Les banques invitées à améliorer leurs pratiques

Par La rédaction | 27 novembre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Édifice de la Canadian Bank of Commerce, dans le Vieux-Montréal, Québec.
Photo : Philippe Halle / 123RF

Le MÉDAC a l’intention de mieux combattre les changements climatiques, de développer l’investissement responsable et d’améliorer l’« équité » en matière de rémunération des hauts dirigeants des banques.

Dans son dernier bulletin, le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires émet une série de propositions aux sept grandes institutions financières canadiennes en prévision de leurs assemblées annuelles qui se tiendront l’an prochain.

Ces recommandations portent d’une part sur l’intégration des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans la rémunération des hauts dirigeants, ainsi que sur la lutte contre les changements climatiques et les mesures à prendre pour appuyer la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Elles concernent d’autre part la divulgation du ratio de rémunération des PDG des banques et la création d’un comité des nouvelles technologies afin d’étudier l’incidence des innovations technologiques dans le secteur bancaire.

CRITÈRES ESG ET RÉMUNÉRATION DES DIRIGEANTS

Le MÉDAC propose que le comité de rémunération dépose, dans le compte-rendu de ses activités annuelles, un rapport sur l’importance qu’il accorde à l’intégration des facteurs ESG dans l’évaluation de la performance des hauts dirigeants et dans la fixation de leur rémunération. Pour justifier cette demande, le Mouvement rappelle que « les directives publiées en 2012 par les Principes pour l’investissement responsable des Nations Unies et le Pacte mondial des Nations unies précisent que le recours à ces critères « peut être un facteur important dans la création et la protection de valeur pour les actionnaires ».

Les objectifs à atteindre portent notamment sur la proportion de femmes dans les instances décisionnelles des banques, le taux d’intégration de personnes issues de diverses communautés socioculturelles, les initiatives visant la réduction de la consommation de papier, d’énergie et d’eau, ainsi que sur les actions mises en place pour assurer l’employabilité durable des personnels malgré l’automatisation croissante de certaines tâches.

Comme « l’intégration d’objectifs financiers dans l’évaluation de la performance et la fixation de la rémunération des hauts dirigeants jouent un rôle crucial dans l’atteinte de tels objectifs », il faut « rassurer les actionnaires et les parties prenantes que les critères ESG servent de guide important dans l’évaluation du rendement du PDG et de son équipe de direction », souligne le MÉDAC.

En effet, ajoute-t-il, « les entreprises dotées d’orientations précises en matière d’ESG jouissent généralement d’une meilleure réputation auprès de leurs clientèles, s’adaptent avec plus d’agilité aux changements, gèrent mieux leurs risques, sont plus innovantes et sont ainsi mieux outillées pour développer une valeur ajoutée à long terme pour leurs actionnaires ».

POUR UNE ÉCONOMIE À FAIBLES ÉMISSIONS DE CARBONE

Le MÉDAC propose également que le conseil d’administration des banques divulgue certaines informations publiées par le Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (TCFD) mis sur pied par le Conseil de stabilité financière. En particulier celles qui concernent les affaires de gouvernance, de stratégie et de gestion du risque.

Indiquant qu’« il serait opportun de pouvoir prendre connaissance de ces informations, soit en consultant le site Internet de la banque ou dans son rapport de responsabilité sociale », le Mouvement estime que « cette divulgation est centrale pour les décisions d’investissement des actionnaires, et plus particulièrement pour la génération des millénariaux ». En effet, poursuit-il, les données de l’Association de l’investissement responsable montrent que ce segment de la population est plus sensible aux facteurs ESG que les baby-boomers dans ses prises de décision d’investissement.

« Dans le but de bien informer les investisseurs sur les actions de la banque, il serait important de concentrer l’ensemble de ces informations dans un document connu de tous et facilement accessible au grand public », insiste le MÉDAC, qui suggère donc que le rapport annuel devienne « l’outil de référence premier pour recueillir l’ensemble des informations recommandées par le TCFD ».

RATIO DE RÉMUNÉRATION ET NOUVELLES TECHNOLOGIES

Le Mouvement propose par ailleurs que chaque institution financière divulgue, dans sa prochaine circulaire, le ratio d’équité qu’elle utilise pour fixer les montants versés à ses hauts dirigeants. À ce sujet, il rappelle avoir déposé depuis sa création plusieurs propositions afin d’« assurer les actionnaires que la rémunération du PDG de la banque soit établie en fonction de la valeur qu’il crée tout en étant raisonnable et socialement acceptable ». Par « ratio d’équité », le Mouvement précise qu’il s’agit du « rapport qui existe entre la rémunération totale du PDG et la rémunération médiane des employés ».

« À l’instar des informations qui permettent de juger si la rémunération du PDG et de ses principaux collaborateurs est alignée [avec les intérêts financiers des petits actionnaires], l’information sur le ratio d’équité permet aux actionnaires d’évaluer si la rémunération des employés évolue dans le même sens que celle de ses principaux dirigeants, les employés autres que les dirigeants contribuant aussi à la performance de l’entreprise », justifie le MÉDAC.

Enfin, « inquiet » de la rapidité des changements technologiques en cours, un phénomène qui, selon lui, constitue « une menace » et mérite donc « une attention spécifique », le Mouvement appelle de ses vœux la création d’un « comité des nouvelles technologies » destiné à « anticiper les enjeux de l’intégration des innovations technologiques sur la banque ».

Citant un sondage de PwC inclus dans le rapport Perspectives sur le secteur bancaire 2017 du cabinet, le MÉDAC relève que « 84 % des chefs d’entreprises du secteur bancaire et des marchés financiers dans le monde prédisent que la technologie transformera radicalement la concurrence dans le secteur, ou aura une incidence considérable sur celle-ci, au cours des cinq prochaines années ».

La rédaction