Le style valeur prend « enfin » les devants

Par Jeff Agne | 21 juin 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’écart se resserre entre les deux styles d’investissement, mais le style valeur offre encore de belles aubaines, croit Jeff Agne, directeur exécutif et cogestionnaire de portefeuilles de style valeur à large capitalisation, Rothschild Asset Management.

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En prenant l’indice S&P 500 pour référence, il note que le bénéfice par action y était de 163 $ en 2019, puis de 142 $ en 2020 à cause de la pandémie. Mais cette année, il devrait atteindre environ 188 $, et probablement 210 $ en 2022. À ce moment, le bénéfice par action des sociétés de l’indice aura pris 10 % par rapport à 2021 et 28 % par rapport à 2019. Des chiffres pour le moins prometteurs.

Déjà les résultats financiers annoncés au premier trimestre ont dépassé les attentes et engendré une vague d’optimisme sur les marchés. Les entreprises voient la demande s’améliorer progressivement et dans certaines industries, seule l’insuffisance des inventaires empêche la croissance des ventes d’être encore plus élevée.

« Cela étant dit, les attentes sont si élevées dernièrement que dans bien des cas, l’annonce de résultats financiers positifs n’a pas eu d’effet sur les prix des actions, car ceux-ci incorporaient déjà des prévisions positives », observe Jeff Agne.

Selon l’expert, les actions de style valeur ont « enfin pris le leadership » sur les marchés en 2021, après près d’une décennie de surperformance du style croissance. À ce point de l’année, l’indice du style valeur Russell 1000 Value a pris 17,5 % contre seulement 6,5 % pour son cousin, l’indice de style croissance Russell 1000 Growth.

« Mais ce qui est intéressant, c’est que sur une base relative, les actions de style valeur s’échangent encore à des prix très élevés. Ils coûtent environ 21 % plus cher que l’ensemble de l’indice S&P 500, tandis que les actions de style valeur sont offerts à un rabais de 16 %. Donc même si l’écart se resserre en termes de performance et de valeur relative, il reste de la place pour miser sur le style valeur », dit Jeff Agne.

« De plus, de larges parties de l’économie, qui dépendent de la réouverture des échanges commerciaux, comme les services financiers, l’énergie et certaines industries, composent une bonne partie de l’indice de style valeur », poursuit-il.

Il s’attend quand même à de la volatilité plutôt qu’une ligne bien droite de croissance.

« De nombreux signes pointent vers une guérison de l’économie, mais il y aura des obstacles sur la route, comme les chiffres de l’emploi qui ont été annoncés début mai, ou les craintes d’une poussée inflationniste. Nous ne pouvons prédire où le marché se dirige, mais nous nous attentons à une volatilité élevée tant que la pandémie reste active. Elle est elle-même une autre inconnue, car bien que la situation s’améliore aux États-Unis, il y a encore beaucoup de pays qui se battent contre le virus. Et, bien sûr, il est toujours possible qu’un nouveau variant apparaisse aux États-Unis et leur fasse à nouveau perdre du terrain », tempère Jeff Agne.

Il s’inquiète aussi des projets de la nouvelle administration concernant l’imposition des sociétés.

« Les démocrates réclament une hausse dans le haut des 20 % tandis que les républicains préfèrent le bas des 20 %. Peut-être qu’ils trouveront un compromis si une telle chose est encore possible à Washington. En plus de la fiscalité, il y a les négociations en cours sur un plan de dépenses en infrastructures, avec de possibles répercussions politiques et budgétaires qui pourraient affecter aussi bien les producteurs d’énergie que le secteur de la défense. Et ce n’est qu’une partie des changements politiques qu’il faut surveiller du côté de Washington », analyse Jeff Agne.

Côté actions prometteuses, il cite l’entreprise biopharmaceutique AbbVie, qui a une capitalisation boursière d’environ 200 milliards de dollars. Elle est en position dominante dans les marchés de l’inflammation, des cancers du sang, et de l’esthétique (Botox). Des nouveaux produits vont l’aider à réaliser un plus haut ratio cours bénéfice – il n’est actuellement qu’à 8,3 fois les prévisions pour 2022. L’entreprise a aussi le potentiel d’accroître son dividende, qui est déjà de 4,5 %.

D’autres actions ont perdu de l’intérêt à ses yeux, comme le groupe médiatique Discovery Communications et le constructeur Pulte Homes.

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Jeff Agne

Directeur général Jeff est membre de notre équipe Large Cap et est gestionnaire de portefeuille pour nos stratégies US Large Cap Core et US Large Cap Value. Jeff fait partie du cabinet depuis 2015 et dans l’industrie depuis 2001. Auparavant, il était co-gestionnaire de portefeuille pour la stratégie Global Focus chez PineBridge Investments. Il a également été analyste de recherche sur les actions chez Banc of America Securities et Schwab Soundview Capital Markets, et consultant pour FactSet Research Systems. Jeff est titulaire d’un BS de l’Université du Vermont et d’un MBA de la Stern School of Business de l’Université de New York.