Le MÉDAC dénonce l’« activisme actionnarial »

Par La rédaction | 20 janvier 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) a récemment tenu à se démarquer « du type d’investisseurs activistes qui attaquent des conseils d’administration afin de faire varier le cours boursier des actions et de faciliter ainsi des transactions pour eux ou des tiers ».

En effet, même s’il se réclame du « militantisme actionnarial », le mouvement rappelle qu’il dénonce les comportements de ce genre et a décidé de le faire savoir.

« Nous nous sommes sentis interpellés par l’analyse récemment présentée dans Le Devoir et rédigée par Yvan Allaire, président de l’IGOPP [Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques], sur ce qu’il appelle l’activisme actionnarial », explique Normand Caron, responsable de la formation au MÉDAC.

« Le MÉDAC est plus dauphin que requin »

Yvan Allaire « décrit et dénonce le phénomène du comportement des fonds spéculatifs qui lancent des OPA [offres publiques d’achat] sur des entreprises afin d’en maximiser la valeur à court terme pour ensuite s’en retirer et empocher des profits extraordinaires », poursuit Normand Caron.

« Le MÉDAC est lui aussi reconnu comme une organisation militante, associée à ce concept d’activisme actionnarial, mais d’une autre forme, assure-t-il. Celle dénoncée par le professeur Allaire s’apparente au comportement des requins de la finance, alors que notre façon de faire, plus ouverte et à long terme, est plus représentative du comportement des dauphins. »

Reprenant des propos tenus à l’Agence France-Presse par Martin Lipton, un avocat réputé aux États-Unis, le MÉDAC souligne que « les activistes ne s’intéressent qu’à l’immédiateté, comme pousser l’entreprise à une scission, à la vente ou à la séparation d’actifs, ce qui fait monter le titre en Bourse. Ainsi, ils peuvent vendre leurs actions et engranger un bénéfice, laissant l’entreprise se débrouiller avec les risques causés par cette stratégie ».

Personne n’est à l’abri

« Aucune entreprise ne peut se dire à l’abri d’un activiste. Aucune n’est assez grosse, ni assez populaire, ni assez rentable pour leur échapper », met par ailleurs en garde Martin Lipton, qui a souvent défendu des directions contre des raids financiers et autres OPA hostiles.

Ce dernier précise aussi que « les activistes détruisent les entreprises en les poussant à s’endetter afin de rémunérer leurs actionnaires via de gros dividendes et des rachats d’actions ».

Toutes ces méthodes « ne font toutefois pas partie de l’arsenal du MÉDAC », insiste le mouvement, qui réaffirme au passage que sa mission consiste à « faire valoir les droits des petits investisseurs et épargnants individuels auprès des grandes entreprises au sein desquelles ils investissent à long terme leurs épargnes chèrement acquises au fil de leur carrière ».

Des outils pour les petits investisseurs

Comment ? En mettant au vote des propositions d’actionnaires en matière de responsabilité sociale et environnementale des entreprises, en entretenant de bons rapports avec les directions et les CA auprès desquels le mouvement intervient, et aussi en éduquant les consommateurs à l’investissement grâce à des formations et à divers outils offerts à ses membres.

Ainsi, la semaine dernière, lors de l’assemblée générale des actionnaires de Cogeco, le MÉDAC précise qu’il a soumis au vote deux propositions d’actionnaires : l’une pour souligner l’écart entre la rémunération des dirigeants et le salaire moyen des employés ; la seconde pour attirer l’attention sur le pouvoir que procurent les actions à votes multiples.

Par ailleurs, au cours des prochains mois, le mouvement publiera plusieurs dépliants de synthèse, « qui présenteront les faits saillants de la performance extra financière et financière du dernier exercice annuel » des différentes sociétés qui composent son portefeuille. L’objectif ? Permettre à l’investisseur néophyte de faire un choix éclairé.

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