Les inquiétudes des banquiers en 2022

Par La rédaction | 18 août 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’inflation, les défis d’attraction et de rétention des talents, les investissements dans les technologies et l’augmentation du fardeau réglementaire empêchent les banquiers de dormir, selon une étude américaine de Cornerstone.

L’attraction des talents est le souci numéro un évoqué par les banquiers. Cet enjeu est nommé par 67 % des répondants comparativement à 19 % en 2021. La cybersécurité arrive en deuxième position des motifs d’inquiétude pour la moitié des institutions (51 % par rapport à 28 % en 2021), tandis que le fardeau réglementaire est cité par 44 % des dirigeants contre 18 % il y a un an, selon cette étude réalisée en décembre 2021 auprès de 300 dirigeants d’institutions financières américaines.

Les dirigeants sondés oscillent entre optimisme et pessimisme. Près de 42 % se déclarent optimistes voire très optimistes, tandis que 41 % disent se situer au même niveau de confiance qu’en 2021. L’inflation et l’augmentation des taux d’intérêt, qui plombent les dépenses des consommateurs, sont les principales sources d’inquiétude pour ceux qui se disent pessimistes (19 %).

LES FINTECHS, ENNEMIES OU ALLIÉES ?

Les institutions considèrent les fintechs comme la principale menace compétitive (47 % par apport à 39 % en 2021) au cours des dix prochaines années. Les nouvelles banques mobiles, telles que Chime et Varo, sont perçues comme un danger par 33 % des répondants. Les big tech (Amazon, Google, etc.) sont de moins en moins perçues comme un danger. L’inquiétude des sondés est ainsi passée de 49 % en 2021 à 35 % en 2022.

« La banque traditionnelle est-elle morte ? Ce n’est qu’une question de temps avant que les prêts numériques entrent en vigueur et que, moyennant une réglementation adéquate, les fintechs défient les banques traditionnelles », déclare un répondant.

Dans le même temps, le pourcentage de banques qui considèrent les partenariats avec les fintechs comme une priorité pour innover a triplé, passant de 5 % en 2021 à 15 % en 2022.

NOUVEAUX PRODUITS, NOUVEAUX RISQUES

Pour se distinguer dans cet univers ultra compétitif, plus de la moitié des banques américaines prévoyaient lancer de nouveaux produits en 2022.

Trois banques sur dix veulent mettre en œuvre des paiements en temps réel, mais s’inquiètent des risques et des coûts supplémentaires engendrés par ces technologies.

Une institution financière sur dix prévoit lancer des services de négociation de cryptomonnaies en 2022. Et près du quart (23 %) des banques veulent s’y mettre en 2023, en réaction à la forte demande des clients.

Les raisons invoquées par les banques pour ne pas fournir ces capacités ne tiennent plus la route, estime Ron Shevlin, directeur de la recherche chez Cornerstone. « Les banques vont connaître un phénomène de mode lorsqu’elles verront leurs pairs prendre le train en marche. De plus, elles subiront la pression des membres du conseil d’administration qui parleront à leur équipe de direction des investissements en bitcoins de leurs petits-enfants et voudront savoir comment l’institution prévoit de réagir. »

DES TECHNOLOGIES DISPENDIEUSES

Environ un quart des banques américaines prévoient augmenter leurs dépenses technologiques de plus de 10 % en 2022.

Ces investissements visent principalement à bonifier l’expérience client, à mettre à profit les relations avec les fournisseurs de technologies et à améliorer l’efficacité opérationnelle.

Les banques comptent dépenser prioritairement dans l’infonuagique, les interfaces clients, l’apprentissage machine et les chatbots. Les systèmes numériques d’ouverture de compte figurent également en tête des projets d’amélioration.

Ces efforts ne suffisent cependant pas à combler le retard du secteur à prendre le virage numérique. Le manque de rapidité, le manque de données et le besoin de personnalisation sont les trois éléments clés où le bât blesse, selon Cornerstone.

RATTRAPER LE RETARD NUMÉRIQUE

Dans l’ensemble, 5 % des dirigeants d’institutions financières américaines déclarent avoir terminé ou presque terminé leur stratégie de transformation numérique. Près d’un tiers (35 %) estiment avoir effectué la moitié du parcours. D’ici à la fin de 2022, 11 % des banques n’auront pas lancé du tout de stratégie numérique.

« La transformation numérique a besoin d’une remise à zéro. Les institutions se font des illusions en pensant qu’elles sont plus avancées dans leurs efforts et qu’elles ont l’impact qu’elles pensent avoir », estime Ron Shevlin.

En ce qui concerne les opérations, l’accent est mis sur la croissance des revenus, les échanges de cartes de débit et les revenus de la gestion de la trésorerie commerciale, qui sont cités comme des priorités par un pourcentage croissant de banques américaines.