Des défis pour les gestionnaires d’actif

Par La rédaction | 1 octobre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Sergey Nivens / 123RF

Malgré les contraintes réglementaires de plus en plus lourdes et les risques liés à la cybersécurité, un tiers des gestionnaires d’actifs canadiens se disent légèrement plus optimistes que l’an dernier quant à l’avenir de leur entreprise, selon une étude-sondage publiée vendredi par KPMG.

La firme justifie ce « prudent optimisme » par le fait qu’« ils ont eu le temps, en 12 mois, d’assimiler les perturbations du marché et d’élaborer des plans en conséquence ». En outre, indique-t-elle, « l’afflux de nouveaux concurrents et de nouvelles solutions d’investissement [les] incitent à investir dans de nouvelles technologies pour améliorer l’expérience client ».

Dans cette étude sur les occasions et les risques dans le secteur de la gestion d’actifs au pays, KPMG note qu’en dépit de « la persistance de certaines incertitudes », le secteur a également amélioré son rapport à la technologie.

« LES COMPAGNIES DOIVENT AGIR MAINTENANT OU PASSER LA MAIN »

Toutefois, souligne-t-elle, « si les entreprises maîtrisent mieux et ont résolument adopté les technologies comme la chaîne de blocs, les bots, l’analyse de données et l’intelligence artificielle, de nombreux gestionnaires s’interrogent encore sur la rentabilité de tels investissements et sur leur efficacité à réduire les risques potentiels ». Or, met en garde le cabinet-conseil, ce type de comportement peut s’avérer risqué pour ces compagnies en raison de « l’arrivée sur le marché de nouveaux joueurs qui n’ont pas de telles réserves ». Dans ce contexte, ajoute-t-il, les options sont claires : « Il faut agir maintenant ou passer la main. »

L’étude révèle que les deux tiers (65 %, contre 52 % l’an dernier) des gestionnaires d’actifs canadiens estiment aujourd’hui que la meilleure façon d’affronter les nouveaux concurrents consiste à fidéliser leur clientèle actuelle « en s’efforçant de satisfaire à ses besoins et ses attentes qui changent continuellement ». Une même proportion de répondants mise quant à elle sur la technologie pour améliorer l’expérience client, et quatre sur cinq (80 %) entendent conclure, ou du moins explorer, des partenariats pour intégrer la technologie à leur stratégie (comparé à seulement un répondant sur cinq en 2017).

« Il est clair que les entreprises s’évertuent par tous les moyens à améliorer l’expérience client, en s’appuyant souvent sur la technologie. Des efforts considérables sont déployés pour offrir aux consommateurs un accès plus transparent et souple, par l’entremise de nouveaux canaux en ligne, de services pointer-cliquer ou de fonctions automatisées. Avec ces améliorations, les entreprises estiment que leurs clients seront contents et ne songeront pas à partir », commente Peter Hayes, directeur national, Placements non traditionnels à KPMG Canada.

« AUJOURD’HUI, C’EST LE CLIENT QUI DICTE LES CHANGEMENTS »

Le rapport constate également que les gestionnaires d’actifs d’un océan à l’autre gèrent mieux les perturbations que l’an dernier. Maintenant que l’aura de mystère qui entourait la chaîne de blocs a disparu (…) ils investissent dans diverses compétences et ressources pour réaliser des gains d’efficience. Cependant, certains s’interrogent encore sur la rentabilité de leur investissement dans ces technologies et ne savent pas trop comment réduire les risques potentiels », analyse KPMG.

« De nos jours, le client contrôle entièrement la situation et dicte les changements que le secteur doit adopter. C’est sans précédent. Beaucoup d’entreprises ont compris que si elles ne commencent pas à s’intéresser à ces technologies et aux diverses façons de les intégrer à leurs modèles d’affaires, elles risquaient de se retrouver hors jeu », ajoute Joseph Micallef, leader national, Fiscalité et services financiers à KPMG Canada.

L’étude estime en outre que changements qui se profilent à l’horizon « imposeront aux acteurs du secteur de la gestion d’actifs de nouvelles contraintes réglementaires qui leur causeront sûrement un stress additionnel ». Les répondants au sondage de cette année citent d’ailleurs la complexité croissante de la réglementation comme le principal risque pour leur entreprise aujourd’hui (58 %) et dans les années à venir (52 %). Au pays, le critère de l’intérêt supérieur et les discussions sur les commissions intégrées figurent en tête des préoccupations, tout comme le nouveau Règlement général sur la protection des données (RGPD) adopté en Europe au printemps dernier et l’assouplissement de la réglementation en gestion d’actifs et dans des secteurs connexes aux États-Unis.

« Tous ces nouveaux règlements obligeront en effet les intermédiaires à mieux connaître leurs produits et leurs clients, souligne John Armstrong leader national, Services financiers à KPMG Canada. En retour, cela accentuera la pression sur les fabricants, qui exigeront de leurs conseillers une connaissance plus approfondie des fonds qu’ils offrent, ce qui pourrait conduire à l’abandon de certains produits. »

LA CYBERSÉCURITÉ EST DÉSORMAIS UNE « PRÉOCCUPATION MAJEURE »

Enfin, les risques liés à la cybersécurité demeurent eux aussi « un souci constant » pour les gestionnaires d’actifs, au point que 45 % des répondants les citent désormais comme étant « une préoccupation majeure ». La raison? « Des violations graves à la sécurité informatique peuvent entacher irrémédiablement la réputation d’une entreprise et miner la confiance de ses clients », rappelle KPMG, qui note que 78 % des gestionnaires d’actifs canadiens ont l’intention d’installer des systèmes de détection et de prévention des intrusions informatiques, tandis que 55 % se procureront une cyberassurance.

« Les menaces à la cybersécurité sont bien réelles, comme en témoigne le nombre de cyberincidents qui font la manchette ici et ailleurs. Le sentiment qui perdure c’est que personne n’est à l’abri. Aujourd’hui, quiconque détient des données critiques, et à plus forte raison des renseignements personnels sur les clients, comme c’est le cas en gestion d’actifs, peut devenir une cible. Peu importe de savoir si le risque est nouveau ou plus répandu qu’avant. Si vous êtes incapables de protéger les renseignements de vos clients, ils perdront confiance et vous finirez par perdre votre clientèle », avertit James Loewen, associé et directeur national, Gestion d’actifs à KPMG Canada.

« La gestion d’actifs demeure un secteur prometteur, dont la croissance n’est pas près de ralentir si l’on se fie au vaste mouvement de transfert de patrimoine qu’annonce l’évolution démographique. Il y aura toujours beaucoup d’incertitude quant à la façon dont cette croissance se manifestera. Pour trouver le juste équilibre, les gestionnaires d’actifs devront faire preuve d’agilité », conclut Peter Hayes.

La rédaction