Les gestionnaires d’actif doivent ajuster le tir

Par La rédaction | 13 août 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Saksan Maneechay / 123RF

Le duo dynamique que forment depuis quelques années les faibles taux d’intérêt et la reprise économique a bien servi les gestionnaires d’actif, mais a aussi caché des tendances moins réjouissantes pour eux, soutient un article publié sur Forbes. Maintenant que les politiques monétaires tendent à changer et les taux d’intérêt à remonter, ils devront les affronter.

Les consommateurs se questionnent de plus en plus sur les coûts de leurs investissements et sur les stratégies qui leur sont proposées. Ils comparent volontiers les produits et services financiers entre eux et leur confiance dans la gestion active a diminué. En même temps, les changements de réglementation ont fait augmenter les dépenses en conformité des firmes de gestion d’actif, corsant la recherche de profits.

Bien que les firmes de gestion de patrimoine aient enregistré un taux de croissance annuel combiné (CAGR) de 7 % de leurs revenus par actif sous gestion depuis 2012, la croissance annuelle combinée des profits par actif sous gestion, elle, a diminué de 2 %, selon Bain & Company. Cette dernière projette une CAGR de 4 % pour les revenus de ces firmes d’ici à 2022, mais une baisse importante de leurs profits (-7 % CAGR).

DES GAGNANTS ET DES PERDANTS

Pour Bain, les plus solides firmes s’accapareront une part de plus en plus grande du marché et des profits.

Bain estime que l’écart entre les profits des 10 % des plus performantes firmes comparativement aux 10 % des moins performantes passera de 10 points de base à 13 points de base d’ici à 2022. On parle ici d’une différence de 598 millions de dollars en profits pour un gestionnaire qui gère environ 450 milliards de dollars d’actif.

De plus, la somme totale des profits à se partager en 2022 ne dépassera pas celle de 2007 (121 milliards de dollars).

NOUVELLES STRATÉGIES

Un tel contexte exige une remise à plat des stratégies des firmes, notamment celles qui ne peuvent compter que sur peu ou pas d’avantages compétitifs et éprouvent de la difficulté à rivaliser sur le plan des prix. Mine de rien, Bain estime que la moitié de l’actif sous gestion est placé dans ce type de firme.

Deux options s’offrent à ces firmes de tailles moyennes, selon Bain. La première : devenir plus grandes. Des firmes comme BlackRock ont utilisé les fusions et acquisitions (F&A), par exemple en achetant iShares, pour se positionner dans certains marchés. BlackRock a aussi soutenu sa croissance en investissant dans les nouvelles technologies, comme l’automatisation des portefeuilles et des plateformes de ventes de produits plus conviviales.

Des firmes comme Amundi, qui font plutôt dans la gestion active, peuvent aussi servir de modèles. Amundi a connu un certain succès en misant sur les F&A (Pioneer Investments en 2016), et en améliorant son modèle d’opération et sa distribution. Son ratio de coûts/revenu est de 52 %, comparativement à 73 % en moyenne dans l’industrie.

Une autre option serait de se distinguer des autres firmes en offrant une valeur pour laquelle les clients sont prêts à payer. Bain identifie trois niches particulièrement intéressantes : les fonds d’investissements multi-actifs ciblés (mobilité, technologies propres, etc.), les investissements socialement responsables et les investissements non traditionnels (infrastructures, immobiliers, etc.).

TROUVER LES BONNES RÉPONSES

Peu importe l’option pour laquelle elles optent, les firmes devraient se poser quelques questions afin d’élaborer un bon plan pour les années à venir.

  • Quels groupes d’investisseurs et de produits seront les plus intéressants pour nous au cours des cinq prochaines années?
  • Quels facteurs affecteront la croissance de notre actif?
  • Quelles sont les plus grandes priorités de nos clients? Quels éléments de valeur comptent le plus pour eux?
  • Comment voient-ils notre performance dans ces éléments?
  • Quelles aptitudes sont essentielles pour bien servir ce marché et comment maîtrisons-nous ces aptitudes?
  • Comment nous comparons-nous, en termes de coûts, par rapport à nos principaux rivaux dans ce marché?

Identifier ce qu’il faut faire et ce qu’il vaut mieux cesser de faire en fonction de l’évolution du marché est crucial pour se distinguer et connaître du succès. Bain rappelle que la récompense pour celles qui miseront sur les bonnes stratégies pourrait être considérable.

La rédaction