Les croyants, nouvelle cible des robots-conseillers

Par La rédaction | 3 septembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : ferli / 123RF

Les robots-conseillers tentent de diversifier leur clientèle et certains se tournent vers les investisseurs qui cherchent des produits correspondant à leur foi religieuse, rapporte Financial-planning.

Les robots-conseillers ont une bonne capacité de personnaliser leur offre. De plus, ils peuvent offrir aux investisseurs l’occasion de détenir des actions dans une entreprise et donc de continuer d’y faire valoir les causes qui leur tiennent à cœur. Un atout important pour les investisseurs religieux, qui sont très activistes. Entre 2016 et 2018, pas moins de 33,8 % des investisseurs qui ont déposé ou codéposé une proposition d’actionnaires l’on fait comme représentant de leur foi, selon la Fondation US SIF.

INVESTISSEMENT HALAL

Pour l’instant, l’investissement islamique connaît le plus fort engouement du côté des conseillers-robots. Wahed Investing, par exemple, a une plateforme qui permet à plus de 20 000 clients de 130 pays d’investir en respectant la charia. La firme fondée en 2015 gère 23,8 millions de dollars américains d’actif aux États-Unis seulement.

Selon Aris Parviz, directeur des opérations de Wahed en Amérique du Nord, les clients qui recherchent des investissements halal (halal veut simplement dire « permis » en arabe) ne savent pas à qui s’adresser. « Ce que nous constatons, c’est que ce segment de la population que nous courtisons constitue une communauté peu servie », dit-il. 

WEALTHSIMPLE S’Y MET AUSSI

Pour Wealthsimple, l’investissement basé sur la foi représente l’un des visages de l’investissement socialement responsable. À ce titre, l’entreprise est intéressée à proposer une offre qui réponde aux besoins de ce segment de marché. Sa plateforme d’investissement automatisée offre une option d’investissement halal, en plus de l’investissement traditionnel et de l’investissement socialement responsable (ESG).

« Quand les gens investissent en fonction de leurs valeurs, ils ont plus de chances d’être disciplinés », croit Daniel Tersigni, gestionnaire de portefeuille de Wealthsimple. Au total, les comptes halal et ESG totalisent 20 % de la clientèle de cette firme. 

PURIFIER LES PORTEFEUILLES

Toutefois, créer des portefeuilles basés sur des préceptes religieux peut coûter cher et ces portefeuilles doivent continuellement être révisés et réapprouvés, afin d’assurer qu’ils respectent toujours ces lois religieuses. Wahed, par exemple, offre un processus de « purification » à ses clients à la fin de chaque année. Chacun reçoit une estimation du montant investi qui a passé un certain temps dans des actions d’une compagnie qui n’est plus halal et se voit suggérer un montant à remettre à un organisme de charité pour compenser. 

Comme les entreprises dans lesquelles les investisseurs placent leur argent changent parfois leurs positions sur un sujet ou leurs propres politiques, ou ouvrent de nouveaux marchés, il est impossible d’avoir constamment un portefeuille qui respecte en tout point la charia. Il faut réviser ses positions et en retirer les entreprises qui, par exemple, ont commencé à participer à la production de porc, d’alcool ou aux jeux de hasard. 

Le robots-conseillers d’autres religions que l’islam éprouvent quelques difficultés à décoller. Catholic Investment Strategies, par exemple, une plateforme dont les stratégies respectent un cadre établi par la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, peine à se faire connaître. 

Tout de même, cette nouvelle tendance montre qu’à mesure que l’industrie des robots-conseillers devient plus compétitive, certains joueurs cherchent à se différencier afin de tirer leur épingle du jeu. Parce que dans le monde des firmes d’investissement aussi, il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.

La rédaction