Les gestionnaires d’actif devront faire mieux

Par La rédaction | 1 octobre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Sergey Nivens / 123RF

Près d’un gestionnaire d’actif sur deux au pays se dit conscient du fait qu’il devrait mieux exploiter les données qui sont en sa possession, selon un nouveau rapport de KPMG.

Face à la compression des honoraires, à la hausse des coûts, au fardeau de la conformité et à l’évolution démographique des investisseurs, les gestionnaires d’actif canadiens se rendent mieux compte aujourd’hui du rôle que les mégadonnées et l’analytique avancée peuvent jouer dans leurs activités, révèle cette étude. Résultat, près de la moitié d’entre eux (48 %) considèrent désormais l’analyse de données comme étant la meilleure façon de comprendre leurs clients et de développer leurs activités, soit 8 % de plus que l’an dernier à la même époque.

Intitulé L’heure est aux décisions, ce document présente les résultats d’un sondage annuel sur les risques et les occasions dans la gestion d’actif d’un océan à l’autre. Il montre notamment que près des deux tiers des répondants (60 %) jugent que le principal risque pour le secteur est la pression à la baisse sur les frais de gestion (ils n’étaient que 53 % à penser cela en 2018).

LE SECTEUR DE LA GESTION D’ACTIF A PRIS DU RETARD

Le rapport révèle aussi qu’une proportion presque identique (64 %) considère la complexité croissante de la réglementation et le coût de la conformité comme leur principal risque organisationnel, par rapport à 43 % l’an dernier. Environ un sondé sur deux (51 %) reconnaît par ailleurs hésiter à utiliser les produits de placement dits alternatifs ou ne pas du tout avoir l’intention de le faire. Enfin, l’étude indique que les risques organisationnels liés à la cybersécurité demeurent une préoccupation importante pour 48 % des répondants, contre 45 % en 2018.

Ses auteurs soulignent que, d’une manière générale, le secteur canadien de la gestion d’actif a mis du temps à adopter les mégadonnées, alors même que d’autres secteurs utilisent déjà depuis un bon moment cette information réelle et exploitable pour maintenir leur avantage concurrentiel.

Jusqu’à aujourd’hui, poursuit KPMG, les investissements en analyse de données ont principalement visé les gains d’efficacité au chapitre des coûts et des processus des services administratifs. Mais maintenant que la transformation numérique brouille les frontières entre les services de première ligne et les services administratifs, les entreprises utilisent cet outil pour explorer plus à fond les données sur les clients, collecter de l’information sur les marchés et définir des stratégies d’investissement.

« Introduire l’analyse de données au sein d’une organisation n’est pas une mince affaire; un modèle opérationnel ne se modifie pas en appuyant sur un interrupteur. Même les acteurs d’envergure qui font d’importants investissements dans ce domaine agissent avec prudence pour s’assurer de bien faire les choses et d’atteindre les objectifs précis qu’ils se sont fixés », commente Peter Hayes, associé et directeur national, Placements non traditionnels, à KPMG Canada.

LES ACTEURS DU MARCHÉ DEVRONT S’ADAPTER OU DISPARAÎTRE

Les cabinets évitent de surutiliser les données sur les clients en raison des cybermenaces et des exigences réglementaires, explique également le rapport. « Il s’agit là d’une question névralgique qui, à défaut d’être traitée adéquatement, peut exposer l’organisation à de graves risques si le capital investi ne génère pas les rendements attendus. C’est pourquoi nous prévoyons que la mise en œuvre des technologies, tout comme les partenariats et les acquisitions réalisés à cette fin, demeureront au sommet des préoccupations du secteur », souligne pour sa part Joseph Micallef, associé, Fiscalité et leader national, Services financiers, à KPMG.

Toujours selon le rapport, le phénomène des regroupements d’entreprises incite de plus en plus les gestionnaires d’actif à offrir des opérations, des produits et des services novateurs et à défendre leur créneau. « Les acteurs du marché sont poussés à se démarquer, affirme quant à lui James Loewen, associé et directeur national, Gestion d’actifs, à KPMG. Même si la concurrence des sociétés de technologie financière et d’agents perturbateurs, comme les conseillers automatisés, est encore relativement faible au Canada, la tendance pourrait évoluer très rapidement et il faut donc se tenir prêt. »

« À l’ère des révolutions numériques, de l’engorgement des marchés et du resserrement de la réglementation, la complaisance n’a pas sa place. Alors que les gestionnaires d’actif subissent des pressions pour fournir des services qui répondent aux attentes technologiques des clients, la menace de se faire devancer sur le plan de l’innovation garde les entreprises de toutes tailles sur le qui-vive. Confrontés à la difficulté croissante de rivaliser à armes égales, les gestionnaires de fonds de détail n’auront d’autre choix, pour survivre, que d’innover en matière de technologie ou de renouveler leur gamme de produits », conclut James Loewen.

Les risques et occasions dans la gestion d’actif en 2019

Selon KPMG, voici les trois principales occasions du secteur au pays : • Analyse de données pour améliorer la conception, le marketing et la tarification des produits, amélioration des processus opérationnels et utilisation de la technologie • Amélioration des rendements grâce à de nouvelles stratégies de placement • Lancement de nouveaux types de produits/services | Pénétration accrue de la clientèle actuelle

… ainsi que les trois principaux risques : • Pression à la baisse sur les frais de gestion • Complexité croissante de la réglementation et coût de la conformité • Hausse des coûts et marges de profit réduites

Un secteur en peau de chagrin Le secteur de la gestion d’actif canadien est aujourd’hui « réduit à sa plus simple expression », affirme KPMG. En effet, explique le cabinet, « avec la concrétisation de nombreux projets de regroupement, le marché national ne compte plus que quelques sociétés indépendantes d’importance ». Résultat : « la partie se joue maintenant entre de très grosses sociétés qui doivent se partager un bassin de clientèle plutôt stationnaire ». Commentant l’avenir de la concurrence dans le secteur, Peter Hayes, associé et directeur national, Placements non traditionnels au sein de la firme, prévoit que « le nombre d’acquisitions augmentera en raison de l’attrait que représentent les économies d’échelle ». Pendant ce temps, sur les autres fronts, les sociétés s’emploieront à « lancer de nouveaux produits et services pour tenter d’empêcher leurs clients de se tourner vers les concurrents ».

La rédaction