Les investisseurs comprennent toujours mal les frais

Par La rédaction | 20 août 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : ginasanders / 123RF

Malgré l’entrée en vigueur du Modèle de relation client-conseiller (MRCC 2), une étude montre que beaucoup d’investisseurs canadiens continuent d’ignorer le montant exact des frais qu’ils versent à leur courtier, rapporte Advisor.ca.

Publiée lundi par le Bureau des investisseurs de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO), celle-ci a été rédigée par Behavioural Insights Team (BIT), une firme spécialisée dans l’économie comportementale basée au Royaume-Uni.

Concrètement, l’étude révèle que de nombreux clients ne comprennent pas ce qu’ils paient en consultant les rapports annuels des frais exigés par le MRCC 2. Ils s’interrogent en particulier souvent sur le fait que les documents qui leur sont soumis font uniquement état des frais de courtage et n’incluent pas les coûts des produits qui leur ont été vendus. De même, la recherche constate que « la plupart » des investisseurs ne comprennent pas le concept de rémunération intégrée, comme les commissions de suivi.

UN LANGAGE SOUVENT TROP TECHNIQUE

« Les frais indirects, notamment les commissions versées aux entreprises d’investissement par les gestionnaires de fonds, créent une réelle confusion parmi les investisseurs. (…) La plupart des participants à notre étude qualitative ont difficilement saisi la relation qui existe entre les gestionnaires de fonds d’investissement et les firmes d’investissement, et donc le fonctionnement des frais indirects », indique notamment le rapport de BIT.

Les auteurs de l’étude relèvent par exemple que le langage utilisé dans la plupart des rapports d’honoraires est trop technique et que certains clients ont de la difficulté à saisir les termes de base. « Lors de nos entrevues, la quasi-totalité des participants n’avaient jamais entendu parler ou ne comprenaient pas des termes tels que “frais d’acquisition reportés” [deferred sales charge], “commissions de suivi” [trailing commissions] et “rémunération de tiers” [third-party compensation] », écrivent-ils. Même des mots comme “rémunération” et “commission” n’étaient pas clairs pour de nombreuses personnes, et ce problème « est encore aggravé par l’utilisation incohérente de la terminologie dans certaines entreprises d’investissement », ajoutent les chercheurs de BIT.

En plus de ne pas comprendre toute l’information qui figure dans les rapports annuels sur les frais, la firme soutient que beaucoup investisseurs sous-estiment probablement l’impact des coûts d’investissement divulgués dans ces documents. Pire, bon nombre d’entre eux ne disposent pas non plus de base leur permettant de déterminer si les coûts qu’ils paient sont justifiés ou non.

« AMÉLIORER L’EXPÉRIENCE DE L’INVESTISSEUR »

Le rapport propose par ailleurs une liste de 24 recommandations destinées à « améliorer la qualité de l’information au sujet des frais et la compréhension qu’en ont les investisseurs ». « Nous avons constaté qu’un simple résumé des renseignements les plus importants, accompagné d’une description plus détaillée des frais et d’une explication des raisons pour lesquelles ceux-ci ont été engagés, représentait le moyen le plus efficace d’améliorer le niveau d’information des gens », écrivent les auteurs du document. Ceux-ci ajoutent que d’autres stratégies, comme l’élaboration d’indices de référence que les investisseurs pourraient utiliser pour évaluer l’équité de leurs frais, seraient également utiles pour aider les investisseurs à mieux s’y retrouver.

La CVMO justifie sa décision d’avoir publié les conclusions de la firme BIT par le fait que son étude de recherche sur la compréhension du comportement démontre « comment un langage clair et simple et l’attention portée à la conception de l’information peuvent placer les investisseurs dans une meilleure position en vue de prendre des décisions éclairées concernant leurs finances ». Conclusion de la Commission : « Améliorer l’information peut être un moyen efficace d’améliorer l’expérience de l’investisseur. »

La rédaction