Le retour des obligations de sociétés à court terme

Par Nicolas Ritoux | 6 février 2023 | Dernière mise à jour le 11 octobre 2023
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L’exceptionnelle corrélation entre actions et obligations observée en 2022 ne devrait pas se reproduire cette année, et le revenu fixe en profitera, croit Pablo Martinez, gestionnaire de portefeuille à Gestion d’actifs CIBC.

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Les rendements des obligations du Canada sont passés de 3,60 % en juin à 2,75 % en janvier, sous l’effet de deux influences : d’un côté le pessimisme des participants du marché qui croient que l’économie se dirige vers une récession, et de l’autre, la volonté des banques centrales de combattre l’inflation en faisant augmenter leurs taux directeurs.

« Alors qu’au début de la pandémie, les banques centrales voulaient tout faire pour soutenir l’économie quoi qu’il en coûte, on a ensuite compris que ce coût de cette démarche était une hausse de l’inflation ; et désormais elles nous disent qu’elles vont tout faire pour faire baisser l’inflation, au détriment de la croissance économique s’il le faut, même si cela nous plonge dans une récession mondiale. On peut donc affirmer qu’on se dirige vers un environnement de faible croissance, et certainement une récession des profits des sociétés, ce qui place les actifs plus risqués dans une position difficile », analyse Pablo Martinez.

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« La bonne nouvelle pour 2023, par contre, c’est qu’après avoir connu en 2022 une corrélation entre les obligations et les actions, ce qui est excessivement rare, on devrait revenir à la normale et les obligations représenteront à nouveau une alternative attrayante, surtout celles des sociétés étant donné leur écart de rendement actuel », poursuit-il.

Si les risques de récession pèsent avant tout sur les sociétés, l’expert croit que les prix du marché du revenu fixe prennent d’ores et déjà ces risques en compte ; il en veut pour preuve le doublement de l’écart de rendement des obligations de sociétés en 2022.

Pour demeurer défensif cependant, il recommande les titres de sociétés à courte échéance, soit deux à quatre ans. D’abord parce qu’ils offrent des écarts de rendement qui sont importants sans avoir à s’exposer inutilement à des risques de récession plus prononcée dans un futur éloigné. Ensuite, il y a la fameuse inversion de la courbe des rendements, qui fait que si l’on achète aujourd’hui un titre de société de haute qualité, noté A par exemple, on ajoute 140 à 150 points de base au rendement gouvernemental de 3,60 %, pour un rendement final de 5 % sur une échéance aussi courte que deux ans. « Si je vous avais dit, voilà un an, que vous obtiendrez 5 % pour deux ans sur un tel titre, vous ne m’auriez pas cru ! », lance-t-il.

« À mesure que nous progressons dans un environnement économique incertain, nous devons jouer la défensive et cela signifie deux choses. D’abord, nous préférons sous-pondérer le haut rendement pour favoriser la catégorie investissement. Et au sein des placements à haut rendement que nous conservons, nous accroissons la qualité de nos titres, en abandonnant les CCC et CC en faveur des BB et des B. Et puis, il y a l’échéance, que nous préférons garder plus courte que celle de l’indice de référence », explique Pablo Martinez.

Une chose est sûre, selon lui : mieux vaut participer à un marché quelque peu incertain que de rester sur la bande en achetant des CPG, comme beaucoup de Canadiens ont fait ces derniers mois.

« Les CPG ne doivent être qu’un repli temporaire. Il est difficile d’évaluer le meilleur moment de revenir dans le marché, mais nous croyons que la corrélation négative entre obligations et actions va reprendre en 2023, et que les obligations se portent mieux que les actions en période de difficultés économiques. C’est donc le moment de surpondérer le revenu fixe, en favorisant les obligations de société. L’échéance optimale est entre deux à quatre ans puisqu’elle offre des rendements intéressants tout en offrant une protection contre un éventuel recul de l’écart de rendement. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.