Le MRCC 2 a-t-il raté sa cible?

20 août 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’objectif du MRCC 2 était d’aider les investisseurs à obtenir et comprendre plus aisément les informations relatives à leurs frais et à leurs rendements. Un récent sondage de J. D. Power laisse entrevoir un résultat peu reluisant pour l’instant.

Alors que le MRCC 2 est en vigueur depuis plus d’un an, près de huit investisseurs canadiens sur dix (79 %) n’en connaissent pas l’existence. Et parmi ceux qui savent ce qu’est le MRCC 2, à peine la moitié (49 %) ont noté des changements dans leurs relevés.

Dès le départ, bien des conseillers et des firmes ont dit craindre que la nouvelle manière d’afficher les rendements et surtout les frais ne leur coûte une partie de leur clientèle. Pour l’instant, cette crainte ne s’est pas matérialisée. Toutefois, il est trop tôt pour se réjouir et le risque de défections existe toujours, selon J. D. Power.

ENGAGER LA DISCUSSION

« L’étude suggère que la meilleure manière pour les conseillers de faire face à ce risque est de prendre les devants et de discuter régulièrement des frais et des rendements avec leurs clients, plutôt que de les laisser tenter de comprendre par eux-mêmes », soutient Mike Foy, directeur principal de la pratique de gestion de patrimoine à J. D. Power.

Parmi les investisseurs qui connaissent le MRCC 2 et ont noté les changements sur leurs relevés et qui, en plus, ont bénéficié d’explications de leurs conseillers dans les douze derniers mois, plus de la moitié (52 %) ont indiqué comprendre complètement les changements. C’est beaucoup plus que la moyenne de l’ensemble des répondants qui ont affirmé comprendre complètement ces changements (32 %). Ces investisseurs se disent aussi beaucoup plus loyaux que les autres répondants envers leur firme (58 % c. 46 %) et ils sont plus nombreux à soutenir qu’ils la recommanderaient à un ami (53 % c. 37 %).

Le plus grand risque pour les conseillers serait donc de ne pas engager de discussions sur les frais et les rendements avec leurs clients et de laisser s’installer incompréhension et insatisfaction.

AMÉLIORER LA PRÉSENTATION POUR LES INVESTISSEURS

Si le MRCC 2 vise à augmenter la transparence de l’industrie, l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC) souhaite améliorer encore plus les pratiques de divulgation des courtiers en placement, des représentants et des gestionnaires de fonds d’investissement.

Pour y arriver, elle a retenu les services de BEworks, une société d’experts-conseils en économie comportementale. Son mandat sera d’examiner les relevés de frais de placement et de rendement et d’aider l’industrie à concevoir et tester de nouvelles approches misant sur les connaissances des comportements, afin d’améliorer la présentation des informations aux investisseurs.

Le projet devrait être achevé en début de 2019. BEworks présentera cette recherche dans le cadre d’un panel sur les pratiques efficaces en matière de divulgation, lors du Leadership Conference de l’IFIC, le 27 septembre 2018.

DIFFÉRENCES INTERGÉNÉRATIONNELLES

En plus de s’intéresser au MRCC 2, l’étude de J. D. Power montre aussi que le rôle du conseiller évolue et que celui-ci est perçu différemment selon l’âge. Ainsi, près de quatre membres de la génération Y sur dix (39 %) comptent sur leur conseiller pour les aider à réfléchir sur leur finance et leurs projets, contre un quart des boomers (24 %). Environ 15 % des baby-boomers délèguent entièrement la gestion de leurs finances à un conseiller, contre 10 % des Y.

Ce n’est pas la seule différence entre les groupes d’âge. Bien que tous connaissent dans des proportions similaires l’existence des robots-conseillers (boomers : 43 %, génération X : 45 %, génération Y : 48 %), ce sont les Y qui les utilisent le plus. Près d’un quart d’entre eux (22 %) ont recours à ce type de services, contre 9 % des membres de la génération X et 3 % des boomers. La moitié des Y (52 %) adopte des robots-conseillers principalement pour bénéficier de frais moins élevés.

Par ailleurs, les trois quarts des investisseurs (77 %) n’ont jamais utilisé l’application mobile de gestion de patrimoine de leur institution financière ou ne l’ont essayé qu’une seule fois. Ceux qui l’ont utilisé lui ont donné une note d’évaluation relativement basse par rapport à la note qu’ils attribuent à leur expérience sur internet.

ENCORE EDWARD JONES

J. D. Power sonde aussi les Canadiens quant à leur degré de satisfaction des firmes et institutions financières qui offrent des services de gestion de patrimoine ou des services bancaires privés. Edward Jones arrive en tête pour une sixième année consécutive, suivi d’Assante gestion de patrimoine. HollisWealth et la Financière Banque Nationale se partagent la troisième position.