Le patriarcat nuit à l’économie

Par La rédaction | 1 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La réussite économique à long terme d’une société dépend du sort réservé aux femmes, soutiennent trois chercheurs universitaires d’Utrecht, aux Pays-Bas.

Pour en arriver à cette conclusion, ils ont décortiqué les structures des peuples qui se sont développés (ou pas) entre 1500 et 2000 en Europe et en Asie, rapporte Le Nouvel Observateur. Leurs résultats les amènent à penser que les différences de croissance à long terme s’expliquent, en partie, par l’autonomie plus ou moins grande des femmes. Les sociétés plus ouvertes au genre féminin se seraient mieux développées.

Pour évaluer l’autonomie des femmes, les chercheurs ont quantifié la position dans l’organisation de la famille, le degré de consentement au mariage, la prééminence de la famille nucléaire, l’égalité des héritages, la distance de résidence par rapport à la famille du mari, etc.

LE FREIN PATRIARCAL

L’hypothèse des chercheurs est qu’avant la révolution du néolithique, dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs, les relations hommes-femmes étaient relativement égalitaires. L’arrivée de l’agriculture a spécialisé les tâches, les hommes se retrouvant aux champs et les femmes à la maison.

Cela a engendré des systèmes politiques patriarcaux, notamment dans les trois grands centres économiques de l’époque qu’étaient la vallée du fleuve jaune en Chine, la vallée de l’Indus (aujourd’hui le Pakistan) et le Moyen-Orient. Situées en marge de ces grands centres, des régions comme l’Europe occidentale, le Japon ou la Mongolie furent moins touchées par ce développement et ont conservé un meilleur équilibre homme-femme.

À partir d’environ 1500, les moteurs de la croissance ont changé et les modèles patriarcaux sont devenus des freins. Les sociétés favorisant l’initiative et l’autonomie des femmes ont été avantagés. Les chercheurs n’établissent cependant pas par quels mécanismes précis cette plus grande autonomie des femmes s’est traduite en croissance. Ils se bornent à dire qu’elle semble l’avoir favorisée.

UN LIEN MAINTES FOIS DÉMONTRÉ

Ce n’est pas la première fois que des études révèlent un lien entre l’autonomie des femmes et la prospérité économique. En 2011, une étude de Marc Teignier et Davis Cuberes démontrait que réduire l’accès des femmes au marché du travail et à l’entrepreneuriat était responsable d’une perte de revenu par habitant de 15 % dans les pays de l’OCDE. En 2012, la Banque Mondiale publiait une synthèse de plusieurs travaux sur la question, encourageant les pays à donner plus de place aux femmes.

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