Le spectre de la concentration des portefeuilles

Par La rédaction | 28 août 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : lightwise / 123RF

L’attrait des titres technologiques est devenu si fort que les conseillers qui tentent de diversifier les portefeuilles se heurtent à la résistance de leurs clients, rapportait récemment Financial-Planning.

L’un des effets de la pandémie a été d’augmenter davantage le poids des géants technologiques dans les marchés boursiers. En août, cinq entreprises (Apple, Amazon, Microsoft, Facebook et Alphabet) représentaient à elles seules presque un quart de la valeur de l’indice S&P 500, une augmentation de 17 % par rapport à janvier. 

Plus tôt en août, Apple est devenu la première société américaine à valoir plus de 2 000 milliards de dollars en Bourse, à peine deux ans après avoir été la première entreprise privée à franchir le cap des 1 000 milliards de dollars. Signe des temps, c’est au cours des 21 semaines précédant le 19 août, alors que l’économie mondiale s’enfonçait, qu’Apple est allé chercher 1 000 milliards de dollars de valeur supplémentaires, rappelait le New York Times.

À 7,2 %, Apple occupe deux fois plus de place dans le S&P 500 qu’Exxon Mobil il y a 10 ans (environ 3,2 %), alors que la pétrolière trônait en tête de l’indice. Signe des temps, Exxon Mobil vient d’être chassée du Dow, ce qui permettra à encore plus d’entreprises technologiques, notamment Salesforce, d’y entrer. Cette situation signifie que les fonds passifs qui répliquent l’indice dépendent eux aussi de plus en plus de ce secteur. 

TECHNO-DÉPENDANCE

Certains fonds de pension gérés activement se retrouvent aussi très concentrés dans le secteur technologique. Au 30 juin, le fonds Fidelity Contrafund, qui gère 128 milliards de dollars américains (168 G$ CA) investissait 23,7 % de cette somme dans Amazon, Facebook et Microsoft. Au deuxième trimestre, les actions d’Apple représentaient environ 44 % du portefeuille de Berkshire Hathaway.

L’émergence de nouvelles technologies, ironiquement, contribue aussi à cette situation. Les investisseurs autonomes ont accès à des applications mobiles qui ne facturent aucuns frais de commission et s’en servent pour acheter des portions d’actions.

Ainsi, ils peuvent se procurer des fractions d’actions normalement hors de prix pour les petits investisseurs au détail. Mardi dernier, l’action d’Amazon valait 3 346 $US (4 414 $CA). Or, des firmes comme Charles Schwab et Stash Financial permettait à des particuliers d’en acheter des portions pour aussi peu que 5 dollars, voire parfois même 5 cents.  

Résultat : une part de plus en plus importante de l’épargne-retraite des investisseurs dépend de la bonne ou mauvaise fortune de ces entreprises. Cette forte concentration donne des sueurs froides à plusieurs conseillers, notamment ceux qui ont connu l’éclatement de la bulle techno à la fin des années 1990. 

DES CLIENTS DIFFICILES À CONVAINCRE

Bien sûr, en ce moment, cet exposition s’avère payante. Cette année, les actions des cinq géants technologiques ont bondi de 53 %, alors que la médiane de l’ensemble des titres du S&P 500 a baissé de 5 %. Mais en cas de pépin, le choc risque d’être rude pour les investisseurs.

C’est pourquoi certains conseillers tentent de convaincre leurs clients de se diversifier davantage, notamment en achetant des titres qui coûtent moins cher, comme les petites capitalisations ou les actions internationales. Mais les client rechignent, surtout s’ils doivent au passage payer des taxes sur les gains en capital.

Même les investisseurs normalement prudents se laisseraient ensorceler par le chant des sirènes, par peur de rater une occasion. Vivez-vous la même expérience avec vos clients?

La rédaction