Le MÉDAC à la rescousse de Desjardins

Par La rédaction | 11 juin 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Desjardins

Le MÉDAC n’a pas digéré les critiques à l’encontre de Desjardins formulées la semaine dernière dans un rapport de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques, et il le fait savoir.

Intitulé « Descendre Desjardins en flammes? », un texte publié jeudi sur le site web du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires critique sévèrement l’approche et la méthodologie de l’auteure de cette note socioéconomique, Julie Posca.

Accusant la chercheuse à l’IRIS d’avoir omis certains faits, le MÉDAC estime que ce document comporte un « lot de distorsions ».

Pour commencer, la chercheuse aurait ainsi « idéalisé la paroisse (matrice originale des caisses populaires) qui aurait constitué, dans un âge d’or fantasmé, “le terreau de la vie démocratique” où régnait la “confiance mutuelle […] en raison des contacts intimes” entre les ouailles et qui était “un vecteur de valeurs communautaires prédisposant les individus à l’association”. » Un argument qui ne passe pas aux yeux du MÉDAC, qui juge qu’« il n’appartient pas au beau-frère ou à la voisine de surveiller les intérêts de la caisse populaire, comme de toute autre entreprise par ailleurs, dans la bonne gouverne de la vie financière de ses clients ».

« DESJARDINS N’EST PAS UNE ORGANISATION LISSE »

Le MÉDAC relève ensuite qu’« en s’appuyant sur un résumé de sources connues depuis longtemps déjà, Julie Posca reproche à Desjardins d’être passé “d’une volonté d’émancipation des classes populaires à une volonté d’efficience”. » Et il réfute cette assertion : « Est-ce vraiment là deux choses incompatibles? (…) En quoi une organisation de cette taille devrait-elle ne pas être efficace dans ses activités principales? » Le fait est, poursuit le MÉDAC, que Desjardins « a largement contribué à permettre aux classes dites populaires de s’affranchir, dans une certaine mesure, de leur condition, voire aux personnes qui en sont issues de changer de classe ».

Le MÉDAC reproche en outre à Julie Posca de ne pas avoir abordé la question « des dilemmes posés par les transformations de la consommation et la pénétration de la logique consumériste dans l’ensemble du tissu social ». En effet, insiste-t-il, « le statut social de l’ensemble de la nation canadienne-française aux origines de la coopérative n’a plus grand-chose à voir avec la société moderne que constitue aujourd’hui le peuple du Québec ».

De même, affirme-t-il, la chercheuse de l’IRIS semble considérer Desjardins « comme une organisation lisse, sans la moindre aspérité, sans aucun tiraillement interne, voire sans aucune contradiction », ce qui donne l’impression que l’institution financière « agit comme une seule et même personne, avec une volonté claire et unique ».

Or, souligne le MÉDAC, c’est loin d’être le cas puisque « plusieurs courants politiques animent le Mouvement et que la vie démocratique qui s’y déroule n’est absolument pas comparable à ce qui se passe dans le monde bancaire, à commencer par le principe même à la base de sa structure : un membre égale un vote plutôt qu’une action égale un vote ».

FAIRE UNE RECHERCHE EN BONNE ET DUE FORME

Le MÉDAC s’étonne par ailleurs du fait que l’IRIS reproche à Desjardins d’octroyer trop de prêts aux consommateurs québécois et qu’il dénonce le fait que ces prêts « représentent en moyenne 50 % de l’actif total du Mouvement ». « L’ennui avec cet argument, rétorque le Mouvement, c’est que les prêts productifs, notamment les prêts hypothécaires résidentiels, n’y sont pas distingués des autres », ce qui fausse la démonstration.

Quant au reproche adressé à Desjardins par l’IRIS de s’être plié au décloisonnement du secteur financier opéré par le fédéral dans les années 1990, le MÉDAC juge là encore qu’il s’agit d’une attaque infondée. En effet, insiste-t-il, il s’agissait d’« une externalité » et « le fait que Desjardins ait voulu s’adapter aux conditions d’un environnement qu’elle ne contrôlait pas ne saurait en aucun cas être une faute ».

« Aurait-il fallu que la coopérative croise les bras? Aurait-il fallu qu’elle se contente de disparaître? » questionne le MÉDAC. Sa réponse est non : « Il suffira de se souvenir du rôle d’usurier que jouaient jusqu’alors les courtiers et les trusts orangistes pour se convaincre du rôle salutaire joué par Desjardins dans ce marché depuis le décloisonnement. »

Citant le dernier rapport annuel de l’institution financière, le MÉDAC soutient enfin que les chiffres sont rassurants, ce qui « démontre que Desjardins ne verse pas dans la promotion effrénée de l’endettement irréfléchi ». Avant de s’interroger : « L’on en vient à se demander ce qui motive pareil travail d’un institut de recherche dont on serait en droit d’attendre un tout petit peu plus de recul. L’on en vient à questionner les caractéristiques de cette note qui s’apparenteraient à une approche partisane ».

En guise de conclusion, le MÉDAC dit espérer que ce travail « précède une recherche en bonne et due forme qui ira objectivement au fond des choses ».

La rédaction