Les finances personnelles au féminin

Par Pierre-Luc Trudel | 9 mars 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les hommes comme les femmes sont grandement influencés par leurs émotions et leurs valeurs quand vient le temps de prendre des décisions financières. Des différences notables existent toutefois entre les deux sexes, selon la planificatrice financière et présidente du conseil d’administration de l’IQPF Nathalie Bachand.

Alors que les femmes se perçoivent comme prévoyantes et économes sur le plan de la gestion financière, les hommes se disent plutôt libres et pleinement autonomes, a-t-elle expliqué mardi dans le cadre de l’événement Femmes et réussite, une initiative de la psychologue Rose-Marie Charest.

En matière d’argent, hommes et femmes ont une aversion marquée pour les pertes, mais les femmes se montreraient encore plus frileuses à l’idée de voir la valeur de leurs placements péricliter momentanément. Résultat : les femmes sont souvent plus prudentes dans leurs investissements.

« Ça ne fait pas si longtemps que ça que les femmes travaillent pour gagner leur vie. Elles désirent encore plus que les hommes conserver à tout prix cet argent durement gagné », indique celle qui fait partie du groupe Bachand Lafleur, tout en mentionnant que cette philosophie tend à changer chez les plus jeunes générations de femmes.

Il revient donc aux planificateurs financiers de rassurer leurs clientes sur les risques de marché.

« Il est également important pour les femmes de s’informer pour éventuellement être en mesure de prendre un peu plus de risque dans leurs placements, tout en respectant leur profil d’investisseur », souligne Mme Bachand.

L’ARGENT, LE DERNIER DES TABOUS

Entre 2 et 7 % des gens en couple possèdent un compte caché dont leur tendre moitié ignore l’existence, selon un sondage de Bloomberg réalisé aux États-Unis. Cette statistique, qui peut sembler anodine, révèle en fait que peu de couples sont à l’aise de parler ouvertement d’argent, ce qui mène souvent à des conflits et des injustices.

Les femmes, déterminées à conserver l’autonomie qu’elles ont durement acquise au cours des dernières décennies, font tout pour ne pas dépendre financièrement de leur conjoint, estime la planificatrice financière. Ainsi, elles vont souvent insister pour partager à parts égales les dépenses, et ce, même si leur revenu est inférieur.

« Même lorsqu’elles sont en congé de maternité, certaines femmes vont insister pour payer 50 % des dépenses. La conséquence, c’est qu’elles s’appauvrissent alors que leurs conjoints peuvent épargner. Lorsque le couple va vouloir partir en vacances, par exemple, un des membres aura les moyens, mais pas l’autre. Ce n’est pas nécessairement équitable de couper chaque dollar en deux, mais c’est une réalité que je rencontre fréquemment dans ma pratique », observe Mme Bachand.

Compte conjoint ou comptes séparés, mise en commun des dépenses ou consolidation des revenus, il n’y a pas de recette magique pour partager les dépenses au sein du couple, soutient-elle. L’important, autant pour les hommes que pour les femmes, est de communiquer et de trouver une entente équitable. Les membres du couple doivent également penser à se protéger advenant un décès ou une séparation, même si une telle planification est loin d’être agréable.

LA RATIONALITÉ POUR MIEUX GÉRER

Pour prendre des décisions financières éclairées, les épargnants doivent donc être capables de mettre leurs émotions de côté, ce qui risque d’être plus difficile pour les femmes que pour les hommes, croit la conseillère.

Nathalie Bachand donne en exemple les besoins en assurance vie.

« Certaines personnes veulent souscrire une police d’assurance vie pour leurs enfants. Pourtant, c’est triste à dire, mais le décès de mon enfant ne me placera pas dans une situation de précarité financière. Je dois plutôt m’assurer que si moi je décède, il aura de quoi subvenir à ses besoins. »

Mal établir ses priorités peut également finir par devenir onéreux.

« D’un côté, les gens paient cher leur assurance auto pour avoir une franchise peu élevée, mais de l’autre, ils ne possèdent aucune assurance invalidité. Pourtant, payer une franchise de 1000 $ pour son assurance auto a un impact bien moins grand sur les finances qu’une perte de revenu liée à une invalidité de longue durée », affirme Mme Bachand.

Avoir une pensée rationnelle, c’est aussi considérer que les femmes ont une espérance de vie plus longue que les hommes et qu’en conséquence, elles n’ont d’autre choix que d’épargner davantage, rappelle la planificatrice financière.

« Il faut que les femmes arrêtent de se culpabiliser et cessent de prioriser les dépenses de la famille au détriment de leur épargne personnelle. Elles doivent aussi penser à leur retraite et à leur indépendance financière. »

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Pierre-Luc Trudel