ou elle devra à tout le moins :

  • être membre de Desjardins depuis au moins 90 jours;
  • recevoir le soutien de 15 membres du comité électoral (les précédents présidents devaient en recevoir 10);
  • détenir 15 lettres de recommandation signées par ces 15 membres, sur la base des critères de sélection contenus dans le plan de succession qui sera présenté par le conseil lors de la prochaine AG.

Du « jamais vu »

Pour le directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), Michel Nadeau, si la proposition du conseil passait l’étape du vote lors de l’AG, on assisterait à une « situation unique en Amérique du Nord ».

« Je ne connais pas d’autre institution qui agit ainsi. Si un président est élu en mars 2016, il devrait être PDG immédiatement. C’est souvent au moment de l’élection qu’un président est le plus crédible », dit M. Nadeau, qui croit qu’un candidat externe pourrait tout de même bénéficier du coaching de la présidente sortante, mais qu’il ne doit pas y avoir de confusion sur les rôles de chacun. « Le mandat, c’est 8 ans, pas 8 ans et demi. Il faut être clair ! »

Joint par Le Soleil, l’ancien président de Desjardins Claude Béland avait qualifié cette extension transitoire de « rétrograde » et « contraire à l’esprit coopératif » du Mouvement.

« C’est peut-être lié à sa propre expérience à la tête du Mouvement, croit Pauline D’Amboise. L’institution a beaucoup évolué notamment depuis les mandats d’Alban D’Amours. Nous procédons selon les règles de l’entreprise », a assuré la secrétaire générale.

Le nouveau chef de la direction de Desjardins sera élu en mars 2016 et devrait donc entrer officiellement en fonction en octobre de la même année.

Les présidents du Mouvement Desjardins au fil des ans

  • Cyrille Vaillancourt (1932-1936)
  • Eugène Poirier (1936-1944)
  • Laurent Létourneau (1944-1955)
  • Abel Marion (1956-1959)
  • Émile Girardin (1959-1972)
  • Alfred Rouleau (1972-1981)
  • Raymond Blais (1981-1986)
  • Claude Béland (1987-2000)
  • Alban D’Amours (2000-2008)
  • Monique F. Leroux, FCA, FCMA (2008-aujourd’hui)


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Pierre-Alexandre Maltais