S’adapter à des marchés plus complexes

Par La rédaction | 27 mars 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
5 minutes de lecture

Même si la dynamique de croissance entamée depuis la crise financière ne devrait pas s’interrompre au cours des prochains mois, les tensions sur les marchés risquent de se multiplier, forçant les investisseurs à s’adapter à des marchés financiers plus difficiles et plus complexes.

C’est ce qu’estime Unigestion dans une analyse intitulée Survival of the fittest: adapting to complex markets (« La loi du plus fort, ou comment s’adapter à des marchés complexes ») publiée lundi.

Il est essentiel que les professionnels du secteur aient une bonne connaissance des risques alors que l’économie mondiale se rapproche probablement d’un autre cycle, estime sa dirigeante Fiona Frick.

« L’assouplissement quantitatif (QE) a radicalement modifié le profil de risque des principales catégories d’actifs traditionnelles et les prévisions en matière de risque devraient connaître d’autres changements au fur et à mesure de l’abandon de ce programme », souligne la p-dg de la firme basée à Genève.

UNE APPROCHE DIVERSIFIÉE ET DYNAMIQUE

En plus de rappeler que la volatilité est un« substitut inefficace au risque d’investissement réel », mais qu’« elle est couramment utilisée dans les modèles de gestion du risque les plus courants », la dirigeante relève que des centaines de milliards de dollars sont investis dans des stratégies informatisées qui se servent de la volatilité pour déterminer la répartition d’actif. Or, constate-t-elle, ces modèles sont susceptibles d’amplifier les corrections de marché.

Lorsqu’il s’agit de construire un portefeuille, Fiona Frick préfère donc avoir recours à une gamme plus large d’indicateurs pour évaluer les risques, notamment les pertes potentielles en capital, la liquidité, l’asymétrie et le risque extrême. Elle juge également que des chocs de corrélation se produiront plus souvent à cette étape du cycle économique en raison du durcissement des conditions de liquidité et des tensions croissantes générées par la politique monétaire des grandes banques centrales.

« La corrélation entre les actions et les obligations évoluera au fur et à mesure de la hausse des taux obligataires, qui deviendront plus attractifs que les rendements des actions », résume-t-elle.

Dans ces conditions, la p-dg d’Unigestion recommande aux investisseurs de « cibler les actifs qui bénéficieront d’un contexte de croissance, tout en tenant compte du risque inflationniste accru ». Toutefois, ajoute-t-elle, il sera « essentiel » qu’ils adoptent « une approche diversifiée et dynamique dans la mesure où les événements de tension sur les marchés devraient être plus répandus ».

INVESTIR DANS LES ACTIONS TOUT EN GÉRANT LES RISQUES

Pour avoir une approche qui soit à la fois « diversifiée, dynamique et judicieuse », un investisseur ne devra pas se contenter d’investir dans un grand nombre d’éléments d’actifs différents, mais dans de l’actif qui réagit différemment à des problèmes courants. « Une diversification au travers de primes de risque [non traditionnelles] présentant une faible corrélation avec les actifs traditionnels (…) peut améliorer le profil de rendement/risque général d’un portefeuille, plus particulièrement lorsque les actifs traditionnels semblent onéreux », détaille Fiona Frick.

Dans ce contexte, poursuit-elle, l’investisseur aura tout intérêt à avoir « la flexibilité nécessaire pour diminuer le bêta [de son] portefeuille au besoin, par le biais d’une couverture opportuniste sur les marchés des changes et des options lorsque la valorisation du risque sur le marché n’est pas alignée avec le niveau de risque réel ». De même, il peut être intéressant pour lui « de passer d’un style de gestion orienté sur le bêta à un style plus centré sur la génération d’alpha en réalisant des opérations de valeur relative ».

La p-dg d’Unigestion juge par ailleurs que les investisseurs ont tout à gagner à conserver leurs actions, mais qu’ils devront dans le même temps « gérer leur exposition au risque de manière active ». « Bien que les actions affichent historiquement des performances élevées lors des périodes de hausse de l’inflation et de durcissement des politiques monétaires, les valorisations de certains segments semblent élevées et les investisseurs devront faire preuve de plus de sélectivité concernant le risque qu’ils envisagent de prendre », justifie-t-elle.

UNE STRATÉGIE DE GESTION ACTIVE DES ACTIONS

Appliquer une approche passive de répartition aux actions n’est pas une bonne idée, soutien Fiona Frick, car l’ensemble des risques inhérents au marché, qu’ils soient bons ou mauvais, sont présents dans l’indice de référence. « Les stratégies qui reproduisent des indices pondérés en fonction de la capitalisation boursière risquent particulièrement d’être exposées à des positions excessivement plébiscitées et surévaluées. Par ailleurs, ces indices seront vulnérables en cas de chute des cours dès lors que les investisseurs commenceront à liquider leurs valeurs », explique la dirigeante.

Au contraire, insiste-t-elle, une stratégie de gestion active des actions permet à ces derniers d’« éviter potentiellement ces risques non rémunérés » tout en « tirant profit de manière plus précise du risque intentionnel et rémunéré ». « L’investissement dans les actions n’est pas protégé contre le risque de taux d’intérêt. Un durcissement monétaire étant prévu, les investisseurs devront tenir compte de la sensibilité de leur portefeuille d’actions à la dette souveraine et la protéger autant que possible par le biais d’une sélection de valeurs et d’une répartition sectorielle actives », conclut Fiona Frick.

La rédaction vous recommande :

La rédaction