Les banques canadiennes peu emballées par le cannabis

Par La rédaction | 11 avril 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Si les conseillers en services financiers sont encore peu nombreux à proposer à leurs clients d’investir dans l’industrie du cannabis, cela n’a rien d’étonnant, rapporte le Journal de Montréal dans son édition d’hier.

En effet, note le quotidien, bien que ce marché soit aujourd’hui « en pleine ébullition », plusieurs grandes banques au pays préfèrent s’en tenir éloignées… du moins pour l’instant.

« Le secteur du cannabis ne fait pas partie des titres que l’on recommande à moins d’une demande spécifique du client. Nous attendons que le cadre législatif et les règles soient précisés avant de nous positionner définitivement », indique par exemple Chantal Corbeil, porte-parole de Valeurs mobilières Desjardins.

« RAMIFICATIONS JURIDIQUES AUX ÉTATS-UNIS »

Cette position n’est pas nouvelle, puisque l’automne dernier, le président et chef de la direction du Mouvement assurait déjà n’avoir « aucune ouverture pour l’industrie du cannabis ». « Cette activité n’est pas (…) dans nos plans », expliquait alors Guy Cormier, qui rappelait que la coopérative financière était le cinquième assureur vie le plus important au pays, ce qui l’obligeait à faire preuve d’une vigilance particulière. « Avant de nous lancer dans ce secteur-là, on doit y penser à deux fois, car on assure des vies », avait justifié le dirigeant.

Le JdeM relève que la Banque TD va encore plus loin puisque, aujourd’hui, « elle interdit carrément à ses conseillers financiers de recommander des titres de producteurs de pot à leurs clients », à l’exception de ceux de Canopy Growth et de deux petites compagnies.

« C’est un dossier en cours d’évolution qui a des ramifications juridiques aux États-Unis », affirmait récemment au Globe and Mail une porte-parole de la TD. Dans ces conditions, ajoutait-elle, la banque avait choisi de « restreindre ses conseillers dans leurs interactions avec leurs clients en matière d’acquisition d’actions de certaines entreprises du secteur du cannabis » ayant des activités de l’autre côté de la frontière.

DÉJÀ AU MOINS 77 MILLIONNAIRES AU PAYS

En effet, si certains États comme le Colorado et la Californie ont légalisé le cannabis récréatif, cette substance demeure illégale aux yeux du gouvernement fédéral, souligne le Journal. Celui-ci rappelle d’ailleurs que, depuis le mois de février, les autorités provinciales obligent les sociétés canadiennes cotées en Bourse à rendre publiques leurs activités en lien avec l’industrie du pot chez nos voisins du Sud.

Depuis l’arrivée au pouvoir du parti libéral, en octobre 2015, la valeur boursière des producteurs de cannabis a bondi et ce phénomène a notamment « créé » au moins 77 millionnaires au pays. Toutefois, nuance le JdeM, depuis les niveau records enregistrés au début de l’année, les cours se sont effondrés.

La rédaction