Le marché boursier américain a fondu de moitié en 20 ans

Par La rédaction | 13 août 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Ton Snoei / 123rf

En 2016, les places boursières américaines comptaient 3 627 entreprises, contre plus de 8 000 au milieu des années 1990, souligne le Financial Post, en se basant sur des données du Center for Research in Security Prices de l’Université de Chicago.

Le marché boursier américain actuel est aussi 25 % plus petit qu’il ne l’était en 1976. Et puisque la population des États-Unis a augmenté de près de 50 % depuis 1976, la chute est encore plus draconienne lorsqu’on la calcule par habitant. On dénombrait 23 entreprises listées sur les Bourses pour chaque million de personnes en 1976, contre seulement 11 en 2016.

UNE SITUATION RISQUÉE

René Stulz, un professeur de finances de l’Ohio, a rédigé un rapport sur la question pour le National Bureau of Economic Research. Selon lui, le rétrécissement du marché boursier américain met en péril l’économie, l’innovation et la transparence. Il ajoute que les profits sur les marchés sont désormais divisés entre un petit nombre de gagnants. De plus, la valeur de ces entreprises repose très souvent sur leur propriété intellectuelle plutôt que sur leurs revenus ou leur capital, réduisant la transparence sur le marché.

En 1975, 61,5 % des entreprises cotées en Bourse aux États-Unis avaient des actifs d’une valeur inférieur à 100 millions de dollars américains en dollars de 2015 (130,8 M $CA), contre seulement 22,6 % en 2015. Dans ces conditions, difficile pour les investisseur d’investir dans un portefeuille diversifié de petites entreprises cotées en Bourse, comme cela se faisait il y a quarante ans.

CONCENTRATION DES PROFITS

Le profits sont aussi de plus en plus réservés à un petit groupe de géants, mené par le titan Apple. À l’inverse, une grande partie des plus petits joueurs peinent à dégager des profits. En 2015, la totalité des profits des entreprises listées se concentraient dans les 200 compagnies ayant accumulées le plus de revenus, selon René Stulz et Kathleen Kahle, professeure de finances à l’Université de l’Arizona. Les plus de 3 200 autres entreprises étaient déficitaires.

Il arrive parfois que ces profits soient victimes d’une particularité des règles comptables. La R&D doit être déduite des revenus de l’entreprise, ce qui peut réduire ou faire disparaître les profits dans les petites entreprises dont la valeur réside dans la propriété intellectuelle, comme des logiciels ou des données.

Comme ces données importantes sont souvent confidentielles, il est difficile pour les investisseurs d’évaluer la valeur réelle d’une startup. L’hésitation des investisseurs complique les levées de fonds de ces startups. Cela pourrait notamment expliquer en partie la baisse du nombre de premier appel public à l’épargne, ces entreprises préférant rester privées plus longtemps.

VOLER À L’AVEUGLE

D’ailleurs, le corollaire du constat de M. Stulz est qu’un grand nombre d’entreprises restent privées. On sait peu de choses sur ces firmes, dont plusieurs sont parmi les plus grands créateurs de profits et d’emplois aux États-Unis. Une inquiétude de plus compte tenu du rôle important joué par ces firmes dans l’économie américaine, voire mondiale.

La rédaction