Les fintechs devraient être mieux encadrées

Par Alizée Calza | 20 février 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Robot-conseiller, intelligence artificielle
Photo : Tatiana Shepeleva / 123RF

Selon l’organisme sans but lucratif Option Consommateurs, les épargnants ne sont pas adéquatement protégés à l’égard des fintechs, ces populaires entreprises liées à la technologie financière.

Épargner et investir en quelques clics : les promesses des fintechs sont attrayantes. Mais les consommateurs sont-ils vraiment assez protégés et savent-ils dans quoi ils s’embarquent?

Ce sont les questions que s’est posé Option consommateurs, qui a donc analysé en profondeur les sites et documents légaux de trois fintechs [Milo, Wealthsimple et Portefeuille Futé BMO] et en est arrivé à la conclusion que « si ces entreprises doivent respecter certaines obligations, comme celle de faire affaire avec un conseiller financier certifié, elles ne bénéficient pas d’un encadrement suffisant pour que les consommateurs soient bien protégés ».

LA RAPIDITÉ, ENNEMIE DU CONSOMMATEUR

Le rapport fait état du fait que les trois fintechs ont des pages d’accueil alléchantes qui regorgent de phrases promotionnelles. Partout, l’accent est mis sur la simplicité du processus et sur la vitesse d’exécution : Mylo propose ainsi d’investir en 10 minutes et Wealthsimple, en 5 minutes!

Pourtant les informations sont complexes et les types de placements, principalement des fonds négociés en Bourse (FNB), demandent un certain degré de compréhension et de vigilance de la part du consommateur.

« En multipliant les moyens d’attirer le client, on risque de détourner son attention de l’information, qui n’est pourtant pas absente des sites étudiés », note OC.

DES RESPONSABILITÉS ÉTRANGEMENT DÉFINIES

L’organisme a également regardé la question de la responsabilité en cas de litige et ici, la situation est pour le moins floue et inquiétante. Bien évidemment, pour ce qui est des conseillers robots, ceux-ci ont les mêmes obligations qu’un conseiller, mais d’autres dispositions concernant notamment les consentements et les recours, sont plus problématiques.

Les contrats sont truffés de clauses en lien avec le règlement des litiges. En général, on fait d’abord mention d’un processus Internet, puis suivent d’autres dispositions. Wealthsimple mentionne que les parties se soumettent aux tribunaux de Toronto pour le règlement des litiges à venir.

Pour sa part, la convention de Mylo contient une clause d’arbitrage obligatoire dans la province ou le territoire de résidence du client; il est toutefois spécifié au début du paragraphe que cette clause n’est pas applicable au Québec, évoque le rapport.

UN PROBLÈME DE SÉCURITÉ

Les fintechs demandent aux clients de leur fournir des informations sensibles comme le numéro d’assurance sociale et le numéro de compte. Cela pose des questions de sécurité des données, mais aussi des questions quant à la protection des comptes. Les trois entreprises invitent leurs clients à agir avec prudence. Certaines donnent même des conseils. Mais si le client n’est pas jugé comme assez prudent, il peut perdre toute indemnité en cas de pertes financières directes découlant d’une transaction non autorisée au compte. Portefeuille futé BMO, qui mentionne offrir une garantie de sécurité en lien avec le service, spécifie que le client sera indemnisé à condition qu’il possède « la version la plus récente des pare-feu et logiciels antivirus », ou qu’il n’ait pas omis « de fermer sa session et le navigateur Internet » avant de quitter le site.

« Dans certains cas, le consommateur ne peut même pas se fier à l’information qui se trouve sur le site Web de l’entreprise, qui se dégage d’ailleurs de toute responsabilité concernant ce qui y est publié. Mais en retour, on exige du consommateur un comportement quasi irréprochable autant pour ce qui est de l’exactitude des données qu’il fournira que des protections dont il dotera ses outils informatiques », déplore Maryse Guénette, auteure du rapport à Option consommateurs.

Et que se passerait-il si les algorithmes étaient défaillants? se demande OC. « Le robot-conseiller n’est pas à l’abri d’une manipulation malveillante, par voie de piratage ou de sabotage, ce qui pourrait occasionner un important préjudice pour l’ensemble des investisseurs sollicitant les services d’un tel robot », note l’organisme.

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Alizée Calza

Alizée Calza est rédactrice en chef adjointe pour Conseiller.ca et pour Finance et Investissement.