L’économie en 2015 : des perspectives encourageantes

Par Frédérique David | 10 novembre 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
4 minutes de lecture

De gauche à droite : François Dupuis, vice-président et économiste en chef au Mouvement Desjardins, Paul Fenton, vice-président principal et économiste en chef à la Caisse de dépôt et placement du Québec, Stéfane Marion, économiste et stratège en chef à la Banque Nationale, et Clément Gignac, vice-président principal et économiste en chef chez Industrielle Alliance (modérateur).

Trois des plus grands économistes de la province étaient réunis le 31 octobre dernier à Montréal pour débattre des perspectives économiques de 2015. Ils ont émis des prévisions relativement optimistes lors de l’événement, organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal, sous la modération de Clément Gignac, vice-président principal et économiste en chef à l’Industrielle Alliance.

Atterrissage contrôlé en Chine

Stéfane Marion, économiste et stratège en chef à la Banque Nationale, envisage un « atterrissage en douceur » en Chine avec une économie qui annonce des changements.

« La Chine misera moins sur une économie basée uniquement sur les exportations, dit-il. Elle ne peut plus s’accaparer toute la production mondiale, car cela engendre des problèmes de pollution. »

Avec une économie plus nationale, la Chine devrait poursuivre tranquillement sa progression, prévoit l’économiste.

« On pourrait avoir un potentiel de croissance de 6 % ou 7 % », annonce-t-il.

Signes de reprise aux États-Unis

Les données encourageantes aux États-Unis peuvent compenser la faiblesse de la zone euro, croit Stéfane Marion.

« La création d’emplois affiche les meilleurs résultats jamais enregistrés en six ans et les prêts consentis par les banques américaines en 2014 enregistrent la plus forte croissance depuis la crise du crédit, dit-il. Nous avons beaucoup de chance d’être voisins des États-Unis car les prévisions y sont encourageantes pour 2015. »

L’économiste s’est d’ailleurs montré le plus optimiste des trois lors du débat, n’hésitant pas à annoncer une croissance nominale de 5 % aux États-Unis en 2015. De son côté, Paul Fenton, vice-président principal et économiste en chef à la Caisse de dépôt et placement du Québec, prévoit une croissance entre 2,5 et 3 % tandis que François Dupuis, vice-président et économiste en chef au Mouvement Desjardins, annonce une croissance de 3 %.

« Après, cela baissera autour de 2 %, ajoute ce dernier. Ce qui va faire une différence, c’est l’innovation. Certains spécialistes disent que l’homme a pratiquement tout inventé. J’en doute un peu. »

Prévisions rassurantes au Canada

Les trois économistes se sont montrés relativement confiants en ce qui concerne l’économie canadienne.

« Tant et aussi longtemps que nous aurons des politiques d’immigration porteuses [qui tentent de garantir un emploi pour chacun], nous n’avons pas de raison de nous inquiéter pour l’économie canadienne », a déclaré Stéfane Marion.

« Je pense que la croissance sera d’environ 2 % au Canada, a annoncé Paul Fenton. Je ne vois pas vraiment de situation qui pourrait entraîner de gros problèmes dans le secteur financier. »

« Nous allons passer à travers sans trop d’encombres », a ajouté François Dupuis, qui recommande cependant de ne pas chercher à atteindre trop rapidement l’équilibre budgétaire.

« On sait, par expérience, que lorsqu’elles sont trop rapides et trop radicales, les coupes engendrent des coûts plutôt que des économies, ce qui retarde le processus, dit-il. Si jamais les revenus ne sont pas tout à fait au rendez-vous, il serait souhaitable de prendre quelques mois de plus pour essayer d’atteindre l’équilibre budgétaire. »

Inquiétudes à l’international

Les trois experts ont convenu que de nombreux pays sont sortis de la crise, mais que des zones de faiblesse demeureront en 2015, particulièrement en Europe et au Japon. « L’Europe est dans une situation fragile, a admis Paul Fenton. Je doute que la France, tout comme le Japon et le Brésil, fasse ce qu’elle devrait faire, a-t-il ajouté. La banque centrale européenne n’est pas capable de sauver la situation, François Hollande non plus. Il faut des programmes sociaux moins généreux, rendre le marché du travail plus flexible et introduire plus de concurrence dans le marché des biens et des services. »

Au Japon, les stratégies mises en place par le gouvernement ces dernières années pour stimuler l’économie ne semblent pas fonctionner.

« Les résultats sont très mitigés, constate François Dupuis. Le Japon continue de s’enliser dans son marasme économique. »

La rédaction vous recommande :

Frédérique David