Le secteur bancaire n’en a pas fini avec les risques de crise

Par La rédaction | 17 mai 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Même si l’attention des autorités de régulation et des analystes se focalise sur le renforcement du bilan des banques, certaines faiblesses du système financier demeurent et ne doivent pas être sous-estimées, rappellent Les Echos.

Citant les résultats d’une récente étude d’Oxford Economics, le quotidien économique français souligne que le « calme trompeur » qui règne sur le front bancaire ainsi que les progrès réalisés au cours de ces dernières années « ne doivent pas faire oublier de nombreuses poches de faiblesse ».

En effet, même si les grandes institutions financières mondiales ont en moyenne doublé leurs fonds propres depuis la crise de 2007-2008, ce bon résultat pourrait masquer une situation plus préoccupante qu’il n’y paraît à première vue.

UN TABLEAU PEU RELUISANT

Oxford Economics juge en particulier que l’indicateur du ratio de solvabilité, utilisé dans l’industrie pour s’assurer qu’un établissement financier dispose d‘une capitalisation suffisante, est « assez peu prédictif » en matière de faillite bancaire. La raison? Cet outil « permet aux banques de moduler le montant des fonds propres nécessaires selon le type d’actif présent à leur bilan », ce qui fausse la donne, expliquent Les Échos.

La firme spécialisée dans l’analyse et les prévisions économiques lui préfère donc un autre indicateur, « plus fruste mais moins facile à manipuler » : le ratio de levier, qui mesure les fonds propres d’une institution financière rapportés au total de ses actifs, indépendamment de leur niveau de risque, détaille le journal.

Dans ce cas, le tableau devient nettement moins reluisant puisque certaines banques détiennent parfois seulement deux ou trois dollars de capital pour 100 dollars d’actifs, comparativement à un montant de 12 à 18 dollars dans le cas du ratio de solvabilité. Mais surtout, insiste Oxford Economics, l’amélioration des bilans bancaires n’est pas forcément représentative de la réalité car elle « a coïncidé dans certains pays avec une hausse rapide des créances douteuses ».

LES EFFETS DES BAS TAUX D’INTÉRÊT

La firme de prévisions estime par ailleurs que l’environnement de taux faibles instaurés par les banques centrales pour soutenir leurs économies nationales risque d’occasionner de nouveaux problèmes pour les institutions financières. En effet, expliquent Les Échos, les bas taux actuellement pratiqués les poussent à accroître la durée sur laquelle elles prêtent, et en même temps à raccourcir celle sur laquelle elles empruntent. « Prêter sur 20 ou 25 ans, si le risque est maîtrisé, permet à la banque d’aller capter un surcroît de rémunération, les prêts de longue durée étant plus onéreux pour l’emprunteur », souligne le journal.

Oxford Economics avertit également que certains établissements bancaires pourraient se retrouver en difficulté « si les coûts de financement à court terme devaient s’envoler », même si les ratios de liquidité qu’elles sont tenues d’atteindre ont été conçus pour limiter les dégâts dans l’hypothèse où une nouvelle crise surviendrait. Enfin, la firme relève que le renforcement de la régulation bancaire partout dans le monde a contribué à l’explosion du « shadow banking », un secteur de la finance non régulé qui pourrait, en cas de crise, contribuer à aggraver la situation.

La rédaction