Les conséquences fiscales d’une augmentation de salaire

Par Julie Thibodeau, collaboration spéciale | 27 avril 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Andriy Popov / 123RF

Votre client a reçu une augmentation de salaire cette année? Je le félicite! Tout le monde aime être récompensé pour ses efforts… mais des conséquences fiscales découlent de cet apport d’argent. Que peut-il faire pour éviter d’être pénalisé au moment de payer ses impôts?

Voyons l’effet de sa hausse salariale sur ses impôts en fonction de différentes mises en situation fictives.

VOTRE CLIENT

Selon le montant de sa hausse salariale, votre client ne verra peut-être pas de différence sur son résultat net au moment des impôts. Comme son salaire augmente, ses déductions fiscales devraient aussi croître. Le revenu résultant de sa hausse salariale pourrait le placer dans une tranche d’imposition supérieure. Qu’il ne s’en fasse pas! C’est peut-être moins pire qu’il ne le pense.

J’ai la ferme impression qu’il existe une idée préconçue selon laquelle on doit payer un taux d’imposition plus élevé sur TOUS les revenus dès qu’on passe à la tranche supérieure. En réalité, ce n’est pas le cas. Au Canada, le régime fiscal comporte différents niveaux. En voici un exemple :

  • L’évaluation annuelle de Nicolas lui a permis d’obtenir une augmentation de salaire de 2 $/heure. Son revenu en 2016, avant son augmentation, était de 43 000 $. En 2017, il s’attend à recevoir environ 47 000 $.
  • La tranche d’imposition la moins élevée au fédéral pour 2017 est juste sous 46 000 $. Cela signifie qu’un taux d’imposition de 15 % sera appliqué aux premiers 45 916 $. Pour l’année 2017, Nicolas se situe dans la tranche supérieure, celle dont le taux est de 20,5 %.
  • Cela ne signifie pas que toute la somme de 47 000 $ est imposée à 20,5 % – seulement le montant dépassant la limite de la première tranche d’imposition. Les premiers 45 916 $ demeurent imposés au taux le plus bas.
  • Résultat : l’augmentation de 4 000 $ par année de notre ami Nicolas ne fait pas beaucoup de différence au chapitre des impôts. Le service de paie de son employeur devrait déduire les montants appropriés sur son chèque hebdomadaire pour couvrir la petite augmentation. Il pourrait même ne pas voir la différence dans sa déclaration de revenus.

LE CONJOINT

Si le conjoint de votre client reçoit une hausse salariale et que le montant pour époux ou conjoint de fait a déjà été demandé, il est possible que la somme qu’il reçoit en vertu de ce crédit d’impôt diminue lors de sa prochaine déclaration. Le revenu du conjoint est déduit pour chaque dollar du crédit.

PERSONNE À CHARGE

Tout comme dans le cas du conjoint, le montant reçu pour une personne à charge admissible dépend de son revenu. Par exemple, si votre client est un chef de famille monoparentale et que son adolescent commence à gagner plus d’argent, il bénéficiera également d’un crédit d’impôt moins important.

AUTRES CRÉDITS ET PRESTATIONS

Une augmentation du revenu imposable pourrait avoir d’autres conséquences fiscales. Selon le montant de la hausse, le revenu peut dépasser la limite d’admissibilité à certains crédits tels que le montant en raison de l’âge. Cependant, votre client y gagne sous d’autres aspects. Il peut par exemple demander un crédit d’impôt non remboursable s’il a payé des frais médicaux qui dépassent 3 % de son revenu net . Si sa paie augmente, le montant que représente ce 3 % s’élèvera également.

La plupart des programmes de prestations tels que l’Allocation canadienne pour enfants, le crédit pour la TPS/TVH, le programme de la Sécurité de la vieillesse et le crédit d’impôt pour solidarité ont eux aussi des limites de revenu. Même si ces crédits ne sont pas recalculés avant le mois de juillet suivant, la hausse de salaire peut entraîner la réduction du paiement ou l’exclusion complète de l’admissibilité à la prestation.

DES OPTIONS

Si la situation fiscale de votre client change, ses déductions salariales devraient aussi changer. S’il a accepté un emploi secondaire ou s’il n’a plus droit à certains crédits (comme celui pour les frais de scolarité), il peut demander à son employeur d’accroître les déductions d’impôt sur sa paie. En remplissant un nouveau Formulaire TD1 (Déclaration des crédits d’impôt personnels) et TP-1015.3, il peut prélever quelques dollars de plus sur chaque paie pour réduire sa facture d’impôt à l’arrivée du printemps.

Pour atténuer son fardeau fiscal, il peut réduire son revenu imposable ou augmenter ses crédits. Il doit penser à utiliser chaque année (ou tant que faire se peut) son augmentation de salaire pour investir dans un REER avant la fin du mois de février pour déduire la cotisation sur sa déclaration de revenus. Il peut aussi donner une partie de sa hausse salariale à un organisme de bienfaisance enregistré. Le service de paie de son employeur peut lui fournir des renseignements concernant les dons par paiements retenus à la source à cet égard.

La morale de l’histoire? Si l’occasion se présente, votre client devrait dire oui à une augmentation de salaire et à l’occasion d’évoluer au sein de l’entreprise, mais prendre le temps de bien se renseigner afin de limiter toute incidence fiscale.

Julie Thibodeau, collaboration spéciale