Le pétrole canadien n’a pas dit son dernier mot

26 juillet 2022 | Dernière mise à jour le 14 août 2023
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L’abandon des énergies fossiles n’est pas encore pour demain, et nos pétrolières ont encore de beaux jours devant elles, croit Daniel Greenspan, analyste principal et chef de l’équipe des matières premières à Gestion d’actifs CIBC.

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« Le moins que l’on puisse dire est que les prix du pétrole sont volatils. Plusieurs facteurs géopolitiques et macro-économiques ont des effets importants sur le marché, si bien qu’on est passé de 76 $ le baril en janvier à un pic de 124 $ début mars, avant de retomber vers 110 $ à la mi-juin », observe Daniel Greenspan.

Selon l’expert, l’offre est fortement influencée à court et moyen terme par la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie, l’attitude de l’OPEP + et la réaction à la hausse des prix de la part des producteurs américains. Quant à la demande, il pointe vers les confinements en Chine, ainsi que les hausses de taux d’intérêt partout dans le monde.

« La Russie est une source critique de pétrole pour le marché mondial; elle en représente environ 10 %. Nous croyons que les sanctions vont rester en place à moyen terme même si le conflit arrive à une résolution; et les barils russes qui réussiront à se vendre le seront au rabais. Du côté de l’OPEP +, peu de membres ont la capacité d’accroître leur production en raison du peu d’investissements réalisés ces dernières années. Du côté des producteurs américains, on observe peu d’appétit pour investir dans la croissance; ils préfèrent encore rendre du capital à leurs actionnaires », analyse Daniel Greenspan.

« Parmi les risques que nous surveillons à court terme, il y a levée des sanctions contre la Russie, qui semble peu probable, une plus forte production que prévu en Amérique du Nord ou par l’OPEP, la destruction de la demande en raison des prix élevés, ou une baisse de la demande à cause de nouveaux confinements en Chine. À moyen terme, nous croyons que sans un virage vers la croissance de la part des producteurs, et des investissements dans de plus grandes capacités, le marché du pétrole va demeurer serré », poursuit l’expert.

Selon lui, les producteurs sont dans une situation difficile, car ils n’ont plus le même accès au capital qu’auparavant, et ils devront financer leur croissance en grande partie à partir de leurs fonds propres.

« Du côté de la demande, les niveaux devraient rester raisonnables en raison de la levée des restrictions de voyage liées au coronavirus », ajoute-t-il.

Mais à moyen terme, la tendance est surtout à la transition vers une économie faible en carbone.

« Le moment de cette transition est sujet à débats, et va dépendre de nombreux facteurs qui ne sont pas encore tous clairs, incluant les politiques des gouvernements, les comportements des consommateurs, la production de certains minéraux essentiels, la mise à niveau des infrastructures et le développement de nouvelles technologies. Nous sommes globalement d’avis que la transition vers les énergies vertes sera difficile et prendra plus longtemps que ce que laissent croire les cibles actuelles des gouvernements », entrevoit Daniel Greenspan.

Dans ce contexte, l’expert apprécie les titres à forte capitalisation situés en amont de l’industrie, comme les entreprises canadiennes Cenovus – qui se trouve « à l’intersection de la qualité et de la valeur » – et Suncor – qui après quelques décisions douteuses ayant provoqué l’intervention d’actionnaires activistes s’est « finalement engagée sur une voie constructive ».

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.