Les actifs réels, seul vrai refuge?

Par Nicolas Ritoux | 15 juin 2022 | Dernière mise à jour le 11 octobre 2023
3 minutes de lecture

Le spectre d’une récession justifie plus que jamais d’investir dans l’immobilier et les infrastructures, croit Larry Antonatos, gestionnaire de portefeuille à Brookfield Asset Management.

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Alors que les banques centrales commencent à resserrer leurs politiques monétaires, en augmentant leurs taux et en réduisant leurs achats d’actifs, on peut s’attendre à un ralentissement de l’inflation et de la croissance économique. Les baisses survenues sur les marchés d’actions dans la première partie de 2022 poussent les investisseurs à chercher des valeurs refuges, comme l’immobilier et les infrastructures.

« Les deux secteurs présentent des caractéristiques défensives attractives dans le contexte actuel. On y trouve des entreprises dont les profits et les flux de liquidités sont relativement plus prévisibles, en raison des baux à long terme dans le cas de l’immobilier, et des prix établis par contrat ou par la réglementation dans le cas des infrastructures », explique Larry Antonatos.

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Les deux présentent tout de même des différences, précise l’expert.

L’immobilier est un marché plus libre, influencé par l’offre et la demande, avec une croissance cyclique de l’offre basée sur l’optimisme des promoteurs, et une demande également cyclique en corrélation avec l’activité économique. Les prix peuvent y être volatiles, car ils sont déterminés par des négociations libres entre propriétaires et locataires.

Les infrastructures, en revanche, sont habituellement réglementées avec un certain niveau d’intervention des gouvernements dans l’offre, la demande et les prix. Elles subissent aussi très peu de concurrence, et jouissent d’une demande stable puisqu’elles livrent des services essentiels avec peu de sensibilité à l’activité économique. Elles pratiquent des prix prévisibles, qui sont souvent même indexés à l’inflation par contrat. Elles sont donc encore plus défensives que l’immobilier.

« Si la croissance ralentit de façon modeste, les deux secteurs devraient offrir des rendements modestes et surperformer par rapport aux secteurs cycliques traditionnels. Dans un environnement de récession avec une croissance négative, les infrastructures devraient faire mieux que l’immobilier », prédit Larry Antonatos.

Il faut s’attarder aux sous-secteurs pour dénicher les meilleures occasions de placement, insiste-t-il.

« L’immobilier est plus sensible à la croissance quand il s’agit de baux à court terme, comme les hôtels à la nuit, l’entreposage au mois, ou les appartements à l’année. Il s’agit d’éviter ces sous-secteurs en période de récession. Mais les baux à plus long terme, comme dans le commercial, l’industriel et les bureaux, résistent davantage et doivent être privilégiés. »

« Du côté des infrastructures, la sensibilité à la croissance est plus élevée dans les transports – aéroports, ports, routes à péage – car leurs revenus dépendent de leur volume d’utilisation. Les télécommunications et les services d’utilité publique, en revanche, jouissent d’une demande stable et offrent donc de bons refuges en période de récession », poursuit Larry Antonatos.

Mais à quel point doit-on craindre une récession dans l’avenir proche ? Il existe trois possibilités selon lui.

« On pourrait très bien voir la croissance ralentir, mais sans récession; ou encore assister à une récession assez légère et courte. Dans les deux cas, les actifs réels de même que les catégories d’actifs traditionnelles devraient tous bien performer. Mais si nous tombons dans une récession profonde et prolongée, à cause d’erreurs de la part des banques centrales, ce seront les infrastructures qui performeront le mieux, et une partie de l’immobilier sera affectée une fois les baux venus à terme. Néanmoins, nous croyons que le scénario le plus probable est un ralentissement sans récession. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.