L’écart « insensé » des pays émergents

26 mars 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Viacheslav Dubrovin / 123RF

Les peurs qui ont fait fuir tant d’investisseurs l’an dernier étaient peu fondées en fin de compte, croit Robert Abad, spécialiste de produit à Western Asset Management, en Californie.

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« Les marchés émergents ont connu la tempête parfaite en 2018. Comme si la peur des hausses à la Fed n’était pas assez, la hausse du dollar face aux devises des pays émergents a aussi nui à cette catégorie d’actifs. Les rumeurs de guerre commerciale n’ont pas aidé non plus, ni les tweets de l’administration Trump attaquant la Chine ou nos alliés stratégiques ni les risques électoraux au Mexique et au Brésil auxquels la plupart des investisseurs sont exposés », dit Robert Abad.

Toujours convaincu du bien-fondé d’investir dans les pays émergents, l’expert se dit ravi de leur reprise des dernières semaines, et croit que la suite des événements sera positive.

« La croissance se poursuit et l’inflation reste stable dans les principales économies du monde, et les banques centrales visent à réduire leurs taux après avoir voulu les augmenter l’an dernier pour stabiliser leurs devises. Tout cela a rendu très attrayante la valeur des titres des marchés émergents », dit Robert Abad.

Il donne pour preuve les écarts de rendement entre les obligations des pays développés et émergents, qui sont restés aux niveaux de 2018, voire de 2016, selon lui.

« Cela nous semble insensé puisque nous ne sommes aucunement dans un scénario de crise mondiale, loin de là », lâche-t-il.

« Quant à leurs devises, elles sont 35 % plus faibles qu’il y a cinq ans. Et le rendement réel de leurs obligations est bien meilleur que celles des pays émergents. Des pays comme le Brésil, l’Inde, la Russie, le Mexique et l’Indonésie offrent un rendement moyen de 8 à 8,5 %. Cela présente des occasions convaincantes de notre point de vue », dit Robert Abad.

L’expert reconnaît certains risques inhérents à l’investissement dans ces marchés, à commencer par le spectre du ralentissement en Chine. Toute tendance soutenue à la baisse nuirait à la croissance mondiale, et les premières victimes seraient les actifs plus risqués comme les titres des pays émergents, selon lui.

« Mais nous sommes encouragés par les initiatives de la Chine pour soutenir son économie, en réaction aux nouvelles barrières douanières qui ont affecté son secteur manufacturier. Ils ont initié des baisses d’impôt, augmenté les dépenses budgétaires, et encouragé les prêts au secteur privé. Ce sont des points positifs qui laissent à croire que le ralentissement du dernier trimestre va se renverser au cours de l’année », analyse Robert Abad.

« Ces inquiétudes sont aussi atténuées par la clarté apportée aux plans de la Fed concernant les taux d’intérêt. Nous sommes près d’une fin de cycle économique et cela va profiter aux pays émergents, de même qu’aux obligations de catégorie investissement et à haut rendement. Ce sont toutes des catégories d’actifs qui ont souffert l’an dernier et sont revenues en force, pour de bonnes raisons à notre avis », poursuit l’expert.

Il rejette l’idée que les éléments fondamentaux des obligations se détériorent et que les défaillances se multiplient.

« Cela est simplement dû aux problèmes de certains grands noms comme GE. Nous en avons justement profité pour accroître nos investissements dans des domaines comme le crédit des sociétés, le haut rendement européen. Nous apprécions les institutions européennes, car leurs états financiers continuent de se solidifier, et la valeur actuelle de leurs titres ne reflète pas ces améliorations. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.