Les entreprises québécoises craignent-elles l’inscription en Bourse?

Par André Giroux | 15 octobre 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les entreprises québécoises hésitent à lancer un appel public à l’épargne en s’inscrivant en Bourse. À tort, estime Paul G. Smith, président et chef de la direction de Financière Trust Equity. Il a abordé cette question lors d’une allocution devant l’Association des MBA du Québec, le 26 septembre dernier à l’hôtel Sheraton du centre-ville de Montréal.

Les entreprises québécoises ne constituent que 8 % des sociétés canadiennes inscrites en Bourse, déplore le conférencier. Pis encore, le nombre de nouvelles inscriptions de sociétés québécoises a diminué depuis cinq ans.

Deux causes principales expliqueraient cette situation. « D’abord, note le président d’Équity, les banques contrôlent la majorité des activités de courtage au Québec, dont l’intérêt porte essentiellement sur les émissions de moyenne et grande envergure. Ensuite, il existe ici du capital institutionnel en abondance. »

Selon Paul G. Smith, « les entreprises dont l’expansion est la plus rapide et qui créent le plus grand nombre d’emplois sont celles qui affichent les taux de croissance de la productivité les plus élevés. Or, on observe une corrélation entre l’inscription – donc l’acquisition d’une meilleure capitalisation relativement au capital-actions – et l’augmentation de la productivité. »

« L’inscription en Bourse ne constitue pas une solution parfaite », reconnaît Paul G. Smith, qui nomme plusieurs irritants, dont ceux-ci : le marché malmène parfois les titres, l’inscription comporte des coûts initiaux et de conformité et requiert le maintien d’un dialogue constant avec les investisseurs.

Le président d’Equity estime que ces irritants peuvent être compensés. Les coûts inhérents à l’inscription en Bourse sont largement compensés par les possibilités de diversification des sources de financement. Elle permet de réduire l’endettement tout en facilitant l’obtention de financement bancaire et institutionnel. Ensuite, plaide Paul G. Smith, lors d’acquisitions, les actions négociées en Bourses peuvent constituer une monnaie d’échange intéressante. »

Le contexte économique mondial actuel et le faible coût d’emprunt pourraient en outre refroidir les ardeurs quant à une entrée en Bourse, admet le conférencier. « Cela étant dit, nuance-t-il aussitôt, si le contexte actuel peut rendre certaines entreprises hésitantes à entrer en Bourse, il pourrait s’avérer stratégique d’être déjà en selle lorsque la reprise économique sera un peu plus vigoureuse. »

D’une part, parce qu’avec la reprise viendra vraisemblablement l’inflation. Ensuite, parce qu’une reprise pourrait précipiter une vague de fusions et d’acquisitions. « Les entreprises publiques seront mieux outillées pour saisir la balle au bond en levant rapidement des capitaux pour financer les acquisitions. »

André Giroux