Les gestionnaires d’actifs menacent-ils la finance mondiale?

Par La rédaction | 10 Décembre 2015 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La gestion d’actifs comporte son lot de risques susceptibles de déstabiliser la finance mondiale, a mis en garde mardi le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF).

Dans un discours prononcé devant l’Institut C.D. Howe, à Toronto, Mark Zelmer, surintendant adjoint, a dressé la liste des facteurs de vulnérabilité à surveiller dans le cas des gestionnaires de fonds de placement d’envergure, aussi appelés « gestionnaires d’actifs d’envergure mondiale ».

La mission du Bureau est de collaborer avec les institutions financières qu’il contrôle « pour protéger les déposants, les souscripteurs et les créanciers » tout en les laissant « se faire concurrence et prendre des risques raisonnables ». Mais il ne réglemente pas les gestionnaires d’actifs les plus importants à l’échelle planétaire, puisque aucun d’entre eux n’est établi au Canada.

« PAS À L’ABRI DES SECOUSSES »

Les activités des gestionnaires d’actifs et les fonds dont ils ont la charge sont généralement moindres que ceux des banques. Il devrait donc être plus facile de gérer d’éventuels problèmes les frappant. Toutefois, le secteur de la gestion d’actifs « n’est pas à l’abri des secousses susceptibles de provoquer des inquiétudes au sujet de la stabilité du système financier mondial », a averti Mark Zelmer.

Il cite en exemple l’effondrement de Long-Term Capital Management (un fonds de couverture à effet de levier) en 1998, « qui a bouleversé de nombreux marchés du crédit aux États-Unis et ailleurs ». De même, certains fonds américains du marché monétaire étaient en cause dans la crise financière de 2008.

CINQ POINTS DE VULNÉRABILITÉ

Le Conseil de stabilité financière (Financial Stability Board), créé en 2009 par le G20, identifie cinq « facteurs de vulnérabilité structurelle » dans le secteur de la gestion d’actifs :

  • l’asymétrie de la liquidité des actifs des fonds de placement et de la facilité avec laquelle les investisseurs de ces fonds peuvent encaisser leurs parts;
  • l’effet de levier dont se prévalent souvent les gestionnaires de nombreux fonds;
  • le risque opérationnel et les problèmes que peut entraîner le remplacement rapide du gestionnaire d’un fonds d’envergure en temps de crise financière;
  • les activités de prêt de titres auxquelles se livrent les gestionnaires d’actifs et les fonds;
  • la vulnérabilité possible des fonds de pension et des fonds souverains.

Toutefois, seuls les trois premiers points concernent le secteur canadien des fonds de placement, a précisé Mark Zelmer. Les questions liées au prêt de titres ne concernent aujourd’hui que certaines firmes étrangères de gestion d’actifs, tandis que les activités visant les fonds de pension et les fonds souverains « portent surtout sur le risque d’instabilité financière que présentent ces entités », ce qui est un problème d’« un tout autre ordre ».

RENFORCER LA RÉGLEMENTATION INTERNATIONALE

Des travaux sont en cours pour « évaluer l’importance relative de ces cinq facteurs de vulnérabilité, en raison des répercussions qu’ils pourraient avoir sur le système financier mondial s’ils devaient se matérialiser », a souligné le surintendant adjoint.

Affirmant que le temps était venu de « s’interroger sur la nécessité […] de renforcer l’actuel cadre de réglementation international », le dirigeant a conclu : « Le cas échéant, nous examinerons des mesures susceptibles d’être appliquées mondialement à des activités particulières ou à l’ensemble des gestionnaires d’actifs et des fonds de placement qui participent à ces activités […]. »
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