Les conseillers-robots, pour qui et pourquoi?

Par Sylvain B. Tremblay | 26 juin 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Andriy Popov / 123RF

Une multitude de textes ont déjà été publiés au sujet des conseillers-robots, tantôt pour les promouvoir, tantôt pour les dénigrer. Mais qu’en est-il vraiment? À qui s’adresse cette « nouvelle » technologie?

De quoi parle-t-on lorsqu’on parle de conseiller-robot? Il s’agit d’une plateforme web exploitée par un gestionnaire de portefeuille qui permet à l’épargnant d’évaluer son degré de tolérance au risque à partir d’un questionnaire d’une simplicité déconcertante et de mettre en application la stratégie de gestion passive correspondante au résultat ainsi obtenu en investissant, dans la plupart des cas, dans des fonds négociés en Bourse (FNB) à faibles frais de gestion, conduisant ainsi à la réalisation d’économies substantielles et récurrentes.

À titre de comparaison, les frais de gestion d’un portefeuille de placement par un conseiller-robot peuvent représenter aussi peu que 0,6 %, alors qu’un représentant en chair et en os qui offre des fonds communs ou une banque peut facturer plus de 2 %… Plus concrètement, 600 $ par an pour 100 000 $ placés chez un conseiller-robot plutôt que plus de 2 000 $ auprès des institutions traditionnelles.

Ce sont d’ailleurs ces frais parfois élevés qui ont engendré cette nouvelle technologie et qui contribuent à son essor. L’épargnant a aussi l’impression d’en connaître autant que le représentant sur le placement, sinon plus. Alors, pourquoi ne pas tout simplement investir soi-même?

Au Canada, un vrai conseiller est attitré à chaque client qui fait affaire avec un robot, ce qui n’est pas le cas chez nos voisins du Sud. Certains robots offrent même des services sommaires de planification financière. En prime, leur application permet généralement d’afficher sur demande un graphique couleur illustrant la croissance du portefeuille et la répartition de l’actif.

LES JEUNES DANS LA MIRE

Je suis moi-même gestionnaire de portefeuille et, bien franchement, je pense que cette option est excellente pour les jeunes épargnants qui veulent se familiariser avec l’épargne et les marchés des capitaux. On s’adresse ici aux 25-35 ans, c’est-à-dire la génération DIY (do it yourself, ou fais-le toi-même). L’économie sur les frais de gestion constitue un très net avantage en phase d’accumulation du patrimoine. Elle jouera un rôle d’accélérateur, ce qui permettra à l’épargnant d’atteindre son objectif plus rapidement.

Si vous avez parmi vos clients des investisseurs allergiques aux transactions financières sur le web, dites-leur évidemment de s’abstenir. Pour utiliser un conseiller-robot, il faut divulguer en ligne à un tiers la panoplie d’informations personnelles confidentielles que requiert le service de conformité de ces institutions. Numéro d’assurance sociale, date de naissance, salaire, bilan, etc.

TOUT N’EST PAS ROSE

Mis à part les problèmes reliés à la confidentialité et au risque de piratage informatique des données, y a-t-il d’autres inconvénients à l’utilisation de tels outils?

Comme nous l’avons mentionné tout à l’heure, il s’agit d’un mode de gestion passif. Peu importe la tenue des différents marchés, la pondération du portefeuille demeure toujours la même. Si la cible du client en actions canadiennes est de 30 %, le portefeuille affichera toujours une pondération de 30 % dans cette catégorie.

À l’heure actuelle, je n’ai pas encore trouvé, parmi la quinzaine d’options disponibles au Canada, d’application qui offrait une approche de répartition tactique de l’actif. Celle-ci permet la surpondération ou sous-pondération des différentes catégories d’actif en fonction des prévisions sur le comportement des différents marchés.

En termes simples, le gestionnaire qui anticipe une hausse des taux d’intérêt diminuera son exposition aux obligations ou en réduira la durée moyenne, à tout le moins. Inversement, le gestionnaire qui avait prévu la dégringolade boursière de 2008 s’était protégé en réduisant son exposition aux actions. Ce processus constitue généralement une excellente source de valeur ajoutée, autant en phase de constitution que de conservation de patrimoine.

À la question « est-ce que les conseillers-robots sont pertinents? », je répondrai : ils sont là pour rester et la tendance est bien amorcée. Ils constituent une option de choix pour les épargnants, qui procèdent ainsi à des placements à leur initiative, avec sylvain_b_tremblay_thumb_150x150des produits moins contraignants et à des frais réduits. Ils ne remplaceront cependant pas tous les modes de gestion plus traditionnels, mais ébranleront les colonnes du temple chez plusieurs intervenants dans ce marché.

Sylvain B. Tremblay, Adm.A., Pl. Fin., est vice-président, Gestion privée à Optimum Gestion de placements.

Sylvain B. Tremblay