Lectures : Étude zoologique des bandits à cravate

Par Nicolas Ritoux | 10 mai 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Evgenii Naumov / 123RF

Comment les Vincent Lacroix et Earl Jones de ce monde parviennent-ils à duper autant d’investisseurs? Et comment les démasquer avant qu’il ne soit trop tard? C’est le sujet de la recherche détaillée d’Olivier Mesly dans son ouvrage Comment les bandits à cravate s’y prennent-ils?

Ce conférencier en marketing s’inspire des animaux de l’astrologie chinoise pour peupler son écosystème de la prédation, composé de quatre catégories d’individus :

– Les producteurs (cheval, buffle, chèvre) – Les consommateurs (lapin, singe, cochon) – Les déconstructeurs (rat, ver, bactérie) – Les régulateurs (chien, tigre, coq)

À travers l’ouvrage, ces animaux sont mis en scène dans des études de cas où M. Mesly détaille les mécanismes à l’œuvre chez des prédateurs comme Vincent Lacroix ou Stevens Demers.

Qu’ils soient financiers ou sexuels, les prédateurs cherchent tous le plaisir de la récompense sans égard à la douleur de l’autre. Ce qui réunit le prédateur et sa proie, c’est le « subterfuge » : il peut s’agir d’une feinte, d’une fausse identité, d’un mimétisme, d’une ruse, d’une obnubilation ou d’une séduction.

Là où ça se complique, c’est que ces subterfuges sont utilisés autant par les prédateurs pour cacher leur intention que par les proies pour cacher leur vulnérabilité. En effet, Olivier Mesly n’hésite pas à jeter une part de la responsabilité de la prédation sur les proies, qui participent souvent à leur propre malheur sans s’en rendre compte.

Qu’il soit vendeur ou acheteur, le prédateur suit une séquence organisée qui l’amène à miser sur les vulnérabilités de sa proie. Son parcours « inévitable » comprend les étapes suivantes :

  • Une occasion (une bonne étoile, des liens privilégiés);
  • Un outil (un stratagème complexe, une confiance aveugle, un compte bancaire fantôme);
  • Un motif (le gain personnel, le pouvoir ou la vengeance);
  • Un obstacle (le désistement de certaines alliées, les normes et les lois).

Olivier Mesly liste plusieurs signes avant-coureurs de la prédation, en recommandant au lecteur de se renseigner et de se protéger aussitôt qu’il les décèle :

  • Votre agent financier vous promet mer et monde;
  • Il est « extraordinairement gentil »;
  • Il dépense comme si l’argent poussait sur les arbres;
  • Sa firme-comptable est obscure;
  • Il a des comptes à l’étranger;
  • Il a des liens privilégiés « douteux ou excentriques »;
  • Il est isolé;
  • Il cultive un climat d’exclusivité et de secret;
  • Il semble contrôler tous les obstacles (dépression économique, lois et réglementations);
  • Ses statistiques sont extraordinaires;
  • Il estime que vous ne pouvez pas comprendre;
  • Il vous dit de lui faire confiance;
  • Il n’agit jamais seul.

Olivier Mesly, « Comment les bandits à cravate s’y prennent-ils? Vu sous l’angle de la prédation », Béliveau Éditeur, 174 p., 17,95 $

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.