Les Canadiens ont peur de la fraude

Par La rédaction | 8 mars 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Même si le nombre de victimes de fraude financière demeure stable au pays, les Canadiens ont de plus en plus peur du vol d’identité. Et leur confiance dans la capacité des grandes compagnies à protéger leurs renseignements personnels s’est détériorée…

Dans une enquête de CPA Canada, plus de sept répondants sur 10 (71 %) affirment ainsi que le vol d’identité les préoccupe, soit une hausse de 5 % par rapport à l’an dernier. Environ trois quarts des personnes interrogées (76 %), contre 73 % en 2017, déclarent également craindre que les entreprises canadiennes ne soient vulnérables à des cyberattaques.

En outre, quatre sondés sur 10 (39 %) disent craindre que leurs renseignements personnels aient été compromis ou ne le soient lors de ce type d’opérations.

L’enquête d’opinion, effectuée en ligne par Nielsen au mois de février auprès d’un échantillon aléatoire de 1 000 Canadiens âgés de 18 ans et plus, révèle aussi que 35 % des répondants, soit environ la même proportion que l’année dernière, ont déjà fait l’objet d’une arnaque financière. Les fraudes à la carte de crédit (75 %) et celles visant une carte de débit (24 %) représentent les deux types d’escroquerie les plus courants.

RECORD DE CRIMES ÉCONOMIQUES AU PAYS

Le sondage montre que 68 % des répondants croient que les méthodes actuelles de paiement électronique, comme le fait de passer une carte de débit ou de crédit devant un lecteur ou l’utilisation d’applications pour téléphones intelligents, facilitent la tâche des fraudeurs. Résultat : 40 % d’entre eux se disent peu à l’aise d’effectuer des achats en ligne.

Une tendance confirmée par un rapport publié mercredi par PwC, qui constate que « le crime économique atteint des niveaux records au Canada », notamment en ce qui concerne la cybercriminalité, le détournement d’actif et la fraude à la consommation. Basé sur un sondage mené dans plus d’une centaine de pays, ce document révèle que 55 % des entreprises d’un océan à l’autre ont été victimes de crimes économiques au cours des 24 derniers mois, alors que ce pourcentage n’était que de 37 % en 2016.

Au cours des deux années écoulées, les organisations canadiennes qui ont été victimes de ce fléau ont principalement été touchées par des cas de détournement d’actif (32 %), de perturbation des processus d’affaires (29 %) et d’extorsion (23 %). Les techniques utilisées pour commettre ces méfaits reposaient principalement sur l’hameçonnage (58 %), les logiciels malveillants (45 %) et le balayage du réseau (20 %). Résultat : 46 % des entreprises au pays (comparativement à 31 % à l’échelle mondiale) estiment aujourd’hui que la cybercriminalité a un effet plus perturbateur que tout autre type de crime économique sur leurs activités.

Enfin, le sondage note que plus de la moitié (58 %) des escroqueries sont commises par des acteurs externes, aussi appelés les « amis-ennemis » de l’entreprise qui en est victime, comme des employés, des fournisseurs de services partagés, des fournisseurs externes ou des clients.

LA LUTTE CONTRE LA CYBERCRIMINALITÉ S’INTENSIFIE

Pour combattre cette forme de délinquance en hausse au pays, les entreprises canadiennes investissent davantage depuis ces deux dernières années. Ainsi, près des deux tiers d’entre elles (64 %) sont maintenant dotées d’un plan anti-intrusion pleinement opérationnel, par rapport à 31 % en 2016. Certains de ces plans d’intervention incluent un chef de la sécurité de l’information attitré. Toutefois, seuls 43 % de ces derniers relèvent du conseil d’administration de la société qui les emploie, « ce qui montre que de nombreuses entreprises n’ont toujours pas adopté une approche stratégique pour lutter contre la cybercriminalité », souligne PwC.

« Les fraudeurs utilisent des méthodes plus complexes que jamais, et les entreprises doivent gérer la fraude de façon dynamique et être préparées à tous les niveaux, du personnel de première ligne à celui des services administratifs en passant par les membres de la haute direction », explique Domenic Marino, leader national, Enquêtes et juricomptabilité à PwC Canada, qui conclut que le coût des crimes économiques se mesure non seulement en dollars, mais aussi en matière de dommage à la réputation et de perte de confiance.

Le sondage utilisé pour établir le rapport de PwC a été mené auprès de 7 228 répondants répartis dans 123 pays. Dans cet échantillon, 52 % des participants étaient des cadres supérieurs au sein de leur entreprise respective, 42 % représentaient des sociétés cotées et 55 % représentaient des entreprises comptant plus de 1 000 employés.

Votre téléphone intelligent est-il un ami ou un ennemi?

À l’occasion du mois de la prévention de la fraude, un sondage de la TD publié mercredi révèle que les trois quarts (76 %) des Y du Québec croient qu’ils risquent d’être victimes de cybercrimes. Pourtant, une personne sur cinq (21 %) dans cette tranche d’âge n’utilise pas la fonction de verrouillage de l’écran par mot de passe.

La TD juge d’ailleurs cette question « préoccupante », puisque son enquête montre que six Y québécois sur 10 (59 %) emploient toujours le même mot de passe ou une version légèrement différente de celui-ci pour effectuer leurs opérations (par exemple en ajoutant un chiffre à un mot de passe composé exclusivement de lettres). Pire : 16 % des sondés conservent une liste de leurs mots de passe dans leur téléphone!

« Nos appareils mobiles font partie intégrante de notre quotidien. On s’attend à pouvoir tout faire avec notre téléphone, que ce soit consulter nos comptes bancaires, trouver un itinéraire ou mettre à jour nos médias sociaux. Mais quand on fait autant confiance à un appareil, on s’expose à des risques de fraude, surtout si on le perd et qu’il tombe entre de mauvaises mains », souligne Émile Khayat, directeur de succursale à la TD.

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