Le nouveau président de la Fed est nommé

Par La rédaction | 6 novembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Ceux qui attendaient une rupture à la direction de la Réserve fédérale américaine (Fed) devront patienter, semble-t-il. La nomination de Jerome Powell serait plutôt annonciatrice de continuité, selon les analystes.

Qualifié de « fort, déterminé et intelligent » par le président Trump, Jerome Powell est un ancien banquier de 64 ans qui siégeait au conseil des gouverneurs de la Fed depuis 2012. Ses années passées dans ce secteur en font d’ailleurs le plus riche dirigeant de l’histoire de la Fed, rappelle le New York Times. Son passage au Carlyle Group, notamment, lui a permis d’amasser une valeur nette évaluée en 2016 à 55 millions de dollars américains (70 millions canadiens).

Il est aussi le premier à ce poste à ne pas détenir un diplôme en économie. Fils d’un avocat de Washington et lui-même diplômé en droit de l’Université Georgetown, il a surtout fait carrière en finances. Républicain jugé centriste et modéré, il a été sous-secrétaire au Trésor sous George Bush père, avant d’être nommé à la Fed sous Obama.

DU PAREIL AU MÊME?

Le quotidien économique français Les Échos va jusqu’à qualifier le choix de Jerome Powell de non-événement, tant il ressemblerait à sa prédécesseure Janet Yellen, dont il devrait bientôt prendre la place. Le passage du flambeau se fera en février prochain, si le choix de Powell est confirmé par un vote du Sénat.

Jerome Powell a voté toutes les décisions du comité de politique monétaire de la Fed sans jamais tenir de propos dissidents. Aussi récemment qu’en juin dernier, il reprenait la position de Janet Yellen en faveur d’une remontée graduelle des taux d’intérêt.

Ce qui ne veut pas dire qu’il est une copie carbone de la seule femme à avoir dirigé la Fed. Il y a un domaine dans lequel leurs pensées divergent et cela pourrait expliquer que Trump ait porté son dévolu sur Jerome Powell. En effet, ce dernier a plaidé régulièrement pour détricoter certaines parties des lois et régulations adoptées dans le secteur financier à la suite de la crise de 2008, notamment pour donner plus de liberté d’action aux petites banques. Or, c’est précisément l’un des objectifs auquel Donald Trump tient mordicus.

VOLER AVEC LES FAUCONS

De son côté, Bloomberg ne croit pas que la nomination de Jerome Powell signifie que tout sera pareil qu’avant. Son expérience et son attachement à la même politique monétaire que Janet Yellen sont certes jugés rassurants par Bloomberg, qui se demande toutefois comment le nouveau dirigeant réagira à ses autres responsabilités.

Par exemple, trois postes au conseil des gouverneurs restent à pourvoir. Certains s’attendent à ce que Donald Trump nomme des « faucons », afin de ménager son aile droite après avoir choisi Jerome Powell, considéré comme une « colombe » sur les questions de politique monétaire. Cela pourrait créer des divisions dans un conseil qui tente de décider par consensus. Jerome Powell saura-t-il naviguer sur une mer agitée pour fixer les nouveaux caps des politiques de la Fed?

Bloomberg souligne également que Powell pourrait amorcer un certain niveau de dérégulation financière, alors que Janet Yellen défendait des régulations strictes et pro-actives. Cela pourrait avoir un impact positif si le résultat est d’alléger et simplifier les règles, tout en surveillant de près le capital dont les banques disposent pour soutenir leurs prêts. Mais si l’allègement des règles se fait en conjonction avec un laxisme dans les exigences de solvabilité des banques, cela pourrait être dangereux.

Ce centriste modéré saura-t-il verser de l’eau dans le vin de son président, dont la dérégulation financière semble l’un des principaux objectifs? L’avenir seul nous le dira…

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