Lectures : ils sont fous, ces investisseurs

Par Nicolas Ritoux | 23 mai 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Malgré la pléthore d’information financière disponible, bon nombre d’investisseurs continuent à obtenir des rendements catastrophiques – même dans des marchés haussiers. C’est ce paradoxe qui a poussé Bernard Mooney à explorer les pulsions irrationnelles de l’investisseur dans Maîtriser les démons de la bourse (éd. Les Affaires).

Le chroniqueur du journal Les Affaires passe en revue les « démons » qui jaillissent de notre inconscient lorsque nous faisons face au marché boursier.

– Tout d’abord, la peur. Mieux vaut accepter l’idée de l’échec, car c’est lui qui nous fera gagner au bout du compte. Bernard Mooney cite ici la méthode Sedona décrite par Hale Dwoskin, qui consiste à prendre du recul pour reconnaître son émotion puis la laisser s’exprimer et disparaître d’elle-même. Dès qu’on reconnaît sa capacité à lâcher prise, on est mûr pour le faire, et passer à autre chose.

– Sur l’envie, Bernard Mooney conseille de remettre en perspective la réalité d’autrui dans le contexte de nos propres vies. En regardant sa situation en rapport à quelqu’un d’autre, on se laisse contrôler de façon parfaitement inutile.

– Enfin, l’avidité : ses symptômes incluent le suivi obsessif des cotes boursières, la concentration sur une poignée de titres, l’absolutisme dans les objectifs de portefeuille; bref, l’avidité consiste à vouloir s’enrichir « vite vite vite ». Il s’agit de classifier ce que l’on veut selon des « devises pertinentes » : certains buts de la vie, comme l’amitié et le bien-être, s’achètent avec d’autres choses que l’argent.

Bernard Mooney décrit ensuite les outils de l’investisseur raisonné :

  • Rédiger sa politique de placement : établir des objectifs clairs et réalistes donne un baromètre en période d’incertitude. Cette politique doit intégrer des règles strictes de diversification et de rééquilibrage. « Prenez immédiatement une heure [pour la rédiger]. C’est important, faites-le maintenant », nous dit le chroniqueur.
  • Établir sa liste de contrôle (checklist) : celle-ci comprend des critères d’achat de titres qualitatifs et quantitatifs incluant les performances de l’entreprise, ses dirigeants, son secteur, etc.
  • Tenir un journal des décisions : c’est en revisitant le raisonnement qui nous a poussés à acheter tel ou tel titre que l’on prendra mieux conscience des démons qui sont à l’œuvre dans nos décisions.
  • Faire un portefeuille des titres que l’on a vendus dans le passé, à l’aide d’un outil gratuit comme en proposent Yahoo ou Google. La plupart des gens vendent trop tôt; ils s’en rendront compte de façon brutale en suivant le progrès de leurs titres vendus.
  • Suivre les médias : « les conclusions et les prédictions des experts sont bonnes pour la poubelle », mais les médias offrent des informations essentielles. Il s’agit de les filtrer selon sa philosophie de placement.

La dernière partie de l’ouvrage donne des conseils concrets pour passer à l’action, qui peuvent se résumer en une phrase : vous devez devenir une « machine à apprendre ». Cela implique d’analyser chaque titre patiemment, en lisant les rapports des sociétés et en observant leur industrie et leur concurrence. Eh oui, la réussite dépend aussi du travail. Pour garder la motivation sans perdre la raison, il s’agit d’atteindre un bon équilibre entre la passion et le détachement. Pas évident! Pour vous aider, utilisez « l’outil manquant » de Bernard Mooney : votre jugement. Ce sont votre « force psychologique » et votre « santé émotive » qui vous donneront l’avantage en Bourse.

Bernard Mooney, « Maîtriser les démons de la Bourse », éd. Les Affaires, 184 p., 32,95 $

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.