Le prix d’un conflit nucléaire

Par La rédaction | 11 août 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Donald Trump (Photo : Gage Skidmore)

Pendant que Donald Trump et Kim Jong-Un s’échangent des tweets incendiaires et jouent à qui a le plus gros missile, les marchés s’échinent à trouver la réponse juste à ces tensions.

Sur le coup, les marchés ont fléchi mercredi le 9 août lorsque le président américain, après avoir promis la veille le « feu et la colère » au régime nord-coréen, a renchéri en affirmant que l’arsenal nucléaire de son pays était « plus fort et plus puissant » que jamais. Il faut dire que le peu subtil leader de la Corée du Nord avait annoncé qu’il envisageait de tirer des missiles près de l’Île de Guam. Or, cet île est l’un des avant-postes militaires les plus importants des États-Unis en Asie.

Dans la foulée, le 9 août, le Dow Jones a perdu 0,17 % et le Nasdaq 0,28 %, alors que l’indice S&P 500 a reculé de 0,04 %, selon l’Agence France-Presse. La Bourse de Tokoy perdait 1,29 %. La Bourse de Paris, elle, a clôturé en recul de -1,4 %. « Au-delà de la baisse des actions européennes, tous les marqueurs typiques d’un mouvement d’aversion au risque sont au rendez-vous avec une détente des taux d’emprunt des États de la zone euro, une hausse de l’or et des achats de yens ou de francs suisse », rappelait Alexandre Baradez, analyste d’IG, dans Le revenu.

PAS DE PANIQUE

Pas brillant donc, mais pas dramatique non plus et c’est peut-être ce qui étonne le plus. Dans une note citée par l’Agence France-Presse, Patrick O’Hare, de la firme Briefing, soutient que c’est probablement parce que le marché ne croit pas vraiment en un conflit militaire, encore moins nucléaire, entre les deux pays.

Sur Bloomberg.com, Chris Anstey y voit une autre raison. Les retombées d’un conflit nucléaire entre les États-Unis et la Corée du Nord pourrait représenter l’extinction de la péninsule coréenne en plus de dommages difficiles à évaluer sur d’autres parties de l’Asie, voire de l’Amérique du Nord. Selon plusieurs analystes, il est très difficile pour le marché de fixer un prix pour des obligations ou des actions dans un scénario aussi catastrophique, rappelle le chroniqueur de Bloomberg.

Mark Mobius, du Templeton Emerging Markets Group, pose l’équation en ces termes lugubres : « il n’y a rien à faire à propos de cela – si quelque chose comme ça se produit, nous sommes tous finis de toute manière ».

LE COÛT D’UN CONFLIT

De leur côté, ses collègue Isabel Reynolds et Enda Curran tentent d’évaluer le coût économique d’une guerre dans la péninsule coréenne. Ils rappellent que la Corée du Sud représente environ 1,9 % de l’économie mondiale, notamment en raison de quelques géants comme Samsung et Hyundai.

Même sans envisager l’utilisation d’armes nucléaires, une baisse de l’activité économique en Corée du Sud en raison d’un conflit armé serait souffrante pour la région et pour l’économie mondiale. Les marchés financiers, du moins à court terme, subiraient un choc douloureux et se replieraient sur l’or, l’argent américain et le franc suisse, des tendances qui sont d’ailleurs déjà à l’œuvre.

Ces manœuvres pourraient aider à se mettre à l’abri dans le cas d’un conflit relativement limité, mais si les États-Unis et la Corée du Nord se mettent à s’échanger des missiles nucléaires plutôt que des tweets menaçants, les meilleures stratégies d’investissement n’y pourront pas grand-chose. Reste à espérer que ce qui reste de bons sens à ces deux dirigeants saura prévaloir…

La rédaction