Les critères ESG sous le feu des critiques

Par Aaron White | 28 novembre 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Assaillis par la droite comme par la gauche, les fonds à critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) vont devoir discipliner leurs pratiques, estime Aaron White, vice-président, investissement durable, Gestion d’actifs CIBC.

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« Dans les derniers mois, les fonds ESG ont été critiqués tant par les médias que les régulateurs et les gouvernements, un peu partout dans le monde, mais surtout aux États-Unis. Sous l’impulsion de la Floride et du Texas, plus d’une trentaine d’États ont proposé des lois anti-ESG », indique Aaron White.

En Floride, le gouverneur Ron DeSantis a présenté un projet de loi pour forcer les gestionnaires des fonds de l’État à baser leurs choix de placements exclusivement selon des critères financiers. Du côté du Texas, on veut interdire l’accès aux fonds de l’État aux gestionnaires qui boudent les entreprises du secteur de l’énergie. Bref, la question est désormais clairement politisée.

« Il est important de contrer cette politisation en redéfinissant en quoi consistent les critères ESG. Il faut lutter contre la perception selon laquelle ils visent uniquement à promouvoir le changement. À la base, le but est de prendre de meilleures décisions financières en prenant en compte les risques non financiers lors de l’évaluation des entreprises », rappelle Aaron White.

Du côté des régulateurs, l’inquiétude porte sur la tendance à l’écoblanchiment. Ils souhaitent empêcher les gestionnaires de portefeuilles de faire des déclarations non fondées sur les critères ESG de leurs placements.

« Le thème principal chez les régulateurs et d’accroître la transparence entourant les objectifs et processus ESG. Ces efforts ont surtout pris place aux États-Unis et dans l’Union européenne, mais au Canada, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) ont d’ores et déjà indiqué qu’elles allaient inciter à l’authenticité dans les communications et les actions des gestionnaires canadiens. Nous nous attendons à recevoir davantage de précisions en 2023 », entrevoit l’expert.

« Les critères ESG font partie des objectifs et attentes que les conseillers doivent documenter auprès de leurs clients. Nous recommandons de suivre les lignes directrices données par l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM) plus tôt cette année, qui consistent à évaluer si les clients souhaitent investir en fonction de valeurs qui leur sont propres ou selon les critères ESG. Il est important de comprendre la méthodologie des solutions qu’on leur propose et de pouvoir la communiquer clairement », recommande Aaron White.

« De leur côté, les investisseurs ne doivent pas hésiter à exiger des gestionnaires qu’ils soient transparents au sujet de leurs placements et de la manière dont ils comptent satisfaire les critères dont ils se prévalent », poursuit-il.

« À mesure que le marché évolue, les écoblanchisseurs vont naturellement être exclus et les investisseurs vont obtenir davantage de transparence pour prendre des décisions mieux informées. Les critiques actuelles seront bénéfiques en fin de compte, car elles poussent les attentes vers le haut. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.