Les Bourses ne déçoivent pas, selon Desjardins

Par La rédaction | 27 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Alors que le pire du choc pétrolier est passé et que les ratios cours/bénéfice pourraient demeurer assez élevés, « les Bourses nord-américaines semblent toujours en mesure d’offrir un rendement intéressant à moyen terme, surtout si on le compare aux faibles perspectives pour le marché obligataire », estime Desjardins dans une analyse publiée hier.

Rédigé par Mathieu D’Anjou, économiste principal au sein du Mouvement, ce document revient sur une autre étude de Desjardins diffusée à l’automne 2013 concernant les rendements historiques des grandes catégories d’actifs et leurs perspectives pour la décennie 2013-2022.

Comparant la performance de ces actifs sur la sous-période 2013-2015 aux prévisions alors publiées, l’économiste s’interroge sur la pertinence de revoir ses hypothèses de rendement formulées pour les prochaines années.

BONNES PERFORMANCES DE LA BOURSE AMÉRICAINE

Dans le document publié à l’époque, il concluait que, après un début de millénaire plutôt chaotique, les Bourses nord-américaines étaient bien placées pour offrir « un rendement moyen intéressant d’environ 7,5% par année ». Et que, « à l’inverse, après 30 ans de performance remarquable, le marché obligataire semblait condamné à afficher un rendement beaucoup plus limité ».

Trois ans plus tard, Mathieu D’Anjou relève que performance de la Bourse américaine « a été particulièrement bonne au cours des dernières années ». En tenant compte des dividendes, le S&P 500 a ainsi procuré un rendement annuel moyen de 15,8 % de 2013 à 2015.

La situation a toutefois été différente au pays, ajoute-t-il, car la chute des prix des matières premières a fait fortement reculer l’indice S&P/TSX l’an dernier et incité la Banque du Canada (BdC) à abaisser davantage ses taux directeurs. Incluant les dividendes, le rendement annuel de la Bourse canadienne a malgré tout atteint 5,1 % de 2013 à 2015, soit un peu mieux que celui de 3,7 % obtenu sur le marché obligataire canadien.

EXPANSION DES RATIOS COURS/BÉNÉFICE

Selon Mathieu D’Anjou, un investisseur possédant un portefeuille composé de 15 % d’actions américaines, de 35 % d’actions canadiennes, de 45 % d’obligations canadiennes et de 5 % de bons du Trésor canadiens de trois mois aurait ainsi enregistré un rendement annuel moyen de 5,86 % entre 2013 et 2015, soit un résultat très proche de sa prévision initiale de 5,40 % pour la période 2013-2022.

L’économiste estime que la bonne performance de la Bourse américaine depuis près de quatre ans ne s’explique pas par l’évolution des profits, mais qu’elle est « essentiellement » due à une expansion des ratios cours/bénéfice : « Le ratio basé sur les bénéfices des 12 derniers mois est ainsi passé de 16,5 à la fin de 2012, un niveau relativement normal d’un point de vue historique, à 23,6 à la fin de 2015 », détaille-t-il, ajoutant que ce phénomène « a de quoi soulever certaines inquiétudes pour les investisseurs ».

À la question de savoir s’il faut redouter une prochaine chute des ratios cours/bénéfice, l’analyste se montre mitigé. Certes, reconnaît-il, une telle éventualité « affecterait fortement la performance du marché boursier » et elle « représente certainement l’un des principaux risques pour les Bourses ». Mais d’un autre côté, croit-il, « il y a de bonnes raisons de ne pas être trop inquiet du fait que ce ratio soit à présent relativement élevé, notamment parce qu’« une hausse des ratios basés sur les bénéfices passés est tout à fait justifiée après une baisse temporaire des bénéfices, si l’on prévoit qu’une remontée sera enregistrée par la suite ».

REMONTÉE IMPORTANTE DES PROFITS

Alors qu’on observe déjà une remontée des profits des entreprises du S&P 500 depuis le commencement de 2016, les analystes prévoient que cette tendance s’accélérera au cours des prochains mois pour ramener les profits à un nouveau sommet trimestriel à la fin de l’année, indique Mathieu D’Anjou.

« La hausse des profits prévue (…) suffirait à ramener le ratio cours/bénéfice aux environs de 21 à la fin de 2016 et de 18 à la fin de 2017. Ces prévisions de profits nous paraissent un peu trop optimistes, mais il nous semble correct de miser sur une remontée importante des profits au cours des prochains trimestres alors que les effets des chocs temporaires qui les ont fait reculer depuis la mi-2014 se dissiperont progressivement », résume l’économiste principal de Desjardins.

En ce qui concerne les taux obligataires, ce dernier explique avoir « significativement revu à la baisse » ses prévisions en raison « des mesures très [vigoureuses] mises en place par plusieurs banques centrales » et du fait que « les agents économiques semblent de moins en moins en mesure de faire face à une augmentation importante des taux d’intérêt ». Son verdict? Une remontée graduelle est toujours attendue, mais les taux de 10 ans nord-américains devraient plafonner à moins de 3 % à moyen terme. »

DES TAUX OBLIGATAIRES TRÈS BAS

Résultat, « les taux obligataires demeureront très bas d’un point de vue historique, ce qui revient à dire que le marché obligataire demeurera cher ». Ainsi, le ratio prix/intérêt d’une obligation américaine de 10 ans (qui équivaut un peu au ratio cours/bénéfice pour les actions) « devrait demeurer au-dessus de 30 à moyen terme, comparativement à une moyenne historique s’approchant davantage de 20 », prévoit Mathieu D’Anjou.

Avec pour conséquence, entre autres, que les bas taux d’intérêt feront en sorte que « les prix d’autres actifs demeureront relativement élevés, par exemple dans le domaine de l’immobilier », précise l’économiste.

Se disant « convaincu » que les Bourses nord-américaines « offrent de meilleures perspectives de rendement que le marché obligataire », celui-ci anticipe un rendement annuel « d’environ 7 % » pour la Bourse américaine d’ici 2022. Au pays, après la baisse enregistrée l’an dernier, il juge les perspectives de rendement pour le S&P/TSX « assez bonnes pour les prochaines années », prévoyant un rendement de 8 % de l’indice composé, incluant les dividendes, pour la période 2016-2022.

VERS UNE RÉCESSION AUX ÉTATS-UNIS?

« Dans l’ensemble, les perspectives à moyen terme demeurent donc assez favorables pour les Bourses », note Mathieu D’Anjou, même s’il convient d’après lui de rester prudent en raison de « certains événements [qui] pourraient entraîner des périodes plus difficiles sur les marchés », comme cela a par exemple été le cas au Canada depuis la mi-2014.

De même, insiste-t-il, les personnes en quête de rendements ont tout intérêt à guetter les prémices d’une possible fin du cycle d’expansion aux États-Unis « d’ici quelques années ». En effet, écrit l’analyste, « il paraît probable que l’économie américaine connaîtra une récession d’ici 2022 » et, dans cette hypothèse, « les investisseurs ayant un horizon de placement assez limité pourraient gagner à réduire leur exposition aux marchés boursiers lorsqu’une récession américaine semblera approcher ».

Même si les choses se présentent bien aujourd’hui, conclut-il, « les investisseurs doivent cependant être conscients que les Bourses risquent encore de connaître des périodes plus difficiles, notamment lorsque les banques centrales normaliseront leur politique monétaire ou lorsque la longue période d’expansion de l’économie américaine prendra fin ».

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