Les investisseurs américains ont la confiance à plat

Par Ronald McKenzie | 7 février 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le départ canon des Bourses américaines ne réussit pas à relancer la confiance des investisseurs, rapporte l’agence Bloomberg.

Même si le S&P 500 a progressé de 7 % depuis le début de l’année et de 21 % depuis la fin de 2009, le ratio cours-bénéfice de cet indice se situe actuellement à 14 fois les bénéfices. Les experts consultés par Bloomberg disent qu’il s’agit d’une aubaine. « Les investisseurs ont raison d’être inquiets, mais c’est justement dans ces moments qu’il faut mettre de l’argent dans les marchés. Nous les encourageons à le faire, mais sans succès », a indiqué un stratège de la maison new-yorkaise Federated Investors.

La volatilité des cours et les difficultés financières en Europe effraient les investisseurs américains qui semblent perdre de vue l’amélioration de la situation économique dans leur pays. En font foi les récentes données sur le chômage, à son plus bas niveau depuis février 2009, et sur la production manufacturière, qui affiche le plus fort taux de croissance en sept mois.

Scénario classique : les grandes entreprises américaines dont les actions ont perdu 20 % ou plus en 2011 sont celles qui mènent actuellement la charge boursière. Le titre de Whirlpool progresse de 26 %, celui de Genworth Financial, de 17 % et celui de Cummins, de 13 %.

Beaucoup d’investisseurs pourraient ainsi rater le train, mais, apparemment, cela ne les émeut pas. Les demandes de rachats de parts de fonds communs continuent à demeurer élevées, note Bloomberg. L’an dernier, elles se sont chiffrées à 135 milliards de dollars US, le deuxième plus haut total depuis 2008. À la Bourse de New York, le volume moyen de transactions réalisées durant 50 jours s’est établi à 838,4 millions d’actions en janvier dernier. C’est le plus bas niveau enregistré depuis 1999. Durant cette période, la valeur des actions qui ont changé de mains a reculé à 24,9 milliards de dollars US, une faiblesse jamais vue depuis 2005.

Le ralentissement de l’activité boursière et du financement d’entreprises se répercute sur les cabinets et les employés du secteur des valeurs mobilières. Ainsi, on ne compte plus que 629 518 conseillers inscrits auprès de la Financial Industry Regulatory Authority, un plancher de plus de 10 ans. Au cours des dernières semaines, trois maisons de courtage ont fermé leurs portes : WJB Capital Group (100 employés), Ticonderoga Securities (75 employés) et Kaufman Bros (40 employés). Certes, ce ne sont pas de grandes institutions, mais leur disparition est symptomatique du marasme qui frappe le marché américain des actions.

Pour Scott Minerd, ces éléments négatifs constituent un terreau fertile pour le décollage prochain des actions américaines. Quand les investisseurs en auront assez des rendements anémiques que procurent les obligations et qu’ils verront à quel point les Bourses sont bon marché, ils n’auront d’autre choix que de revenir sur le marché des actions.

« Je ne sais pas si la poussée aura lieu cette année ou l’an prochain. Mais lorsqu’elle se produira, ce sera un bull market digne d’une génération », avance avec enthousiasme le chef des placements de la firme Guggenheim Partners.

Ronald McKenzie