Les bas taux obligataires sont-ils justifiés en Europe?

Par Anabel Cossette Civitella | 7 avril 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Des taux obligataires si bas dans la zone euro qu’on croit au miracle. Mais ne vous y trompez pas, on est « encore loin du miracle », assure Jimmy Jean, économiste principal pour Desjardins.

Pour comprendre, il faut revenir 18 mois en arrière, lorsque la crise de confiance des marchés détourne de nombreux investisseurs des pays en difficultés pour aller vers des marchés moins risqués, comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Les investisseurs craignent notamment l’Espagne et l’Italie, les plus gros pays, mais aussi des plus petits États comme la Grèce et le Portugal, qui ont été évincés des marchés. À l’époque, la Banque centrale européenne s’engage à tout mettre en œuvre pour rescaper l’euro.

Le jour et la nuit

Un peu moins de deux plus tard, « c’est le jour et la nuit, observe Jimmy Jean. Les taux obligataires de plusieurs pays de la périphérie ont non seulement chuté de façon spectaculaire, mais ils ont touché des creux datant de 2006 », preuve que les investisseurs sont de retour.

En Espagne, le taux de dix ans atteint 4,2 % de moins qu’en 2012, soit un peu plus de 50 points au-dessus du taux américain. En Italie, même scénario. La Grèce, qui était en très mauvaise posture il y a deux ans, songe à émettre des obligations dont le taux de cinq ans pourrait tourner autour de 4 % (chiffre non officiel).

« C’est évocateur », commente Jimmy Jean, mais pas nécessairement de bon augure.

En effet, il rappelle que la situation économique des pays de l’euro n’est pas revenue à la normale. Les banques sont encore très méfiantes, le taux de chômage chez les jeunes est encore très élevé et l’inflation est anémique…

« Les risques se sont-ils à ce point dissipés en zone euro? questionne Jimmy Jean. Bien que l’économie eurolandaise émerge de récession, la croissance s’annonce très faible dans les années à venir. »

Anabel Cossette Civitella