L’épargne en période de vache maigre

Par Doug Carroll | 9 août 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
3 minutes de lecture

Peu de temps avant l’été, Jennifer, une amie de longue date, a perdu son emploi. La nouvelle l’a prise au dépourvu bien que l’entreprise ait annoncé auparavant devoir sabrer dans le personnel à cause du surplace persistant de l’économie.

Si son ego en a pris un coup, ses compétences sont demeurées intactes et elle a immédiatement bénéficié de services externes d’aide au placement. Toutefois, les perspectives d’emploi lui semblaient bien minces dans le contexte d’une morosité économique qui selon elle ne s’améliorerait sans doute pas pendant la saison estivale.

Options d’épargne pour la paie finale Par ailleurs, elle attendait encore de recevoir sa paie finale. L’entreprise lui a proposé d’en verser une partie dans son REER collectif et attendait qu’elle donne rapidement des instructions à cet égard. Inutile de dire que cette décision était une autre source de stress.

Elle disposait de trois options.

  • Investir dans son REER collectif par un prélèvement à la source, c’est-à-dire un montant tiré de son revenu brut.
  • Investir dans son REER individuel un montant après impôt (bien que le montant de la cotisation soit déductible dans sa déclaration de revenus).
  • Investir le montant après impôt dans un compte d’épargne libre d’impôt (CELI), sans aucune autre incidence fiscale.

Astuces pour une longue période sans emploi Et si Jennifer avait raison au sujet du marché de l’emploi durant l’été? Et si elle ne trouvait toujours pas un poste approprié au cours de l’automne? Faute d’avoir une réserve suffisante pour les urgences, elle risque d’avoir besoin, pour ses dépenses courantes, de puiser dans la paie finale qu’elle espérait mettre de côté.

Supposons que Jennifer ait choisi de verser cette somme dans son REER. Étant donné l’impôt retenu à la source sur les retraits de REER (voir le tableau intitulé Taux de retenue sur les retraits), il lui faudrait retirer un montant plus important que celui qu’elle désire afin de disposer de l’argent nécessaire et, selon ses besoins, le montant du retrait risque même d’être supérieur à la cotisation d’origine.

Pire encore, elle devra payer de l’impôt sur ce retrait de REER si l’impôt retenu à la source est inférieur à celui déterminé lorsqu’elle fera sa déclaration de revenus. Que dire si elle reste sans emploi jusqu’à l’année prochaine? En outre, elle ne pourra pas récupérer les droits de cotisations au REER correspondant à ces retraits.

Le CELI est la meilleure solution dans le cas de Jennifer, jusqu’à concurrence du plafond autorisé. Si elle demeure sans emploi, il lui sera plus simple et moins coûteux de retirer de l’argent de ce compte. Dans le cas du CELI, il n’y a ni retenue à la source, ni impôt à payer, et le montant du retrait redevient ultérieurement un droit de cotisation.

Si, contrairement à ses craintes, Jennifer trouve du travail plus rapidement – ce qui s’est d’ailleurs produit –, elle pourra transférer dans son REER individuel le montant épargné dans le CELI lorsqu’elle sera bien établie dans son nouvel emploi.

Taux de retenue sur les retraits de REER/FERR
Montant

Général

Québec

Jusqu’à 5000 $

10 %

21 %

5000 $ à 15 000 $

20 %

26 %

5000 $

30 %

31 %

Doug Carroll, Juris Doctor, LLM (fiscalité), planificateur financier agrée, TEP, est vice-président de la fiscalité et de la planification successorale d’Invesco Canada.

Doug Carroll