Les banques européennes sortent le couperet

Par La rédaction | 20 octobre 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
4 minutes de lecture

Plans de restructuration, projets de scission ou de vente d’actifs, changements de direction… Plusieurs grandes banques européennes sont en train de revoir leur stratégie avec de lourdes conséquences pour l’emploi, rapporte Le Monde.

« On croyait la crise de 2008 enterrée, les profits plantureux revenus, bonus compris, et le paysage durablement stabilisé après la tourmente des dernières années. Il semblerait que non, au vu des annonces qui pleuvent depuis une semaine sur le secteur », écrit le « quotidien de référence » français dans son édition datée d’hier.

Dernière en date, celle de la Deutsche Bank, « autrefois empereur de la nouvelle économie financière et des années 2000 et aujourd’hui homme malade de la finance européenne ».

DES MILLIERS DE LITIGES JURIDIQUES

Empêtré dans des milliers de litiges juridiques pour son implication dans la plupart des scandales bancaires des dernières années – il a notamment dû payer une amende de 2,5 milliards de dollars aux États-Unis en juin –, le géant allemand a déclaré dimanche son intention de procéder à d’importants changements dans ses activités et de remanier une partie de sa direction.

L’objectif pour le groupe est « de réduire la complexité dans le management de la banque et ainsi de mieux répondre aux besoins de la clientèle et aux exigences des autorités de surveillance », selon un communiqué publié à l’issue d’une réunion extraordinaire de son conseil de surveillance à Francfort.

Dans le cadre de cette vaste refonte, la Deutsche Bank a indiqué que son activité de banque d’investissement allait être scindée en deux à compter du 1er janvier prochain, rappelle l’Agence France-Presse.

23 000 SUPPRESSIONS DE POSTES

Le groupe devrait également modifier la structure de sa direction, notamment en supprimant son comité exécutif. En outre, il envisagerait d’éliminer quelque 23 000 postes afin de ramener ses effectifs à 75 000 personnes.

Au début du mois, la banque avait déjà annoncé la « possible suppression » de son dividende pour 2015, une décision qui serait inédite pour ce poids lourd de l’industrie bancaire « qui, même au plus fort de la crise financière de 2008-2009, n’avait pas renoncé à rémunérer ses actionnaires », souligne l’AFP.

De son côté, Barclays avait indiqué la semaine dernière vouloir se débarrasser de son activité d’investissement et elle devrait elle aussi supprimer prochainement plusieurs milliers d’emplois, à l’instar de Credit Suisse, dont le nouveau directeur général, Tidjane Thiam, a récemment fait part d’une augmentation massive de capital.

BRANLE-BAS DE COMBAT

Quant au groupe bancaire italien UniCredit, il pourrait « remercier » 10 000 personnes au cours des prochains mois, essentiellement en Italie, en Allemagne et en Autriche, soit 7 % de ses effectifs, dans le but de réduire ses coûts et d’améliorer ses bénéfices.

« C’est donc le branle-bas de combat sur le pont des grands vaisseaux de la finance européenne », explique Le Monde, qui estime que « la faiblesse de la reprise économique pousse les banques centrales à maintenir les taux d’intérêt au plus bas, ce qui limite fortement leurs marges ».

Des difficultés auxquelles s’ajoutent « les nouvelles règles édictées par les États après la crise financière qui imposent aux banques des précautions coûteuses », sans parler de « la révolution numérique [qui] impose de lourds investissements ».

PERTE DE SOUVERAINETÉ?

Le problème, note Le Monde, est que les compétiteurs qui proviennent de l’autre côté de l’Atlantique, et qui ont pour noms Goldman Sachs, Morgan Stanley ou JPMorgan Chase, offrent une concurrence extrêmement féroce.

En effet, « depuis 2009, leur part du marché mondial a explosé et représente désormais près de 60 % du métier de la banque d’investissement, qui consiste à aider les entreprises et les institutions à se financer sur les marchés », observe le quotidien.

Dans ces conditions, conclut-il, il n’y a rien d’étonnant à ce que le président de la Fédération bancaire européenne, Frédéric Oudéa, par ailleurs directeur général de la Société générale, brandisse la menace de « perte de souveraineté » de l’Europe.

La rédaction vous recommande :

La rédaction