Les années 20 seront très différentes des 10 (EN FRANÇAIS)

Par Luc de la Durantaye | 14 avril 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Inflation, surperformance des secteurs cycliques, perte de vitesse des marchés américains : nous sommes entrés dans une toute nouvelle ère pour les investisseurs, croit Luc de la Durantaye, stratège en chef, Gestion d’actifs CIBC.

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« Les données du consensus se rapprochent de plus en plus de notre vision d’un environnement de forte croissance économique. On perd l’incertitude qui régnait au sujet de la croissance. L’attention des marchés va plutôt porter sur les risques d’inflation. C’est un environnement très différent des 5 à 10 dernières années où l’on n’avait pas ce genre de crainte », observe Luc de la Durantaye.

Bien qu’il reconnaisse que l’inflation est très difficile à prévoir, l’expert voit plusieurs facteurs qui pourraient l’alimenter.

« Les nombreuses mesures de relance dues à la pandémie sont sans précédent, tant au niveau du soutien des banques centrales que de la taille des dépenses des gouvernements. Ceux-ci ont accumulé une dette importante en conséquence. Cela leur donne une bonne motivation pour continuer de soutenir la croissance et de générer de l’inflation afin de ralentir la croissance de la dette par rapport au reste de l’économie », explique M. de la Durantaye.

« Les gens voient bien que les prix des matières premières comme le bois d’œuvre, le cuivre et le pétrole ont augmenté énormément, car la demande est forte et l’offre est restreinte en raison du manque d’investissement des entreprises. Les gouvernements parlent également d’augmenter les impôts; nue nouvelle source de coûts pour les entreprises. Mais, la fondation de l’inflation future se trouve surtout dans les salaires. La tendance devrait être à l’augmentation, car la reprise a été très rapide et le taux de chômage est passé de 15 % au creux de la crise à 6 % actuellement ; il lui avait fallu cinq ans pour revenir à ce niveau après la crise financière de 2009 ! », note-t-il.

« Cela veut dire que le marché du travail va être plus serré. La Fed a abandonné sa philosophie qui consistait à attendre le plein emploi avant de resserrer sa politique monétaire, et ce changement d’attitude crée un environnement plus inflationniste », poursuit-il.

Il ne craint pas des 4 à 5 % d’inflation, mais entrevoit aisément 2,5 à 3 % de façon temporaire. Assez selon lui pour déclencher une « chaîne de conséquences ».

« Les banques centrales ont gardé leurs taux près de zéro plus longtemps que prévu, ce qui accentue la courbe des rendements. Les secteurs sensibles aux taux d’intérêt comme les secteurs de croissance ou les services d’utilité publique vont probablement continuer de sous-performer dans ce contexte, tandis que le secteur bancaire qui profite d’une courbe de rendement plus pentue va continuer à relativement bien se porter », croit Luc de la Durantaye.

Son pronostic dans ce nouvel environnement?

« Il y a eu d’importants changements par rapport à l’univers d’investissement des 5 à 10 dernières années. Tous les secteurs cycliques auront une plus forte croissance et les matières premières seront bien soutenues. Puisque le marché américain est moins exposé à ce type de titres, et qu’on en trouve beaucoup plus à l’international, on devrait assister à une surperformance des marchés internationaux. Une chose que l’on commence d’ailleurs à voir depuis l’été dernier. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Luc de la Durantaye

Luc de la Durantaye, Gestion d’actifs CIBC inc. Entré au service de Gestion d’actifs CIBC inc. en décembre 2002, Luc de la Durantaye est chef de l’équipe Répartition globale de l’actif œuvrant à l’intérieur de la plateforme Gestion de placements de la société.