Les Québécois connaissent mal leurs droits

Par La rédaction | 20 juin 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Potapova Valeriya / 123RF

La majorité des Québécois échouent largement au test mené par Protégez-Vous et son partenaire SolutionStat pour évaluer leurs connaissances en matière de droit de la consommation.

Publiés mardi, les résultats de cette vaste enquête démontrent que, dans l’ensemble, ils n’obtiennent pas la note de passage fixée à 60 % par Protégez-Vous puisque la proportion moyenne de bonnes réponses aux quelque 58 questions posées atteint à peine 47 %.

Abordant de nombreux thèmes, dont le crédit et l’endettement, le sondage a été réalisé par le magazine en collaboration avec des experts en droit de la consommation et la firme d’analyse SolutionStat.

CRÉDIT ET ENDETTEMENT

Et le constat global est peu reluisant : au total, seuls 17 % des répondants ont obtenu un score de 60 % ou plus au sondage, dont une majorité de justesse. Un « résultat décevant », selon Protégez-Vous, qui souligne néanmoins que « les connaissances démontrées par les consommateurs dans certains domaines sont meilleures » que ce à quoi les experts consultés s’attendaient, spécialement en matière de taux d’intérêt de base d’une carte de crédit.

En matière de crédit, le sondage révèle que les personnes bien informées ne sont pas forcément celles que l’on croit. Parmi les consommateurs sondés, ce sont les détenteurs de deux cartes de crédit et plus (50 % des répondants) qui connaissent le mieux leurs droits dans ce domaine. En effet, 92 % d’entre eux savent qu’il faut régler le solde de sa carte au complet pour éviter d’avoir à payer des intérêts, alors que chez les consommateurs ayant une seule carte (41 % des répondants), seuls les trois quarts sont au courant.

Par ailleurs, 86 % des Québécois détenteurs de plusieurs cartes connaissent le taux d’intérêt le plus courant (19,9 %), contre 73 % chez ceux qui en possèdent une seule. Des différences significatives qui peuvent surprendre, relève Protégez-Vous. « La multiplicité des cartes constitue un facteur de risque qui pourrait conduire à l’endettement. En même temps, le détenteur de plusieurs cartes a de l’expérience en la matière, car il a eu l’occasion à maintes reprises de constater ce qui se produit, par exemple, s’il paie en retard », commente dans le magazine Jacques St-Amant, chargé de cours au Département des sciences juridiques de l’Université du Québec à Montréal.

LE MONTANT MINIMAL À PAYER MÉCONNU

Interrogés à propos du pourcentage mensuel minimal à rembourser sur le solde d’une carte de crédit, plus de quatre répondants sur 10 (42 %) hésitent entre 2 %, 3 % ou 5 %, et un peu plus du tiers (36 %) l’ignorent tout simplement. Au bout du compte, seuls 22 % des consommateurs connaissent la bonne réponse, à savoir que… la loi ne prévoit aucun montant minimal! De même, si 67 % des Québécois sont au courant qu’une période de grâce est accordée avant que les intérêts ne commencent à courir lorsqu’on reçoit son relevé mensuel de carte de crédit, moins de 40 % d’entre eux savent que celle-ci est d’au moins 21 jours, alors que 35 % pensent plutôt qu’elle dure un mois (toutefois, ce dispositif ne s’applique pas aux avances de fonds, aux virements électroniques d’une institution à l’autre, ni aux transferts de solde, ce que savent 55 % des consommateurs).

Près d’un Québécois sur deux (48 %) ignore également ce qu’est un taux criminel, aussi appelé « taux usuraire », c’est-à-dire un taux d’intérêt dépassant 60 % sur une année, pratiqué par exemple par les prêteurs sur gage. Enfin, très peu de consommateurs (22 %), qu’ils soient propriétaires ou non, savent qu’ils peuvent retirer jusqu’à 25 000 dollars de leur régime enregistré d’épargne-retraite pour financer l’achat d’une propriété grâce au Régime d’accession à la propriété (RAP). « Chose certaine, en revanche, RAP ne signifie par “rampe d’accès à la propriété”, comme le pensent 7 % des Québécois ! », conclut Protégez-Vous.

Le sondage a été mené auprès de 1 036 personnes âgées de 18 ans et plus. Leur sélection a été établie au moyen de quotas fixés à partir des données du recensement de 2016 de Statistique Canada afin de constituer un échantillon représentatif de l’ensemble de la population québécoise.

La rédaction