Les grandes banques mises à rude épreuve

Par La rédaction | 14 septembre 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Banques du quartier financier de Londres.
Photo : Nikolay Pandev / iStock

À la suite de la pandémie de COVID-19, les principales banques mondiales ont essuyé des pertes en capitalisation boursière d’un montant total de quelque 635 milliards de dollars américains, rapporte Buy Shares.

Dans un texte mis en ligne lundi sur le site web britannique, l’analyste Justinas Baltrusaitis estime que si la crise économique et sanitaire a mis à rude épreuve l’industrie bancaire et, plus largement, l’ensemble du secteur financier, les deux plus grands perdants de cette période demeurent toutefois la Wells Fargo et Banco Santander.

Pour appuyer son propos, il indique que, selon les données de Buy Shares, les 14 grandes banques mondiales sélectionnées par la firme ont perdu un total de 635,33 milliards de dollars en capitalisation boursière entre décembre 2019 et août 2020. La principale perdante dans ce contexte de crise mondiale a été la Wells Fargo, avec une variation en pourcentage de sa capitalisation boursière de -56 %, suivie par la banque espagnole Banco Santander (-46 %). Durant cette période, c’est le groupe financier japonais Mizuho qui, au contraire, a enregistré la plus faible variation, avec « seulement » -11 %.

DES « PLANS D’ATTÉNUATION » POUR AIDER LE SECTEUR

Justinas Baltrusaitis estime également que si, dans l’ensemble, les banques sont entrées dans la pandémie plus fortes qu’elles ne l’étaient au début de la crise financière de 2008-2009, il pourrait leur falloir « un certain temps » avant qu’elles ne renouent avec leur rentabilité d’avant la COVID-19. En effet, souligne-t-il, la crise sanitaire « a entraîné un effondrement dans divers secteurs de l’économie, et cela s’est ensuite répercuté sur les marchés boursiers ». Résultat : « la crise a généré une instabilité massive ainsi qu’une extrême volatilité sur les marchés financiers mondiaux », tandis que le secteur financier a été parmi les plus durement touchés, ce qui a entraîné une baisse de la capitalisation boursière mondiale.

Si l’on en croit l’analyste, la dégringolade des valorisations des grandes banques aurait même pu être « bien pire » si les banques centrales n’étaient pas intervenues rapidement et avec des moyens importants. « Les mesures immédiates prises par les régulateurs pour assouplir les restrictions sur les liquidités et les capitaux se sont avérées bénéfiques. Bien que les dispositions mises en place par les autorités aient également aidé les banques, celles-ci demeurent cependant toujours confrontées à des pressions immédiates sur leurs fonds propres et leurs liquidités, car la durée et la gravité de l’épidémie sont incertaines », commente Justinas Baltrusaitis.

Pour tenter de limiter les dégâts, ajoute-t-il, les institutions financières ont demandé aux régulateurs d’assouplir les exigences en matière de fonds propres. Ce qu’a fait, par exemple, l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers (US Securities and Exchange Commission), qui a accordé de manière proactive des allègements en matière d’information financière réglementaire aux entreprises affectées par la crise sanitaire.

« LES BANQUES VONT DEVOIR S’ADAPTER À LA NOUVELLE DONNE »

Dans le même temps, la plupart des grandes banques de la planète ont commencé à prendre une série de mesures pour s’adapter à la nouvelle donne, comme tester et mettre en œuvre des plans d’urgence à l’interne (avec par exemple le partage des postes de travail, le travail à domicile et une rotation par équipes des employés). En outre, elles ont profité de la pandémie pour développer à grande échelle leurs activités virtuelles afin de continuer à servir leurs clients sans risquer d’accélérer la propagation du coronavirus.

« L’innovation technologique a joué un rôle clé pour garantir la continuité des activités des banques. Certaines entreprises ont également eu recours à l’activation et à l’amélioration de solutions robotiques ou à l’intelligence artificielle. Le problème, c’est que ce changement s’est avéré coûteux pour certaines institutions qui n’étaient pas préparées à une telle crise », relève Justinas Baltrusaitis. Autrement dit, résume-t-il, « la pandémie a été l’occasion d’accélérer le passage à la banque numérique, en particulier en ce qui concerne la manipulation de l’argent liquide ».

Et il est plus que probable que cette situation perdurera une fois la crise actuelle surmontée, prévoit l’analyste : « Après la pandémie, la plupart des établissements bancaires devront s’appuyer sur la banque numérique pour maintenir leurs activités à flot. Dans ce contexte, les banques traditionnelles qui auront su s’inspirer de l’expérience de leurs homologues numériques seront mieux préparées pour affronter la concurrence. » Justinas Baltrusaitis se montre néanmoins assez pessimiste pour l’avenir, prévoyant notamment que « la plupart des banques auront du mal à générer des profits en raison de la prolongation des taux d’intérêt bas durant la crise ».

Sa conclusion? « Malgré l’avenir sombre en ce qui concerne leur rentabilité, les banques doivent commencer à définir dès maintenant leur avenir post-COVID-19. Elles devront notamment s’adapter à une nouvelle norme de clientèle, avec de nouveaux modèles commerciaux, et repenser ce qui motive la fidélité de leurs clients. »

La rédaction